Elliott Sharp : Cri primal
Musique

Elliott Sharp : Cri primal

Avec son compatriote et ami John Zorn, le guitariste et saxophoniste new-yorkais Elliott Sharp est certainement l’un des grands habitués du Festival International de Musique Actuelle de Victoriaville. Chercheur sonore tous azimuts, capable de passer du hardcore au jazz, puis aux pièces pour ensembles, ce créateur compulsif enregistre plusieurs disques par année, sous des noms et des étiquettes variés (Psycho Acoustic, l’une de ses nombreuses collaborations avec Zeena Parkins, est d’ailleurs paru sur Les Disques Victo en 1996).
Cette semaine, Sharp nous propose un programme double, avec en première partie son groupe Terraplane et, en deuxième lieu, un face-à-face avec DJ Soulslinger. Originaire du Brésil, mais établi à New York, Soulslinger est un adepte du jungle qui emprunte beaucoup aux rythmes de son pays natal, au cinéma de science-fiction, et même à la musique de Francis Lai. Quant à Terraplane, il s’agit d’un groupe à tendance blues qui ne cesse de radicaliser son approche depuis sa formation. «Il s’agit de deux concerts différents, mais il y aura des recoupements entre les deux formations, explique Sharp. Le point de rencontre entre les deux, c’est une certaine recherche du rythme moderne post-africain. À la base, il s’agit de quelque chose de très primal, partagé entre différentes facettes de la musique pop; mais la technologie transforme sans cesse notre perception du rythme: c’est pourquoi je me suis intéressé à la jungle il y a plusieurs années, et en particulier au travail de Soulslinger.»

La famille d’Elliott voulait faire de lui un scientifique, mais son passage à l’université n’aura fait qu’aviver sa passion pour la musique. D’abord animateur de radio, il s’intéresse très rapidement aux possibilités des machines et des guitares, et se dégoûte rapidement de la recherche scientifique, trop près du complexe militaro-industriel à son goût. Il garde néanmoins une approche assez scientifique de son art, parlant plus volontiers d’algorithmes et de formules que de notation musicale. Malgré des explorations parfois très formelles et très cérébrales, la musique de Sharp garde un aspect très viscéral. «Leroy Jones a déjà écrit à propos de la musique d’Ornette Coleman et de John Coltrane: "Peu importent les chemins tortueux qu’ils prennent, on discerne toujours la plainte du blues au cour de leur musique.> C’est comme ça que je vois ma musique: même dans mes projets les plus expérimentaux, j’ai toujours l’impression de faire une espèce de soul music qui demeure très proche du cour.»

Le 22 mai
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