Musique

Prise de son : GrimSkunk – Ze Movie!

Est-ce qu’on parle trop de GrimSkunk? Ou bien est-ce que GrimSkunk fait trop de choses et c’est la raison pour la quelle on n’arrête pas d’en parler?
Toujours est-il que le groupe indépendant montréalais vient de mettre sur le marché une vidéocassette retraçant les dix années du groupe, avec un accent mis particulièrement sur la dernière année, tant sur scène que lors de l’enregistrement de leur quatrième et plus récent compact, Fieldtrip.
La cassette dure à peu près une heure trente, et elle est composée à quatre-vingts pour cent de musique. Et dans toutes les situations: sur scène, en studio, en répétition. Ce qui donne lieu à l’une des plus belles séquences du film lorsqu’on voit les cinq joyeux lurons tenter de se comprendre sur la séquence rythmique à suivre. Ils parleraient arménien qu’on aurait exactement la même impression!
Ouvre d’Éric et Marc Carbonneau, ce film possède les mêmes qualités que le groupe: une vraie rigueur malgré le budget restreint; une totale indépendance qui n’empêche aucune qualité artistique. Filmé en différents formats, GrimSkunk – le film est surtout efficace dans son montage serré, qui ne l’est jamais pour rien. Monté comme une chanson ou un disque de GrimSkunk, le film garde rarement le même beat trop longtemps, mais n’a pas peur de laisser couler lorsqu’il le faut.
Est-ce qu’on connaît mieux GrimSkunk après avoir vu le film? Probablement pas. Mais plutôt que d’enregistrer et de mettre en marché un album en concert, le groupe montréalais a misé sur la vidéocassette. Ce qui, selon moi, s’avère un excellent choix, surtout lorsqu’elle est bien faite comme celle-là.
A noter qu’à cause des différentes réglementations de la Régie du cinéma, cette vidéocassette ne peut être distribuée à grande échelle. Vous pouvez cependant vous la procurer lors des spectacles de GrimSkunk, à L’Oblique, ou encore, dès le 13 juin, sur le site Internet de leur label: www.indica.com.

Que de déception, au Métropolis, lors du spectacle de Jonny Lang, le jeune «prodige» de la guitare électrique et du blues contemporain. Que de déception, parce que la mécanique de Lang a beau être bien huilée, le kid n’a pas de feeling. Pas une seule fois je n’ai eu le sentiment que le jeune mettait vraiment ses tripes sur la table lorsqu’il étirait ses solos de guitare, ou qu’il vivait vraiment ce qu’il chantait.
Tout au long du show, j’avais l’impression d’assister à un cours de blues 101. Les patrons rythmiques et mélodiques n’ont jamais dérogé de la base même du blues, de ce que tout groupe de blues américain doit obligatoirement faire s’il veut jouer dans la chaîne des House of Blues.
Même la voix de Lang – quand même impressionnante pour un kid de dix-sept ans – semble faite sur mesure pour le genre: juste assez éraillée, juste assez haute, juste assez basse. Ce qui est étrange, quand même, c’est qu’on sent que le p’tit gars a la «twist». Qu’il pourrait, éventuellement, réussir à faire quelque chose de bien, de vrai, de senti. Peut-être est-ce simplement une question de temps…

Et en plus, le pauvre Jonny Lang a eu la malchance de jouer après un Steve Hill particulièrement en forme ce soir-là. Hill, guitariste et chanteur originaire de Trois-Rivières, a fait exactement ce qu’il devait faire. En quarante minutes, il a démontré à tous ceux qui ne le connaissaient pas encore de quel bois il se chauffait. Et pour chauffer, il chauffait à plein: après à peine deux chansons, le démon blond était en sueur au milieu de la grande scène du Métropolis.
Du bon vieux blues de famille, bien entendu, mais inspiré, avec la pincée de rock désormais nécessaire pour satisfaire l’amateur de blues moyen. Et, vous le savez, je ne suis pas un grand spécialiste de blues (je ne m’appelle pas Claude Côté, moi…), mais j’adore vraiment la version d’I’m a King Bee de Steve Hill. J’ai parfois l’impression que ce gars-là est né pour interpréter cette chanson.

Finalement, après les avoir vus en spectacle la semaine dernière, au Cabaret, oubliez donc Esthero. Sur scène, le groupe de Toronto n’a rien à voir avec ce qu’il est sur disque, le petit côté électronica est parfois sympathique. En concert, on se croyait revenu sept ou huit ans en arrière, à l’époque où l’acid jazz triomphait.
Sauf que dans le cas d’Esthero, on va même jusqu’à un mauvais groupe d’acid jazz. Un groupe qui n’est pas capable de groover convenablement, de faire en sorte que le rythme emporte tout le monde, tant sur la scène que dans la salle. Un rappeur moins que moyen, sept musiciens tous plus ordinaires les uns que les autres, une chanteuse incapable d’étirer les notes sans le soutien de la choriste; rien, mais vraiment rien pour passer une soirée inoubliable.
Ajoutez à ça un sonorisateur qui fait entrer assez d’équipement dans le Cabaret pour remplir l’Auditorium de Verdun et qui réussit à faire un son d’une rare confusion. Ça donne quoi d’avoir tant de moyens (en fait, les moyens de la multinationale Sony…), si c’est pour aboutir à ça…