Cassius : Coupe française
Musique

Cassius : Coupe française

La scène électronique française nous présente cette semaine un de ses gros canons. Reste à voir à quelle sorte de boulets nous aurons droit cette fois…

Lors de la parution de 1999, on avait beaucoup parlé de Cassius, à peine né et déjà entré au panthéon des plus gros hype français de la décennie, aux côtés de Daft Punk et Air. Si les deux derniers ne nous ont jamais déçus (même Thomas Bangalter de Daft Punk avec le projet Stardust et son ultraludique Music Sounds Better With You), on ne peut en dire autant du premier.

Premièrement, si le choc initial de 1999 a produit, sur nous, l’effet escompté (et plus particulièrement le dévastateur single Cassius 1999), on ne peut pas dire franchement que ce compact ait usé notre lecteur, malgré l’efficacité de certaines chansons à la Feeling For You, petite bombe house qui peut transformer n’importe quel club en sauna. Deuxièmement, lors de son passage en D.J. au Printemps de Bourges, Cassius a été – soyons simplement franc, même pas dur – nul. Pour les aider, disons aussi que l’ambiance avait été oubliée au vestiaire…

Malgré ces deux accrocs majeurs, on reste convaincu que l’arrivée de Cassius est l’événement de ce Swirl 5 qui promet: outre le duo français, n’oublions pas la venue de Sasha (cinquième meilleur D.J. au monde en 98, selon D.J. Magazine), de Cut Killer (vieux routier de la scène hip-hop hexagonale), de l’infatigable Carl Craig, la performance des Québécois Luc Raymond et Laflèche (qui m’a retenu au Stade olympique jusqu’à 7 h du matin lors du dernier Cream…), ainsi que celle du groupe rap Rainmen.

L’excitation autour du passage de Cassius tient surtout au fait que le duo français, formé de Boom Bass (qui a longtemps travaillé avec MC Solaar) et Philippe Zdar (connu également pour son travail avec La Funk Mob), ne se contentera pas de jouer les disques des autres, mais nous montrera ce qu’il sait faire avec ses propres chansons, parmi les plus évidentes de ce qu’il a été convenu d’appeler la fameuse French Touch. «Il n’y a pas de French Touch, dit Zdar. Il y a une French Wave, il y a une French Scene; ça, c’est un fait: il y a plein de bons groupes qui sortent de bons disques qui viennent de France. Mais il n’y a pas de Touch. Il ne faut pas oublier que la musique que l’on fait, c’est du house qui vient de Chicago, de New York ou du break-beat, ou un mélange de tout ça, qui n’est pas spécialement français. La musique que l’on fait est complètement internationale et n’a rien de français. Cassius pourrait venir de n’importe où dans le monde. Nous faisons une musique du monde.»

Lorsque 1999 est paru, une des choses qui me semblaient assez évidentes est que Cassius devait constituer l’aboutissement de longues années d’expérimentations et de tentatives de toutes sortes pour les deux compères. Comme si, pendant toutes ces années, Boom Bass et Zdar avaient tout essayé avant de revenir à un truc assez simple: Cassius. «Tu as raison, dit Zdar, au bout du fil. Ça me fait plaisir, je n’y avais jamais réfléchi, mais je crois que lorsque tu as beaucoup d’expérience, tu vas directement à l’essentiel. On était vraiment dans une phase de simplicité, de recherche de l’essence du groove, du beat. En essayant que ce soit aussi efficace, pas que du beat pour du beat. Mais, c’est vrai, il y a moins d’artifices qu’avant.»

Si les artifices sont moins présents, ils ne sont pas moins efficaces. On les retrouve un peu partout sur 1999 dans la recherche de sonorités inédites, dans l’explosion des échantillonnages, dans l’omniprésent salissage des pistes tant rythmiques que mélodiques. «Avant, la règle générale, c’était de faire de beaux mix, avec très peu de choses qui dépassent. Maintenant, j’aime bien que les choses dépassent, que le mix soit moins "normal".»

Chose certaine, 1999 est réellement un disque de danse, pas évident à écouter en boucle en dînant à la maison… «On voulait que les gens puissent aussi bien l’écouter en voiture qu’à la maison. Danser, oui, mais pas uniquement en boîte, dans une disco. Danser également à la maison, en se brossant les dents, en se couchant, en faisant le ménage, en faisant l’amour, etc. Même si les gens s’en servent pour maigrir, je m’en fous. Je veux que les gens l’écoutent. Même si c’est le lundi matin plutôt que le samedi soir en boîte.» Tel est le principe de la Cassius-clé?

Le 23 mai
Au Stade olympique
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