Musique

Notes : Eleni Mandell

Californienne de résidence, mais, a-t-elle déjà déclaré en riant, «juive d’Europe de l’Est, c’est pour cette raison que j’utilise tant le sol mineur», Eleni Mandell a secoué le petit monde des indépendants américains, l’an dernier, avec la parution de son premier album, Wishbone, sur le microscopique label Mr. Charles Records, ainsi nommé en l’honneur du célèbre Chuck E. Weiss, bluesman chaotique qui nous a offert un excellent disque en début d’année, qui est pote avec Tom Waits et héros de la célèbre chanson Chuck E,’s in Love, de Ricky Lee Jones.

J’écris «secoué», parce que la couverture de presse, sans être exhaustive, est surtout dithyrambique, le rédacteur en chef du magazine Pulse allant même jusqu’à déclarer Wishbone son meilleur album de l’année, devant ceux de Lucinda Williams ou de Jeff Buckley. La raison de cet emballement est compréhensible à l’écoute de Wishbone: voilà une Américaine qui prend des risques; elle pourrait se situer dans une lignée étrange d’auteurs-compositeurs-interprète qui va de Tom Waits à PJ Harvey, en passant par Rufus Wainwright. Wishbone est d’ailleurs coréalisé par Jon Brion (qui a travaillé avec Wainwright) et Brian Kehew, également membre du réputé Moog Cookbook.

Si, sur le disque, l’éclectisme est de rigueur, il en sera tout autrement pour son premier passage montréalais, alors qu’Eleni Mandell chantera en solo, sur la terrasse des Foufounes électriques, le 19 juin, en début de soirée. Après cette prestation, vos apéros ne seront probablement plus jamais les mêmes… (Laurent Saulnier)

Elana Harte
Elana Harte est ce genre de chanteuse qui vous saisit immédiatement avec sa voix. Hargneuse jusqu’au fond des tripes, son attitude rappelle la détermination et le sans-gêne d’une Melissa Etheridge. Et qui s’en plaindrait? «Au moins, c’est quelqu’un que j’aime, alors la comparaison ne me dérange pas.» Avec son deuxième album, Split – «parce que la moitié du disque est conçue en fonction d’un groupe et l’autre est plus acoustique» -, qu’elle lançait l’automne dernier, la Montréalaise, actuellement à Toronto où elle travaille ses nouvelles chansons, a pris tellement d’assurance qu’on imagine sans peine une percée réelle et dans un avenir pas si lointain.

Coproduit par Marc Pérusse et enregistré au Studio du Divan vert, Split étale en long et en large le talent d’une auteure-compositeure qui fait indéniablement penser à Ani DiFranco: «Ah, oui? C’est flatteur, mais je ne l’ai jamais entendue…» Guitare douze cordes en bandoulière, mordant avidement dans chacun des textes qu’elle écrit, Harte mélange folk et rock avec le même abandon que les deux femmes citées plus haut: «On est tous isolés, devait-elle confier. Mes chansons tendent à évoquer ce malaise de société, et même si mon univers tourne autou des femmes, je reçois des e-mail d’hommes qui affirment se retrouver dans mes histoires. Les hommes sont aussi sensibles que les femmes, c’est juste qu’ils le démontrent moins. Mes chansons sont finalement universelles», expliquait-elle dans un français impeccable. En quête d’inspiration pour son prochain album, l’ancienne coordonnatrice pour un centre de jeunes à la Ville de Montréal tâte maintenant du côté du jazz, question d’élargir un peu plus ses horizons. Au Quai des brumes, le 22 juin. (Claude Côté)

Gros Pierre, Steve Fiset, etc.
La semaine regorge de shows de club vraiment intéressants: Marjo et le Johnny Blue Band au Bistro à Jojo, les 18 et 19; Carl Tremblay avec Justin Boulet (oui, oui, le fils de Gerry), aussi au Bistro à Jojo, les 23 et 24; Jano Bergeron à L’Air du temps, le 17, etc. Mais, le plus étonnant, le plus curieux, le plus rétro et probablement le plus hors norme, parce que donné par des gens qui n’en ont plus grand-chose à foutre du showbiz en général, se déroule à la Place à côté (4571, Papineau), le 23 juin. On pourra y voir le pianiste Gros Pierre (celui-là même dont parle Charlebois dans Ordinaire), Steve Fiset (Dans ma Camaro, ça vous dit quelque chose?), et plusieurs autres. Ce que ça va donner? Honnêtement, aucune idée! (Laurent Saulnier)

Priya Thomas
La dernière fois que l’on a entendu parler de la chanteuse Priya Thomas, elle déménageait à Toronto, à la recherche du fameux contrat d’enregistrement qui lui permettrait de faire son entrée dans les ligues majeures, après plusieurs premières parties prestigieuses, allant des Neville Brothers à James. Ce qui n’est malheureusement pas encore le cas. Mais il ne faudrait pas se priver de sa trop rare présence, alors qu’elle se produira au Club Soda, le 17, avec Suspicious Looking Waiters et Mojo. (Laurent Saulnier)