Culture : Sept extra
Musique

Culture : Sept extra

Quand on considère le style roots reggae, celui-là même que Bob Marley a tant contribué à populariser de par le monde il y a une vingtaine d’années, on réalise que les formations qui ont survécu à l’épreuve du temps ne sont pas légion. Or, et peut-être est-ce par pure justice poétique, il semble que ses pionniers en soient toujours les grands ambassadeurs internationaux: Burning Spear, Mighty Diamonds et Culture viennent naturellement à l’esprit, ne serait-ce que par leur assiduité de tournées.

Pour bien saisir l’importance de Culture, une anecdote relève de la légende: en 1977, le trio vocal, à peine connu, fait paraître Two Sevens Clash, une prédiction apocalyptique inspirée de l’Ancien Testament, qui prophétise une série de cataclysmes le 7 juillet 1977 (7/7/77), «Quand les deux sept s’affrontent». Résultat: la Jamaïque d’alors, presque majoritairement rasta, est paralysée pendant vingt-quatre heures, la plupart des habitants ne se risquant même pas mettre le nez dehors. De toute évidence, on pressentit que la formation suivrait dans le sillon international des Wailers, ce qu’elle fit, mais, semble-t-il, avec beaucoup moins d’éclat. «C’est un fait: au moment de récolter les bénéfices de notre labeur, des problèmes de gérance inadéquate ont nui à notre carrière», acquiesce Joseph Hill, chanteur soliste et compositeur de la formation.

Musicalement, après avoir fait ses premières armes à l’incontournable Studio One de Coxsone Dodd, en 1972, avec le simple Behold The Land, Culture se retrouva sous l’égide de l’influent réalisateur Joe Gibbs, vers 1976, pour la réalisation du désormais classique Two Sevens Clash, puis ensuite dans le camp de Sonia Pottinger et de son ingénieur étoile Eroll Brown, sur étiquette High Note, pour l’album suivant: Harder Than the Rest. Au sujet de ce brusque changement d’équipe, Joseph expliquera que «Mme Pottinger s’impliquait beaucoup plus avec nous, on travaillait plus professionnellement; on commençait d’ailleurs à avoir une assez bonne expérience de studio.» Depuis, il s’est imposé comme réalisateur attitré du groupe et prévoit même ouvrir son propre studio bientôt. Avec bien peu de formations originales encore actives sur le circuit, Culture représente un grand volet de la culture jamaïcaine à son zénith: «C’est encore le même message, man: on prêche toujours la paix, l’amour, l’éducation, la sensibilisation…»

Les duos composés d’un chanteur et d’un D.J. (rapper) sont souvent voués au succès dans le marché jamaïcain, mais aucun ne pourra se vanter d’autant de renommée mondiale que Chaka Demus & Pliers. Avec le smash planétaire Murder She Wrote, concocté par Sly & Robbie et qui a donné naissance à la danse couramment appelée «boggle», le duo débutait une longue période de domination des palmarès, grâce à des chansons comme Tease Me, She Don’t Let Nobody, Twist & Shout (avec Jack Radics) et Every Kinda People. A vrai dire, Chaka Demus & Pliers font ce qu’on pourrait qualifier de pop jamaïcaine, aux côtés de Maxi Priest et Aswad, un genre particulier dont les Européens sont particulièrement friands. Le duo est aussi renommé pour sa prestation scénique, aussi amusante que professionnelle.

Le 3 juin
Au Medley
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