Daniel Lessard : Daniel Lessard, contrebassiste
Musique

Daniel Lessard : Daniel Lessard, contrebassiste

Les surprises en jazz viennent parfois de vieux routiers qui, pour toutes sortes de raisons, sont demeurés dans l’ombre et qui, après un long cheminement, arrivent à une oeuvre d’une belle maturité. C’est un peu l’histoire de Daniel Lessard, contrebassiste depuis longtemps considéré comme l’un des meilleurs au Québec.

En 1969, il explore avec Brian Barley et Pierre Leduc les nouvelles avenues de l’avant-garde. Dans les années 70, alors que la vague du jazz-rock déferle sur la planète, il troque sa contrebasse pour la basse électrique et accompagne sur scène nos plus grands artistes de la chanson: Charlebois, Vigneault, Dufresne. Dans les années 80, la composition l’intéresse de plus en plus et il écrit un concerto pour harmonica et orchestre pour Radio-Canada. Depuis 1989, il enseigne à l’Université McGill et, depuis 1998, au Cégep de Drummondville.

Actuellement, Daniel Lessard est de plus en plus actif comme interprète et comme compositeur de jazz. Il est membre du trio Jean Beaudet et du trio Allard-Covan-Lessard (rendant hommage à Stéphane Grapelli). Mais, surtout, il a mis sur pied l’Ensemble Daniel Lessard (avec Roberto Murray au saxophone, Pierre Lafrenaye à la trompette et Pierre Béluse à la batterie) avec lequel il vient de réaliser un premier disque en carrière, presque entièrement composé de pièces personnelles, Toucher les continents. Les thèmes sont inspirés d’un regard poétique sur les gens ou sur les choses.

Au plan musical, Lessard renoue avec les audaces des premières années. La musique du quatuor est enracinée dans le cool (Pierre Béluse reste fasciné par le West Coast, pour ce goût de l’arrangement). Mais elle est surtout plus ouverte, plus actuelle. Lessard insiste sur l’influence déterminante que Don Cherry a eue sur la musique improvisée. Les compositions de Lessard deviennent un véhicule idéal pour l’expression collective des quatre musiciens. La Cérémonie de l’ours, «pièce inspirée d’un chant provenant d’une cérémonie crie des plaines canadiennes», offre un bel exemple de travail sur la texture sonore.

Rarement la critique a-t-elle été à ce point presque unanime pour saluer Toucher les continents, de l’Ensemble Daniel Lessard, comme l’un des beaux disques de jazz québécois des dernières années. Au milieu des nouveaux visages, un vieux renard musicien, sage et rusé.