Scène locale : Retour sur Guy Pharand
Musique

Scène locale : Retour sur Guy Pharand

Dimanche dernier, après le spectacle de Guy Pharand, cet ex-Défense d’Afficher et ex-Caféïne qui assume maintenant pleinement sa carrière solo, j’avoue avoir quitté la Zone Hip un peu perplexe. Car si Pharand est un guitariste émérite, un compositeur chevronné et un mélodiste hors pair, il lui manque cependant un je-ne-sais-quoi qui pourrait le faire passer à un niveau supérieur de reconnaissance. Du moins sur scène, car sur disque (comme sur son dernier album, Thérapie), sa mouture rock passe très bien le test (comme en fait foi la diffusion intensive de ses pièces sur les radios commerciales et communautaires). Mais sur les planches, le charisme fait trop souvent défaut, la nervosité est palpable entre les chansons (c’est vrai que les Francos, c’est pas le Café Chaos…) et ses choix de covers sont pour le moins douteux. Reprendre du Offenbach, à la rigueur, ça passe, mais faire une version rock de Pour un instant d’Harmonium, et une reprise d’I Lost My Baby, de Leloup, trop près de l’original, même si ça lui permet d’exposer ses racines musicales québécoises, ce n’est malheureusement rien pour le mettre en valeur. Surtout quand ses propres compositions sont assez fortes pour maintenir l’intérêt du public, même celui, plus familial, d’un festival comme les Francos. Tant que Pharand fera passer l’énergie et la démonstration technique avant la passion de jouer et de communiquer avec son public, on peut craindre le surplace. Il n’en tient qu’à lui de mieux nous faire partager son plaisir. Car il serait vraiment dommage que tout ce talent rate sa cible…

Francos: Clan Destino
La cultura mondiale, vous connaissez? C’est ainsi que la formation Clan Destino a baptisé sa musique d’inspiration gitane, reggae, et autres rythmes ensoleillés. Arrivés en octobre du Sud de la France, Xavier Vacherberg et ses deux guitaristes (Frank et Laurent) ont recruté une batteuse originaire de Lyon (Carole), et un bassiste d’origine martiniquaise et haïtienne (Michaël), pour annoncer une tournée des bars qui leur a permis de fouler une trentaine de fois les planches montréalaises. Une bonne façon de s’intégrer à la scène, et de jeter «un pont culturel entre la maudite France exiguë et hexagonale, et le pays neuf et frais qu’est le Québec libre», comme le dit lui-même Xavier sur un démo de huit chansons, dont trois ont été enregistrées live au Quai des Brumes. «Il faut dire qu’en France, il y a une ambiance réactionnaire qui ne se retrouve pas du tout ici, où les choses sont possibles si tu as le cour de les faire, m’expliquait Xavier, au lendemain d’un concert particulièrement chaud donné sur une scène extérieure secondaire des Francos. Et par rapport au public français, vous êtes beaucoup plus physiques, moins intellos. Vous avez naturellement envie de faire la fête. Depuis qu’on est arrivé, les portes se sont ouvertes des deux côtés, spontanément. Et rien que pour ça, quand je suis sur une scène, j’ai envie de chanter Le P’tit Bonheur de Félix. C’est une chanson que j’aime depuis très longtemps.» Clan Destino se produira le 6 août, aux Francos, à 19 h et 22 h, à l’est de la scène Hydro-Québec, et le 7 août, à 22 h, au même endroit. Profitez-en car après les Francos, tout ce beau monde migrera vers le sud, en Amérique latine, pour y passer l’hiver (pas fous, les mecs…). Et à moins que les Latinos (ou l’immigration…) nous les piquent, ils reviendront avec le printemps.

Yvan Vollé
Il n’y a pas que des Français qui déménagent leurs pénates à Montréal. L’auteur-compositeur-interprète Yvan Vollé, lui, est parti d’Ottawa pour tenter sa chance dans la métropole avec un album indépendant sous le bras, intitulé Triste à Paris. Bien connu dans la région de la capitale canadienne pour son précédent projet Yvan et les voyous (qui ont lancé un album en 1995 intitulé Buffet), Vollé s’est récemment entiché du piano et des cordes, des instruments qui ont grandement influencé l’élaboration de Triste à Paris, un disque qui recelle assez de bons moments pour justifier qu’on s’y attarde. C’est qu’en plus des ambiances particulières et des moments acoustiques très réussis (ce qui ne l’empêche pas de rocker à l’occasion), la voix et surtout l’accent du Franco-Ontarien né d’une mère irlandaise sont assez fascinants. Roulant ses «r» un peu à la manière du Belge flamand Arno, il a développé un phrasé singulier, reconnaissable entre mille. Avec une gueule à faire tourner les têtes, et une capacité à chanter dans les deux langues officielles (faut bien quand on vient d’Ottawa…), il se pourrait bien qu’Yvan Vollé sache tirer son épingle du jeu dans la jungle musicale montréalaise. Le 5 août, au Cabaret du Saint-Sulpice.

Francos: Daniel Simard
Dans un registre carrément chanson, le 6 août, à midi, au Complexe Desjardins, l’auteur-compositeur-interprète Daniel Simard présentera les pièces de son album, réalisé de façon indépendante, intitulé Rue St-Denis. De facture classique, dans la grande tradition de la chanson française, les compositions de Daniel Simard n’en sont pas moins riches musicalement, puisqu’il est entouré de musiciens ayant touché autant au jazz qu’au folk, au country ou au blues. De sa voix chaude (et un brin romantique) il chante ses mots simples mais bien choisis, traitant de l’amour, la vie, ses joies et surtout ses peines. Loin d’être un nouveau venu sur la scène chansonnière (il a joué un peu partout au Québec et au Nouveau-Brunswick depuis quelques années), Simard ne vise pas la modernité, mais devrait atteindre un public avide de sentiments ancrés dans le quotidien.

Week-end Adoscène
Comme chaque année depuis 1991, le Week-end Adoscène se déroulera à Laval (à l’intersection de l’autoroute 13 et du boulevard Saint-Martin), les 6, 7 et 8 août. Au programme: du camping, de l’animation, du cinéma en plein air, des sports, mais surtout de la musique. Le 6, deux groupes de la relève (le hardcore de Dysfool? et le folk-rock alternatif de Mathurin) et, en vedette principale, La Chicane. Le 7, le rock hardcore de Drifted, le soul de Marco Volcy, le rock alternatif d’Undercovers Ways, et, en vedettes principales, les formations rap Rainmen, Sans Pression, Shades of Culture et La Constellation; finalement, le 8, on aura droit au «gothique-mélodique-death métal» d’Adrastea, au melting-pot alterno-punk de Redcore (qui ont d’ailleurs obtenu leur première chance au Week-end Adoscène) et, en vedettes principales, Obliveon et Kermess.

à souligner
– La formation house Les Jardiniers seront aux Francos, dans la Zone Hip, le 7 août, à 20 h.
– Les Fanatiks offriront un hommage au défunt groupe punk français Les Shériffs, en compagnie de Capitaine Moloko, le 7 août, au Café Chaos.
– La dernière semaine de demi-finales du concours CHOM L’Esprit se déroulera au Jailhouse, le 12 août, avec les formations Santeria, Jamal’s Cool Head et la chanteuse Veronica Speedwell.