Musique

Retour de son : Muzion

Le 20 août, à ExpoCité
Depuis le début de l’été, on ne cesse d’affirmer que Muzion est le groupe hip-hop québécois le plus susceptible de mettre fin au règne de Dubmatique. Cette présomption fut d’ailleurs renforcée par la grande qualité de Mentalité morne moune (ils n’ont rien compris), premier disque des Montréalais. Mais avant de sacrer un nouveau roi du rap, il faut d’abord le voir en concert…

L’entrée en scène de Muzion fut un peu brouillonne. Les quatre chanteurs semblaient particulièrement nerveux et un peu perdus sur la grande scène d’ExpoCité. Une fois le trac consommé, les voix se sont faites plus tranchantes et souvent même franchement efficaces.

De ce concert énergique, mais qui manquait de cohésion, on retient surtout la superbe performance de J. Kyll. Véritable point d’équilibre de Muzion, cette jeune rappeuse au tempérament bouillonnant est non seulement d’un magnétisme évident, mais aussi l’une des rares voix du hip-hop d’ici capables de faire passer une authentique émotion. Quand Muzion aura plus d’expérience de scène, Dubmatique aura en effet beaucoup à craindre… (A.V.)

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Yannick St-Arnaud et Térez Montcalm
Le 22 août, à ExpoCité
Pas facile de s’attacher une foule lorsque le spectacle prend l’allure d’une détente à bas prix, campé au beau milieu de mille et une attractions… Bien qu’épaulé d’un batteur, d’une bassiste et de son fidèle saxophoniste, Yannick St-Arnaud n’a pas su relever le défi. Visiblement, l’attention et l’énergie d’un public captivé manquaient au chanteur, même dans ses pièces les plus connues, où, pourtant, la magie aurait dû opérer. Les lourds arrangements, presque identiques d’une pièce à l’autre, les maintes répétitions et les développements un peu maladroits de certaines chansons n’auront certes pas contribué à susciter davantage la curiosité de la foule.

Térez Montcalm présentait pour sa part ce qui sera sans doute un de ses derniers spectacles avant de s’éclipser en studio. De quoi regretter ce futur silence: une prestation impeccable. Fougueuse, généreuse, passionnée comme elle seule sait l’être. Car il faut bien le dire, Térez Montcalm chante le jazz et le blues comme pas une. Et elle vieillit comme le bon vin. Nos oreilles en auraient bu jusqu’à plus soif de ses chuchotements, de son scat, de ses miaulements éraillés et de ses envolées vibrantes. Jazz torride, blues lascif ou grooves d’enfer, les pièces – magnifiquement rendues par le quatuor guitare, piano, contrebasse, guitare électrique – coulaient de source, siennes (Risque, Sauvage, Parle pas si fort, Nez à nez) ou visites inspirées dans des répertoires voisins (Summertime, What a Wonderful World, Le Cinéma). Un merveilleux moment. (N.H.)