Musique

Notes : Habib Koité

Bonne nouvelle: Habib Koité revient à Montréal! Bamada, le quartette qui l’encadre sur scène, m’avait paru prometteur et déjà bien homogène au Festival d’été de Québec, en 95. Mais c’est avec leur performance à ciel ouvert aux FrancoFolies de 97 que les cinq gars de Bamako ont conquis d’un coup une foule de fans en terre québécoise. «Ce sont toujours les mêmes musiciens, m’affirme sans broncher le chanteur et guitariste à l’autre bout du fil. On en a perdu un sur la route, mais il a été remplacé par Kilitigui Diabaté, qui joue du violon et du balafon.» Puis, il pouffe d’un rire espiègle et ajoute aussitôt avec une voix pleine d’affection: «On l’appelle tonton: il n’aime pas les oignons!»

Ça fait plaisir d’entendre rigoler le patron de Bamada, surtout quand il me sort des jeux de mots sur les noms des plus célèbres dynasties mandingues. Même si la musique du groupe est pour le moins entraînante, Koité est un auteur-compositeur respecté qui a la réputation d’être très sérieux dans l’exercice de sa mission. Ses chansons observent et critiquent la société malienne et prodiguent tant de conseils à la jeunesse et à la politique africaine qu’on pourrait presque l’accuser de prêchi-prêcha, comme dans Cigarette Abana!, un pamphlet antitabac qui avait été son premier hit européen il y a quatre ou cinq ans.

«Il n’y a rien de sorcier, m’explique calmement l’intéressé. Certains titres sont des rappels à l’ordre, mais la plupart causent de choses assez simples qui nous concernent tous.» En effet, le nouvel album, Maya, un modèle du genre, regorge de ces chansons comme Maraka So et Pulaku qui évoquent ces ethnies du Mali qui ont creusé des puits, construit des dispensaires et élevé du bétail. Comme quoi il n’y a pas de sot métier…

C’est vrai que la musique malienne se distingue de toutes les autres d’Afrique centrale ou de l’Ouest par son caractère modal, son harmonie distinctive et sa vocation sociale surtout. Habib, qui me parle d’Edmonton, se rend justement à un atelier. «La chanson malienne se distingue aussi par son côté mélodique et très mélancolique, mais surtout, dans la tradition des empires mandingues, toute l’Histoire est contée dans les chansons.» En effet, les comportements humains, le rôle des mères et des sours, les guerres, le bulletin de nouvelles, tout est expliqué de manière simple et poétique dans une chanson populaire qui mêle sans fausse note le divertissement et la didactique.

Jolie musique en tout cas. Tantôt pleine d’allant, tantôt remplie de sagesse et de sérénité. Là où certaines musiques d’Afrique se mélangent volontiers au rap ou au reggae, celle de Koité demeure originale et vraiment authentique dans ses textures et ses sonorités. «Je n’ai pas besoin d’aller plus loin, je peux prendre tout autour de moi», dit-il sans prétention. Et il a raison. Une guitare acoustique qu’il utilise avec brio et un doigté propice à la kora; des guitares n’goni, la petite djéli («Ll’instrument favori des jeunes pour chanter l’amour et l’aventure»), un harmonica; des rythmes et des langues de certaines régions du Mali qu’il s’applique à mettre en valeur.

À une époque où l’exil est à la mode, Habib Koité affirme volontiers que les jeunes Africains doivent rester chez eux, prendre conscience de leur identité et préserver leur héritage culturel. Heureusement qu’il vient nous rendre visite! Si ça continue c’est nous qui repartirons avec lui dans son pays. Le 19 août, au Club Soda. (Ralph Boncy)

Ghoulunatics – Elvis Dead Story
Depuis quelques mois, la formation Ghoulunatics est en pleine effervescence: le batteur Brian Craig (ex-Eulogy) s’est joint au groupe et l’ancien guitariste Jarrod Martin (qu’on a entendu sur la cassette démo Mystralengine) a repris son poste. De plus, la compagnie Great White North Records, qui vient de signer les Ghoulunatics, veut relancer Mystralengine sur compact. «Pour l’occasion, on a décidé d’enregistrer d’autres morceaux, dont quelques-uns live, question de faire entendre aux gens le son des Ghouls, avec deux guitares et un nouveau batteur, explique le chanteur Patrick Mireault. Ça fait longtemps que j’ai envie de faire des chansons d’Elvis; quand j’en écoute, ça me met toujours de bonne humeur. De fait, le spectacle du 16 août est le moment idéal puisque c’est le vingt-deuxième anniversaire de sa mort. On a intitulé le concert Elvis Dead Story à cause du spectacle présenté au Capitole de Québec (Elvis Story), mais ça n’a rien à voir avec une parodie. Je suis sûr que si Elvis revenait à la vie, il chanterait du heavy métal!» s’exclame en riant Patrick, en ajoutant qu’il n’a pas l’intention de tenter de l’imiter. Il tient toutefois à préciser que le spectacle ne sera pas consacré au King. «On fera entre une et quatre chansons…» En lui tirant un peu les vers du nez, il confirme que l’une d’entre elles sera Can’t Help Falling In Love. Le 16 août aux Foufounes, avec Gut-Shot, de Toronto. (Christine Fortier)