Le retour des hair-bands : Cheveux d'argent
Musique

Le retour des hair-bands : Cheveux d’argent

Le new wave n’est pas la seule musique des années 80 qui revienne en force. Au cours de l’été 99, parmi les tournées les plus lucratives sur le marché américain, on retrouvait beaucoup de… hair-bands!

Les années 80 ont vu défiler toute une cohorte de groupes, communément surnommés hair-bands, et qui se spécialisaient dans le glam-rock. Si vous ne vous souvenez pas de leur musique, vous n’avez certainement pas oublié leur look: longs cheveux crêpés, maquillage à outrance, spandex plus collant qu’une seconde peau, et attitude à l’avenant. Pendant toute une décennie, ils ont régné sur les ondes et ont conquis plus d’un cour, grâce à MTV. La naissance du grunge a sonné le glas de leur règne et, pour la plupart d’entre nous, les Motlëy Crüe, Ratt, Poison, Cinderella, L.A. Guns, Slaughter, Twisted Sister, Winger, Warrant, White Lion, etc. sont tout bonnement disparus. Mais certains, dont Motlëy Crüe, Great White, Poison et Slaughter, ont poursuivi leur carrière durant toutes ces années, contre vents et marées.

Cet été, le vent a commencé à tourner en leur faveur. Nos voisins américains ont accouru aux spectacles de trois tournées, mettant en vedette: Motlëy Crüe et Scorpions; Journey et Foreigner; et Poison, Ratt, Great White et L.A. Guns. Comme si ce n’était pas suffisant pour attirer notre attention, plusieurs formations ont lancé un nouveau disque: Slaughter (Back to Reality, sur CMC), Dokken (Erase the Slate, encore sur CMC, en plus de la compilation The Very Best of Dokken, sur Electra), Styx (Brave New World, toujours sur CMC), Great White (Can’t Get There From Here, sur Portrait), Ratt (Ratt, encore sur Portrait) et Scorpions (Eye II Eye, sur Warner), pour ne nommer que ceux-là.

Peut-on parler d’un retour du glam-rock? «Personnellement, je n’appellerais pas cela un retour de la musique des années 80, commente Brian O’Neill, responsable de la promotion chez CMC International (distribué par BMG). À mon avis, le hard-rock est un phénomène qui n’est jamais disparu: il est simplement redevenu underground. On pourrait le comparer avec celui de la musique punk. Le style était très populaire dans les années 70, puis les gens disent qu’il s’est évanoui par la suite, pour resurgir avec Offspring et Green Day, au début des années 90. C’est faux. Le punk a toujours été là, c’est juste que dans les années 80, le phénomène n’était plus aussi nouveau qu’à ses débuts ou aussi vendeur qu’en 1993. C’est la même chose avec le glam-rock au cours des dernières années. Je pourrais te nommer des centaines d’albums qui sont sortis, mais dont MTV n’a jamais parlé. Cela dit, les fans ont toujours continué d’acheter le matériel de leurs groupes favoris, ou d’assister à leurs concerts», explique O’Neill. De plus, une nouvelle génération de hard-rock est en train de se tailler une place, avec les groupes Cutters et Soulmotor, tout deux, évidemment, sur CMC.

Si CMC International a flairé la bonne affaire dès 93, en signant les formations Accept, Slaughter (l’album Fear No Evil, sorti en 95, s’est retrouvé dans le Top 200 du Billboard), et, plus récemment, Dokken, un autre joueur est apparu dans la course aux vieux bolides. Il s’agit de John Kalodner, fondateur de la filiale Portrait de Columbia, mieux connu pour avoir redoré le blason d’Aerosmith en 1984, afin d’en faire la machine qu’on connaît. La décision de Kalodner de donner une seconde chance à Great White, Ratt, Cinderella, Damn Yankees et Pat Benatar n’est pas un pur acte de générosité de sa part. «Je sais que mon opinion sur le sujet n’est pas universelle, mais je crois que ces groupes ont encore beaucoup à offrir, musicalement et visuellement», affirme-t-il dans une entrevue publiée dans le magazine américain Guitar World. «Je ne sais pas si on pourra un jour expliquer pourquoi l’intérêt du public pour le hard-rock des années 80 s’est aussi rapidement évaporé.»

Toutefois, pour Kalodner, une chose est certaine: les grandes compagnies de disques ont fait une grave erreur en rejetant tous les groupes de cette époque. Brian O’Neill est du même avis. «Slaughter et Dokken ne vendent plus autant qu’avant, mais ils sont encore compétitifs, avec des ventes atteignant parfois les 500 000 copies.» Un autre aspect non négligeable, selon lui, est le fait qu’il est beaucoup plus facile de promouvoir un groupe ayant déjà des fans fidèles, de l’expérience en spectacle et en studio, qu’un groupe débutant. «Ce n’est pas facile de les vendre aux stations de radio. Néanmoins, en ce moment, le dernier Dokken est en rotation dans 120 radios à travers le pays. Et je te parle de radios commerciales. Cela dit, le regain de popularité des groupes des années 80 est surtout dû au fait qu’ils n’ont jamais cessé de donner des concerts. Le hard-rock a toujours été une affaire de tournée. Mais, plus important encore, est le fait que les groupes glam ont toujours fait ce qu’ils voulaient faire, et ce, malgré la critique. Même quand le phénomène était gros, on ridiculisait les hair-bands. Aujourd’hui, ils ne sont plus aussi populaires, mais ils continuent de faire ce qu’ils aiment.» Il ajoute que peu importe le nom qu’on donnera au phénomène du retour des groupes des années 80, il y aura toujours des gens qui voudront entendre du rock.

Mais détendez-vous, le Québec n’est pas prèst de subir leur assaut. Notamment à cause de l’absence totale d’intérêt de la part des radios (absence de promotion = faibles ventes de disques et de billets de concerts), mais aussi parce que produire un spectacle ici coûte en moyenne 45 % de plus qu’aux États-Unis (taux de change oblige…). Tous en chour: «Nothing… but a good time….» (Open Up And Say… Ahh!, Poison, 1998/Capitol)