Musique

Live à Montréal : GangStarr

Le 21 août au Spectrum
Comme prévu, l’anticipation était à son comble pour la deuxième visite de GangStarr en sol québécois, la récente compilation Full Clip nous ayant rafraîchi la mémoire des dix dernières années de manifestes sonores du duo. Guru nous le rendit bien, prenant même le soin d’accueillir avec quelques mots de français ses «french-speaking muth**f***ers»! Après une bonne entrée en matière avec le montréalais DJ Majess aux commandes musicales (Vivrant Thing, de Q-Tip, sera ÉNORME dans les prochaines semaines), le crew de Choclair, incluant Saukrates, deux des M.C. le plus en vue de la métropole canadienne, ont raté l’occasion rêvée d’impressionner un public pourtant connaisseur: prestation trop standard, trop peu de personnalité. On se demande bien ce que Virgin a entendu là.

Puis, enfin, le plat de résistance: DJ Premier, le messie des platines, apparaît sur scène. On avait rarement vu un D.J. prendre son poste avec autant d’assurance depuis, tiens, Massive Attack. Primo, comme tout le matériel sonore tient toujours sur vinyles, Premier s’amuse astucieusement avec les beats de son cru, ses scratchs aussi incisifs et précis que des lames de rasoir. Guru, full adrénaline, attaque avec Words I Manifest et met instantanément le feu dans la place. Ils égrainent à peu près tous leurs classiques dont presque toutes les plages du grandiose Moment of Truth, avec, plus tard, la participation de Freddie Foxxx, Big Shug et Hannibal ST, puis finalement de Choclair, pour qui Guru vient de réaliser un extrait pour son premier album. Avec un répertoire comme le leur, on en aurait repris toute la nuit. Mémorable. (Richard Lafrance)

Black Sabbath
Le 22 août au Centre Molson
Est-il nécessaire de préciser que la foule rassemblée dimanche pour la réunion de Black Sabbath était vendue d’avance? Qu’il y avait de l’électricité dans l’air? Je ne sais pas pour vous, mais moi, j’avais hâte de voir comment Ozzy se débrouillerait sur scène (n’est-ce pas lui, en fait, qu’on allait tous voir?). De fait, ma première pensée en le voyant trottiner jusqu’au devant de la scène, fut: Va-t-il passer à travers l’heure et demie de spectacle prévue? Eh bien, oui. Le Madman du rock’n’roll, malgré des problèmes de voix (il a des nodules sur les cordes vocales) semble encore prendre un réel plaisir sur scène. Il ne se ménage pas pour plaire à son public, le régalant de son célèbre saut de crapaud, et s’amusant comme un enfant à verser des seaux d’eau sur les agents de sécurité (et sur la foule). On ne peut pas en dire autant de Tony Iommi (guitare) et Geezer Butler (basse) qui se contentaient de jouer de leurs instruments, chacun de son côté de la scène et sans réelle interaction. Mais qu’à cela ne tienne, on était là pour entendre des classiques et c’est ce qu’on a eu: War Pigs (en ouverture), Sweet Leaf, N.I.B., Fairies Wear Boots, Electric Funeral, Iron Man, Snowblind, Black Sabbath, Children of the Grave, Paranoïd (le rappel). Si Bill Ward (batteur) a parfois tourné les coins ronds, Iommi et Butler ont fait honneur à leur réputation grâce à un jeu abrasif et lourd, loin de la mollesse de l’album Reunion (1998). Dimanche soir, l’expression «groupe-culte» prenait tout son sens: les morceaux de Black Sabbath n’ont pas pris une seule ride. (Christine Fortier)

La Chanson de la semaine
Filter Welcome to the Fold (Reprise/Warner)
Premier extrait de l’album Title of Record, cette chanson commence comme bien d’autres hymnes néo-métal en série, sauf que… Sauf que tout au long de ces sept minutes quarante, Filter démontre qu’on peut explorer le genre de façon beaucoup plus subtile. Solide et recherché. (Eric Parazelli)