Musique

Arling & Cameron : Les Hollandais volants

On vous a parlé d’eux il y a à peine quelques mois, alors qu’ils présentaient leur set de D.J. pour l’anniversaire de Brave New Waves; mais lorsqu’on a su qu’Arling & Cameron revenaient nous voir en version live, on n’a pu résister à l’envie de contacter derechef le duo hollandais. Il faut dire qu’on ne se lasse pas de se repasser en boucle leur album All In, une joyeuse anomalie musicale qu’on croirait tout droit sortie du très hip quartier Shibuya de Tokyo (Fantastic Plastic Machine, Pizzicato Five, etc.) plutôt que d’un quelconque polder.

«En fait, je crois que notre ouverture et notre éclectisme sont des traits de personnalité très néerlandais, explique Richard Cameron, D.J. et chanteur du groupe. Les Hollandais ont toujours été un peuple marchand, très ouvert sur le monde, et c’est pourquoi on se sent si à l’aise avec les Japonais, qui partagent le même esprit.»

Il n’y aura pas de Japonais sur la scène du Jello cette semaine, mais Richard et son comparse Gerry Arling (basse, guitare et voix) seront accompagnés de deux musiciens invités européens dignes de mention: dans le coin droit, le Dr Herr Jan Klug, ornithologue responsable du diaporama sur les oiseaux d’Europe (!), mais aussi saxophoniste et flûtiste; et dans le coin gauche, Fay Lovsky, chanteuse qui joue également de la scie musicale et du theremin. «Pour moi, c’est l’instrument électronique par excellence dans un contexte live, parce qu’il est imprévisible, explique Richard. Beaucoup de gens se servent du theremin pour créer des effets sonores, mais très peu de gens savent vraiment en jouer. Fay est de ceux-là: si elle peut faire chanter une scie, imagine ce qu’elle peut faire avec un theremin! Elle commence d’ailleurs le concert par une pièce de Mozart.»

Bon, vous avez des instruments étranges, un visuel délirant et une musique qui se balade entre Mozart, Morricone et Kraftwerk, avec des relents de bossa et de drum’n’bass. Vous avez dit éclectique? «Normalement, les concerts pop sont des expériences assez profanes, axées sur le plaisir. Mais nous, on vous offre plus: il y a l’aspect culturel avec la pièce de Mozart, l’aspect éducatif avec notre diaporama, et puis il y a le dessert, qui est notre prestation à proprement parler. Et dans le dessert, il y a de tout: des block rocking beats, de la pop, et même de superbes images panoramiques de la Hollande, pour que les gens puissent voir d’où on vient.»

Même à travers l’épais accent néerlandais, l’ironie est bien perceptible. Mais n’allez pas prendre Arling & Cameron pour des bouffons; malgré leur approche très ludique de la musique, pour eux, le jeu, c’est sérieux_ Le concert de cette semaine sera d’ailleurs une occasion en or de découvrir en avant-première quelques pièces de leur ambitieux nouveau projet, Music for Imaginary Films. «J’ai été très marqué par John Barry, les vieux musicals et Henry Mancini; c’est un rêve de longue date que d’écrire de la musique de films pour un orchestre, explique Gerry. Enfin, ce n’est pas tout à fait ça parce qu’on n’est pas assez riches pour se payer un orchestre complet, et parce qu’il n’y a pas de films, mais c’est encore mieux, parce que ça permet une approche plus moderne, avec une plus grande liberté de mouvement.» Modernité et liberté: deux mots qui résument à merveille l’esprit d’Arling & Cameron.

Le 6 août
Au Jello
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