Live à Montréal : Gros Mené
Musique

Live à Montréal : Gros Mené

Le 1er avril, au Cabaret
Imaginez une gang de gars qui jouent du rock dans un shack. Comme ils sont tout seuls au beau milieu d’un rang et qu’il n’y a personne pour se plaindre du bruit, les gars jouent fort, chantent à pleins poumons des textes parlant de ce que racontent des gars dans un shack, et se crissent bien de savoir si ce qu’ils font va servir à quelque chose ou va passer quelque part… Alors, qu’arrive-t-il lorsque ces mêmes gars montent sur la scène du Cabaret pour présenter le fruit de leur délire? Exactement la même chose! Et même si le Cabaret était bien rempli, personne ne s’est plaint du bruit ou de la vulgarité, au contraire. Et c’était pesant, croyez-moi! C’était un criss de Gros Mené et on était loin du poisson d’avril. Plus près d’un monstre du Lac, en fait…

Livrées en trio (Fred Fortin comme screamer et bassiste, Olivier Langevin comme guitariste et Michel Dufour comme batteur), les chansons de l’album Tue ce drum Pierre Bouchard gagnent en grooves cochons et baveux que les gars étirent juste pour le plaisir vicieux de nous ramoner les tympans et de nous faire vibrer le plexus. Très physique comme musique. Tout comme leur façon de jouer, d’ailleurs. Rassemblés au milieu de la scène, les trois musiciens se sont déchaînés durant tout le spectacle: Fortin en sortant la bête en lui; Dufour en cognant sur sa batterie sans ménagement; et surtout Langevin (également collaborateur de Mara Tremblay), qui s’affirme de plus en plus comme un guitariste inventif et sans merci pour son instrument. J’ai bien l’impression que le poisson qui osera s’attaquer à ce Gros Mené n’est pas encore né… (Eric Parazelli)

Elliot Smith
Le 31 mars, au Cabaret
Le Cabaret affichait complet, en ce mercredi soir, pour saluer l’arrivée d’Elliot Smith, l’un des «meilleurs songwriters américains d’aujourd’hui», si l’on en croit le magazine Les Inrockuptibles. On aurait pu s’attendre à ce que l’homme de Portland arrive discrètement, guitare acoustique en bandoulière; mais c’est en tant que membre d’un trio électrifié que Smith s’est pointé sur scène. Du coup, les pièces de XO, son magnifique dernier album, étaient toutes plus rapides, plus agressives; en bref, plus rock que ce que l’on aurait pu imaginer. Ce qui ne veut pas dire que Smith ne jouait pas de finesse, bien au contraire. Sa jolie voix, si éloignée de son physique de rocker, a distillé son charme, et, par moments, le jeu des harmonies vocales avec son bassiste faisait presque oublier l’absence des violons sur Bottle Up and Explode! ou du piano sur Waltz # 2 et Bled White.

Fidèle à l’image que l’on pouvait se faire de lui, Smith ne souffla mot de tout le spectacle, murmurant à contrecour quelques remerciements étouffés qui contrastaient avec la clarté de son chant. Ce ne fut que lors du premier rappel, qu’il effectua seul à la guitare, que l’on sentit un relâchement chez le chanteur. Souriant, le distant Elliot enjoignit alors son public, qui l’avait jusque-là suivi avec une certaine déférence, de lui soumettre quelques demandes spéciales. À entendre la pluie de titres, dont certains remontaient jusqu’à ses premiers enregistrements, on a pu constater la dévotion d’une bonne partie de l’auditoire. Les néophytes, quant à eux, s’empressèrent de rejoindre les rangs des fidèles en vidant de son contenu le comptoir à disques installé à l’entrée. Lorsqu’il reviendra (le plus tôt possible, espère-t-on), tout le monde pourra chanter avec lui. (Nicolas Tittley)

La Chanson de la semaine
Underworld Push Upstairs (V2/BMG)
Il y a de ces pièces qui ne nous laissent pas d’autre choix que de peser sur repeat dès qu’elles sont terminées. À quand une version de vingt minutes? (Eric Parazelli)