Shonna Brown : Ciel variable
Musique

Shonna Brown : Ciel variable

«Je chante tout le temps: sous la douche, dans la rue, avec la radio, c’est ma vie!» Shonna Brown n’est certainement pas la première dans cette situation, mais depuis la parution de Deluge, un premier album aux accents techno pop, la chanteuse originaire de Wolfville, en Nouvelle-Écosse, a de bonnes raisons de chanter. Installée à Montréal depuis peu, elle donnera son premier concert dans sa ville d’adoption cette semaine.

Comme c’est le cas pour la plupart des artistes qui débutent, le travail de Shonna Brown attire facilement les comparaisons. D’ailleurs, Shonna est la première à se prêter au jeu, citant d’elle-même Tori Amos (qu’elle décrit comme le summum de l’expression artistique féminine), Björk, Ani DiFranco ou encore Madonna comme influences majeures. Après quelques écoutes de son premier album, on pourrait allonger la liste et y ajouter les noms de Ruby, Alanis Morrissette, ou même Sarah MacLachlan. Si Shonna a encore du chemin à faire avant de rattrapant l’une ou l’autre de ses illustres modèles, on ne peut nier qu’elle pousse dans la bonne direction. Deluge a le charme et la fraîcheur des débuts, même si l’enthousiasme parfois trop débordant de Shonna la balance d’un style à l’autre tout au long de l’album. Entre la rage Morrissettienne d’Under My Pride, et l’abandon amoureux de Winter Street, entre les machines et les guitares, entre l’humour et la tragédie, on peut se demander où se situe la vraie Shonna Brown. À cette question, mille fois entendue, elle oppose la réponse classique: «Je n’ai pas envie d’appartenir à un groupe ou à un genre en particulier.» Tenant à raffiner ce qui est certainement le plus grand cliché de l’histoire de la musique pop, elle ajoute: «J’ai mes raisons de ne pas me limiter: comme il s’agit de mon premier album, je me suis lancée dans plusieurs genres différents de manière à trouver mon propre style, celui dans lequel je me sentirais le plus à l’aise. Mais ça correspond aussi à ma personnalité très changeante; c’est d’ailleurs ce que raconte la chanson Moody Fairy Tales.»

Conçu dans l’appartement de son collaborateur, le compositeur Tom Roscoe, Deluge a été finalisé au célèbre Studio de Morin Heights. «C’est un endroit paradisiaque: on est tellement tranquille là-bas qu’on se retrouve face à l’essentiel, et on peut se concentrer sur ce qu’on chante, affirme Shonna. Ce qui est intéressant, c’est qu’on a programmé presque toutes les musiques en ville et les voix, là-bas; même si ma musique a quelque chose de très urbain, je crois que l’air de la campagne s’y retrouve un peu.»

Malgré son jeune âge (19 ans), la Néo-Écossaise affiche une assurance toute naturelle, qu’elle doit certainement à une solide expérience acquise sur Broadway. Elle affirme avoir commencé à chanter à 6 ans. «À cet âge, je faisais des petits spectacles de variétés. Mes parents m’encourageaient beaucoup et j’ai commencé par participer à des concours amateurs jusqu’à ce qu’un professeur, Ross Thompson, me prenne sous son aile pour m’initier au chant classique. C’est avec lui que j’ai véritablement appris à chanter, mais je savais déjà que je voulais faire de la pop, pas de l’opéra.» On peut d’ailleurs entendre les résultats de cette formation classique sur Queen of the Night, une aria de Mozart à la sauce techno. Si on ne doute pas de la puissance de la voix de la dame, on peut toutefois se demander si Deluge, presque entièrement réalisé à l’aide de machines, passera bien le cap de la scène. Tout sourire, Shonna n’en doute pas. «On est quatre sur scène: il y a un tas de machines, un guitariste et un D.J. Ça nous permet de jouer dans des clubs ou des salles de spectacles traditionnelles, et ça me donne beaucoup d’espace pour bouger sur scène, car c’est là que je m’éclate vraiment.»

Le 11 mai
Au Café Campus
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