The Blues Brothers : Sang bleu
Musique

The Blues Brothers : Sang bleu

Pour la première fois en vingt ans d’existence, les Blues Brothers font escale à Montréal. Merci au RockFest. Parce que les cinquante mille dollars U.S. qu’ils demandent, aucun producteur montréalais ne se serait hasardé à les avancer dans un show payant. Trop risqué. On ne peut pas dire que l’excellente trame sonore du film Blues Brothers 2000 défonce les palmarès. On ne peut pas dire non plus que les Blues Brothers nous aient tenus en haleine ces dernières années. On peut même affirmer que Dan Ackroyd, la moitié vivante des frères bleus, et qui ne sera pas du concert, est le plus scélérat des opportunistes. Mais ce serait un jugement sévère. Les Blues Brothers sont justement intéressants parce qu’ils sont hors-circuit.

C’est avec Lou Marini que je me suis entretenu. Blue Lou, pour les habitués. Le saxophoniste ténor depuis les débuts des BB en 78. Avec Alan Rubin et Tom Malone, vous avez là une section de cuivres des ligues majeures. Invariablement, selon leur agenda, l’alternance se fait avec Tom Scott (du fameux L.A. Express) ou Ronnie Cuber (Dr.John). Le ton avenant et sans prétention, Lou Marini est fin causeur. On le comprend, il revient de Cannes, où le film a été présenté aux Européens. Grosse affaire. «La réception du film fut très bonne, mais c’est le concert qui a suivi qui a mis le feu aux poudres. Nos chanteurs Tommy McDonald et Eddie Knock on Wood Floyd (ceux qui viendront à Montréal), ont invité Sam Moore, du légendaire duo Sam & Dave; et les acteurs du film, Joe Morton, John Goodman et Dan Ackroyd ont suivi avec Cheaper to Keep Her, Looking for a Fox et Funky Nassau, cette dernière chantée par Evan Bonifant, qui a assuré la partie vocale d’Erykah Badu sur le disque! Et, point culminant, B.B. King a terminé la soirée comme seul lui peut le faire», de dire un Marini encore sur le high.

Cette formation compte dans ses rangs des noms fabuleux. A commencer par Steve Cropper, le guitariste et arrangeur de la moitié du catalogue soul des années soixante, l’homme derrière les succès d’Otis Redding, Sam & Dave, Booker T. and the MG’s, cosignataire avec Isaac Hayes de grandes chansons, et précurseur d’une époque. Un Monsieur. Il y a Donald ªDuck Dunn, qui risque toutefois d’être absent du concert, sa santé étant fragile. Et que dire de Matt Guitar Murphy, le vrai bluesman de la bande; de Leon Pendarvis, qui joue surtout avec B.B. King; la liste ne finit plus. «Je ne comprends pas, de dire Marini, pourquoi nous sommes plus populaires en Europe. Ils n’ont aucun problème à ce que Dan ne soit pas là, tandis qu’aux États-Unis, ils pensent que sans lui, le groupe est dénué d’intérêt. Je pense que nous avons prouvé le contraire. Nous avons joué dans un stade immense à Barcelone, puis au North Sea Jazz Festival et à celui de Montreux. On ne manque pas de travail en Europe.»

La feuille de route de Lou Marini est bien remplie. Avec Blood, Sweat and Tears, avec Frank Zappa, avec le Saturday Night Live Band, etc. Mon plus beau souvenir de Marini: le 31 décembre 1988 au Village Gate à New York. Pour défoncer l’année: Dr. John and his Louisiana Luminoids. Au sax ténor: Blue Lou. A un mètre de la face!

Au moment de l’entrevue, Blue Lou revenait tout juste d’un autre contrat: «Une pub pour American Express. Ils m’ont juste dit: "Lou, voici la chanson, amuse-toi."» Son année est faite.

Le 4 juin
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