Ween : À rebrousse-poil
Musique

Ween : À rebrousse-poil

Depuis leurs débuts au milieu des années 80, Dean et Gene Ween se sont fait un nom grâce à leur penchant pour les substances illicites et leur profonde irrévérence envers le bon goût et les conventions. En passant allègrement du rock psychédélique au country et au punk, en pratiquant l’humour scato sur des titres comme Help Me Scrape the Mucus Off my Brain, Waving my Dick in the Wind et Can U Taste the Waste?, Ween s’est taillé une réputation de groupe-culte dans le milieu alternatif, où il s’est aussi fait beaucoup de détracteurs. Véritables pionniers de l’exploration sonore, petits malins ou vulgaires imposteurs?

Vous pourrez en juger par vous-même, puisque Ween s’amène chez nous pour promouvoir la sortie de Paintin’ the Town Brown, un album live retraçant la carrière du duo le plus débile de New Hope, Pennsylvanie. «Attention, Ween n’a jamais fait la promotion de quoi que ce soit, on est bien trop perdus pour ça! corrige Dean Ween (alias Mickey Melchiondo), joint à sa résidence de New Hope, avant le début de la tournée. En fait, on ne songeait même pas à lancer cet album, on pensait simplement le distribuer à partir de notre site Internet, mais Elektra a démontré de l’intérêt pour le projet, alors voilà!»

Que Ween ait bénéficié de l’appui inconditionnel d’une major du disque depuis 1992 demeure l’un des grands mystères de l’univers. Que cette même compagnie de disques accepte de sortir un album live double enregistré sur cassette et contenant des pièces de 25 ou 30 minutes pleines de faux chants arabes, de hard rock et d’effets sonores bizarroïdes (sur Vallejo), ça relève de l’exploit. «Au début, ça nous a bien fait rigoler de nous retrouver sur la même étiquette de disques que les Doors, mais maintenant qu’on a fait sept disques avec eux, plus rien ne m’étonne», explique Dean.

Ceux qui ont déjà vu le délire que peut provoquer Ween en concert ne s’étonnent de rien non plus: capables du pire comme du meilleur, ces deux allumés ne laissent personne indifférent. «Durant les premières années de Ween, on ouvrait pour des artistes dont les fans n’appréciaient pas toujours notre travail. En fait, on a passé nos années formatrices à faire chier les gens, et on se nourrissait de la haine que ces gens avaient envers nous. On s’est fait une solide carapace, et on a appris que la seule chose qui compte, c’est de nous faire plaisir lorsqu’on est sur scène; si tu réussis à avoir du plaisir même sous une pluie de bouteilles de bière, le public finit par réagir positivement.»

À force de persévérance, Ween a réussi à recruter ses propres fans dévoués, mais la confrontation avec le public n’allait pas s’arrêter là. Constamment à la recherche de nouveaux moyens de déjouer les attentes, Ween lançait, en 1996, un album qui allait lui valoir les foudres de la critique et des fans. Délaissant leur approche psychédélique lo-fi, Dean et Gene se sont entourés de musiciens de studio de Nashville pour la réalisation de 12 Country Greats, un disque dont on ne savait trop s’il s’agissait d’un hommage ou d’une parodie. «On aime bien jouer avec la tête des gens, mais on ne veut pas les faire chier systématiquement, précise Dean. On a mis énormément d’efforts dans ce disque, et on nous a tellement démolis que notre armure en a pris un coup. Ce qui est étrange, c’est qu’avec le recul, on constate que 12 Country Greats est devenu l’un de nos albums les plus populaires, et tous ceux qui ont manqué le show le regrettent aujourd’hui!» Évitez-vous des regrets futurs et allez voir Ween cette semaine. Vous allez adorer ou détester, mais vous vous en souviendrez toute votre vie…

Le 24 juillet
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