Ron Sexsmith : Assurance-emploi
Musique

Ron Sexsmith : Assurance-emploi

Il y a de ces chanteurs qui ne chôment pas. On a l’impression qu’ils sont toujours en train de travailler, de composer, de jouer, de tourner, d’être en studio. Sinon, comment expliquer le fait que Ron Sexsmith en soit à son troisième album en seulement quatre ans? «C’est une façon de voir les choses, dit-il. Mais je peux aussi te dire que je fais un album tous les deux ans: mon premier est paru en 95, mon deuxième en 97, et le troisième en 99. C’est un rythme assez normal, non?»

Oui. Surtout que ce Whereabouts marque un léger tournant dans la carrière du chanteur qu’on a longtemps classé folk. Toujours réalisé par le tandem Mitchell Froom et Tchad Blake, Whereabouts ressemble beaucoup plus à un disque pop qu’à un album folk. «Tu as raison. Mes racines sont les Beatles, les Kinks, Elvis Costello, mais aussi Leonard Cohen ou Gordon Lightfoot. Tu vois, j’étais quand même un peu mal à l’aise lorsque j’ai reçu, il y a quelques années, le Juno pour le meilleur album folk/traditionnel. Je ne me sens pas du tout dans cette catégorie. J’ai toujours eu l’impression de faire de la musique pop.»

Voilà qui est vrai pour une certaine génération qui assimile la culture pop aux Beatles ou à Costello. Par contre, pour les plus jeunes, lorsque l’on parle de pop, ils pensent aux Backstreet Boys ou aux Spice Girls… «Vrai. Mais, comme tu t’en doutes, je n’ai vraiment pas l’impression qu’on fait le même genre de pop. Contrairement aux plus vieux groupes vocaux comme les Temptations, je crois que les groupes vocaux d’aujourd’hui sont plus préoccupés par leurs muscles que par leurs chansons.»

Revenons à Whereabouts et à la réalisation de Froom et Blake. Contrairement à ce qu’ils font depuis un certain temps, sur Whereabouts, on retrouve le même genre de son qu’ils concoctaient, il y a quelques années, pour Crowded House. On est loin des expérimentations faites avec Suzanne Vega ou les Latin Playboys. «C’est le grand talent de Froom. Ça fait trois disques que j’enregistre avec lui, et il saisit bien chacune de mes chansons. Jamais il ne m’a proposé ce genre d’expériences. Cette fois, il est cependant allé plus loin en ajoutant un orchestre à cordes. Mais c’est une vraie réalisation pop.»

Malgré toute l’affection que les critiques de la planète ont pour Ron Sexsmith, celui-ci n’a jamais été un gros vendeur de disques. Ce qui lui a récemment causé une frousse bien réelle: «Lors de la fusion Universal/PolyGram, je croyais bien faire partie de ceux qui seraient largués. Mais, à ma grande surprise, ils m’ont permis de faire un troisième album. Cela dit, j’espère toujours, un jour, avoir un vrai gros succès, histoire d’assurer un peu mes arrières…»

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