Les 50 ans des Jeunesses musicales du Canada : Le blé en herbe
Musique

Les 50 ans des Jeunesses musicales du Canada : Le blé en herbe

Les Jeunesses musicales du Canada sont tellement imbriquées dans la vie culturelle québécoise, qu’on finit presque par les oublier. Elles sont pourtant un diffuseur déterminant dans la carrière de nos jeunes interprètes.

Depuis maintenant 50 ans, les Jeunesses musicales du Canada, l’un des organismes ayant le plus fait pour diffuser la musique classique hors des grands centres, laissent leurs traces un peu partout à travers le pays; et ce, pour le plus grand bénéfice des artistes et des mélomanes. L’anniversaire de fondation des JMC (1949) revêt dans cette perspective une importance capitale, surtout en ces temps où il est, pour certains, de bon ton de parler de l’inutilité de l’art.

Le tout nouveau directeur général et artistique des JMC, l’organiste Jacques Boucher, compte sur l’occasion pour leur redonner de la visibilité. Arrivé en septembre dernier à la tête de l’organisme, le musicien a grandement participé à l’élaboration des événements entourant cet anniversaire. Dans quel esprit a-t-il pensé le programme d’activités? «J’ai voulu donner ma vision de ce que sont et de ce que doivent être les JMC, qui sont bâties sur le partenariat, explique Jacques Boucher. Le tout premier geste du fondateur, Gilles Lefebvre, a été de s’associer avec des diffuseurs, même si le mot n’existait pas à l’époque. Ensuite, les JMC sont devenues autonomes grâce à l’activité de bénévoles. Maintenant on marie les deux, c’est-à-dire qu’il y a des centres tenus entièrement par des bénévoles, et d’autres qui fonctionnent grâce à l’aide de diffuseurs.»

Le beau programme
Les activités du cinquantième sont très variées, et comprennent des associations avec de nombreux organismes actifs au sein de la vie musicale québécoise. Le tout débutait le 28 février dernier avec un concert célébrant le 70e anniversaire de naissance de Joseph Rouleau, président des JMC. Également en hommage à ce chanteur québécois de grande envergure, les JMC lançaient récemment un enregistrement concert de Boris Godounov de Moussorgski sous étiquette Riche Lieu, dans lequel Rouleau tient le rôle-titre. Coïncidence étonnante, le concert avait lieu en 1988 à l’église Saint-Jean-Baptiste, lieu où fut baptisé Gilles Lefebvre. De plus, l’actuel directeur, Jacques Boucher, est titulaire des orgues de cette importante église montréalaise…

Le 12 avril, le Dîner-encan de la Fondation JCM aura lieu au Cabaret du Casino de Montréal. Le lendemain, on inaugurera le Centre des JMC à Saint-Hyacinthe, là même où furent fondées les Jeunesses musicales en 1949. Les 4 et 5 mai, on pourra assister à un concours d’art vocal ayant pour récompense le prix Joseph-Rouleau. En juin, les Éditions Fides lanceront un livre sur les JMC, écrit par Gilles Lefebvre, à qui l’on remettra dans la même période, à l’Université Laval, un doctorat honoris causa. En juillet et août, l’Orchestre mondial des Jeunesses musicales – fondé en 1970 – partira en tournée à travers le pays. Les Montréalais pourront l’entendre lors du concert de clôture du Festival international de Lanaudière, le 1er août. De juillet à septembre, de nombreux concerts-hommages aux JMC seront donnés un peu partout: au Festival Orford, à celui du Domaine Forget, de la Maison Trestler, au Festival de musique de chambre d’Ottawa, au Festival acadien, etc. En août, le Dîner-concert de la Fondation JCM recevra entre autres Gino Quilico. Du 9 au 13 août se tiendra le Congrès mondial des Jeunesses musicales, dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Un concert en octobre à l’Université de Montréal, dirigé par Lorraine Vaillancourt, célébrera 50 ans de création aux JMC. Et finalement, le 29 novembre à Montréal et le 30 à Québec, le Concert-gala en hommage au fondateur des JMC terminera les célébrations de ce 50e anniversaire.
À travers tous ces événements, Jacques Boucher se dit particulièrement fier du concert-gala en hommage à Gilles Lefebvre. «Il est tellement plein de symboles», souligne le directeur des JCM. Mais ce dont il se dit le plus heureux, c’est de l’accroissement de visibilité qui devrait découler des activités du 50e. «Les projets vont sûrement laisser des traces, faire des petits, parce qu’ils initient des partenariats avec d’autres organismes. C’est l’esprit que je voulais donner à tout ça.» Confiant, Jacques Boucher croit être arrivé aux JCM dans une étape de développement. Le directeur et ancien réalisateur à la Chaîne culturelle de Radio-Canada considère les deux institutions où il a ouvré comme des épines dorsales de notre vie culturelle. Solides, alors, les Jeunesses musicales? «Je crois qu’il faudrait une catastrophe épouvantable pour qu’on touche à ça.»

Lamentations de la Renaissance, Huelgas-Ensemble, Paul Van Nevel (Harmonia Mundi)

Magnifique, cet enregistrement entièrement consacré à des mises en musique des Lamentations du prophète Jérémie, par des compositeurs de la Renaissance. Peu importe que la semaine sainte soit terminée, on écoute avec un extrême plaisir esthétique ces interprétations du Huelgas-Ensemble, dirigé par Paul Van Nevel, d’ouvres de Tiburtio Massaino, Robert White, Marbrianus de Orto et Roland de Lassus. Une perfection.

Retour sur le récital d’Ivo Pogorelich

C’est un récital entièrement consacré à Chopin que le pianiste Ivo Pogorelich avait choisi de présenter à la salle Pierre-Mercure les 5 et 6 avril dernier. L’événement était d’importance, et le musicien avait attiré un public nombreux. Son jeu, totalement exempt de séduction, à mille lieues des concessions souvent perpétuées par la tradition, est particulièrement difficile d’accès. Dans Chopin comme ailleurs, le pianiste décape, enlevant ce vernis que déposent, sur les ouvres connues, les habitudes d’interprétation. Reste alors l’essence de la musique, épurée, trop épurée… D’autre part, la conception du temps musical est si particulière et élastique, chez Pogorelich, qu’on en devient par moments à la fois fasciné et prodigieusement irrité. Somme toute, un récital qui faisait entendre un autre aspect de Chopin fait de glace et de métal, aux arêtes coupantes, par un très grand pianiste qui a eu, en passant, quelques moments de faiblesse.

À propos, toutes mes excuses pour l’annonce du Gala du Centre Pierre-Péladeau avec Pogorelich le mardi 6, dans laquelle j’ai omis de parler du récital «hors gala» de la veille, où les billets n’étaient pas à 200 $ mais seulement à… 75 $. À la décharge de Pogorelich et du Centre Pierre-Péladeau, mentionnons toutefois que les profits de ce premier concert allaient à la Sarajevo Charitable Foundation, dans le but de à reconstruire un hôpital à Sarajevo et d’aider la Bosnie sur le plan humanitaire.