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Voile!

Déjà en 2004, alors qu’ici, la question du voile islamique ne se posait pas encore, j’avais publié au Devoir un texte sur la polémique que le voile à l’école avait suscité en France. J’ai osé, alors, m’avancer d’une proposition:

http://www.ledevoir.com/non-classe/48224/agora-devoile-thon

Avec la mort de la jeune Aqsa assassinée (en Ontario) par son père et son frère pour avoir refusé de porter le voile, j’ai osé de nouveau m’avancer encore plus, toujours avec la même proposition:

http://www.lesellesdelaculture.com/parole%20libre%20au%20public/mohamed%20lotfi.htm

Et parce que je tiens à être nuancé en refusant de porter un jugement personnel sur les femmes musulmane voilées en tant que personnes, j’ai tenu à réagir à une bêtise exprimée par une grande dame féministe du Québec:

http://www.ledevoir.com/non-classe/140775/lettre-a-janette-bertrand-l-amour-avec-un-grand-b

Lors de la Commission sur le projet de loi 94, j’ai osé une autre approche:

http://www.lapresse.ca/le-soleil/opinions/points-de-vue/201005/19/01-4282011-le-projet-de-loi-94-explique-a-mon-fils.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_lire_aussi_4281705_article_POS2

Avec le débat que la charte suscite aujourd’hui, le port du voile génère de nouveau beaucoup de bruits, de confusions et d’amalgames. Une conviction obsédante est à l’origine de ce bruit: Le voile ne correspond pas à l’égalité hommes-femmes.

Apparemment, tous ces discours n’ont rien changé au phénomène du voile. Voilà pourquoi je persiste à croire qu’un geste symbolique posé par quelques femmes musulmanes voilées, libres et courageuses, pourrait redonner à ce voile un autre sens.

Si le port du voile correspond réellement à un libre choix de celles qui le portent et qu’elles n’y voient aucun manque de respect à l’égalité homme-femme, qu’est-ce qui les empêcheraient alors de le laisser tomber publiquement et libre à elles de le porter de nouveau ou le laisser tomber à jamais… ?

Je fantasme, me diriez-vous.. Non, je rêve… 🙂

Hé oui, je les invite de nouveau à poser un geste de solidarité envers les autres femmes voilées, violées, réprimées ici et ailleurs. Je les invite à poser un geste d’humanité à la mémoire de Aqsa qui a payé de sa vie d’avoir osé défier les menaces de son père et son frère. Je les invite à lancer un message clair à tout ces hommes qui portent encore aujourd’hui un regard autoritaire, voire menaçant, envers leurs femmes, leurs filles.

Je les invite surtout à poser un geste de liberté contre le piège du repli identitaire.. Un piège qui fait l’affaire des multiculturalistes, racistes, qui sous leur allure de tolérants devant l’éternel, ils en profitent honteusement pour maintenir leurs propres privilèges. Le voile n’est que l’arbre qui cache une forêt d’intérêts politico-religieux.

Devant une charte portant un message aussi contradictoire (Laïcité pour les uns , mais pas pour les autres), j’invite quelques femmes musulmanes voilées à porter une cohérence que la charte du gouvernement n’a pas eu le courage d’apporter. Soyez libres!   Combattez l’image par l’image.  Un symbole, par un autre symbole!

Quand aux intellectuels de gauche, (particulièrement certaines femmes féministes) qui affichent leur tolérance envers le voile islamique, au nom de la liberté individuelle, je les invite à considérer de la possibilité d’une lâcheté intellectuelle, de leur part, d’un manque de curiosité devant l’histoire.  Je les invite aussi à vaincre cette peur de porter un jugement personnel, sur « l’autre » trop différent de nous « autre ». Il n’est pas interdit à personne de porter un regard critique sur un phénomène social.

Il est ironique de voir la féministe Françoise David (que j’aime bien par ailleurs sur d’autres sujets), se comporter en anti-féministe en dépouillant ses femmes voilées de leur capacité d’être responsables de leurs actes. La pitié ce n’est pas un geste féministe.

Chère Françoise, est-ce possible de raisonner à l’endroit pour conclure que la vraie discrimination ne viendrait pas d’une charte de laïcité qui interdit le port des signes religieux à la fonction publique, mais plutôt de tous ces employeurs qui refusent d’engager des maghrébins de peur qu’ils multiplient leurs demandes d’accommodements. Les maghrébins du Québec payent déjà le prix d’une telle discrimination avec un taux de chômage trois fois plus élevé que la moyenne nationale.

Je t’invite Françoise à écouter le raisonnement de Monsieur Akli Arjal (de l’’Association québécoise des Nord-Africains pour la laïcité) sur la question de la discrimination à l’emploi qui touche particulièrement les nord-africains du Québec:

http://www.rcinet.ca/console.php?id=6824780&image=&locale=fr

Tu noteras en passant que beaucoup de citoyens de confession musulmane, du Québec, préfèrent être reconnus d’abord par leur statut de citoyens, pas à leur religion.

Je vois autour de ces femmes un ensemble de comportements paternalistes qui les infantilisent.  Qu’elle soit de facture multiculturaliste, féministe ou intégriste, la défense de ces femmes dans leur choix, qui relève de l’arbitraire, les confine dans leur obscurantisme. Je ne vois aucun soutien à leur émancipation dans cette démarche.

C’est quand-même ironique, de savoir que des religieux extrémistes, des multitulturalistes, des intellos de gauche et mêmes des féministes unissent leur voix pour défendre le droit au travail des femmes musulmanes voilées..  Ils crient haut et fort des slogans comme « Exclure l’exclusion ».    Ah bon…! Quel drôle de façon de s’y prendre.

Oui, je répète « Il y a, dans le fruit que le féminisme a apporté à des millions de femmes occidentales, une part de confort et de quiétude qui m’inquiète ».