Eliades Ochoa : Le maître de l'illusion
Musique

Eliades Ochoa : Le maître de l’illusion

Les astres sont bien alignés: vous ne pouvez tout simplement pas échapper à la vague cubaine, démarrée il y a maintenant trois ans avec la parution du chic Buena Vista Social Club. Depuis, Compay Segundo a lancé deux albums et est venu deux fois à Montréal; on a vu l’Afro-Cuban All-Stars; on a lancé le film Buena Vista Social Club de Wim Wenders; on a reçu le premier album solo d’Ibrahim Ferrer; et voici Eliades Ochoa, lance Sublime Ilusion, avec le célèbre El Cuarteto Patria, son premier album post-BVSC, et qui sera au Medley cette semaine.

Même s’il est enregistré à Los Angeles («Pour des questions techniques, le réalisateur et l’ingénieur du son sont basés à L.A., et c’était plus simple pour nous de nous déplacer.»), Sublime Ilusion est peut-être celui qui se rapproche le plus du BVSC. À cause de la voix d’Ochoa et son jeu de guitare, en premier lieu. Mais aussi parce que son groupe, El Cuarteto Patria, se spécialise depuis une soixantaine d’années dans l’interprétation de la musique traditionnelle cubaine, même si Ochoa vient tout juste d’avoir cinquante-deux ans.

Complexe? Non. «On m’a demandé de devenir le leader du groupe, en 1978, alors que je jouais déjà de mon côté, dit Ochoa. Si j’ai accepté, c’était à une seule condition: celle de pouvoir jouer aussi mes propres compositions, pas uniquement des chansons traditionnelles, même si c’est ce qu’on retrouve surtout sur Sublime Ilusion.»

Celui que l’on a surnommé «le bébé du Buena Vista Social Club» ne se sent pas du tout en compétition avec ses ex-confrères du BVSC, même si tous ces disques sont parus quasi simultanément. «La grande différence, c’est que j’avais déjà une carrière avant le BVSC, contrairement aux autres. Pour moi, ce n’était qu’un engagement parmi tant d’autres, et la parution de Sublime Ilusion était déjà planifiée avant même l’enregistrement du BVSC. Ça n’a pas lancé ma carrière, sauf pour le marché nord-américain. J’étais déjà bien connu dans le monde hispanophone avant cette aventure.»

«C’est pourquoi, malgré la grande mode autour de la musique cubaine en ce moment, je ne crois pas qu’elle ne soit que passagère. Cette musique existe depuis le début du siècle, et il ne manquait qu’un outil de promotion pour la faire connaître et l’exporter dans le monde entier. On ne fait que commencer à découvrir ce qu’est la musique traditionnelle cubaine. Les gens commencent à peine à faire la différence entre un son ou un bolero, par exemple.»

Et cette illusion sublime, c’est quoi? «C’est l’amour! On aimerait que ceux qui écoutent l’album ressentent ce sentiment qui entoure tout ce projet. Il y a eu beaucoup d’amour au cours de ce travail: entre nous, mais aussi l’amour de la musique. L’amour est peut-être une illusion, un rêve, mais il faut réaliser ses rêves.»

le 9 septembre
Au Medley
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