Basement Jaxx : Party de sous-sol
Musique

Basement Jaxx : Party de sous-sol

Le duo de Brixton, en Angleterre, fait danser les clubbers et saliver les critiques depuis la sortie de son album Remedy. Sauront-ils subir l’épreuve du passage de l’underground à la célébrité? Gageons que oui…

C’est bien connu, les Anglais ont toujours été maîtres dans l’art de récupérer les bonnes idées musicales pour leur donner une twist d’originalité et en faire une formule gagnante. Le dernier exemple connu est probablement le punk-garage du duo Basement Jaxx, tel qu’on peut l’entendre sur leur très réjouissant album Remedy. Quoi, vous ne connaissez pas le punk-garage? Non, ce n’est pas une autre étiquette inventée par un journaliste en manque de superlatifs. C’est même Simon Ratcliffe et Felix Burton, les deux cerveaux derrière la nouvelle sensation house britannique, qui sont à l’origine de cette appellation contrôlée. Pour faire court, disons qu’il s’agit de fusionner le son bien sale du house-garage de la Côte-Est américaine (façon Masters At Work) à l’attitude punk britannique qui permet toutes les transgressions possibles et imaginables. Sur Remedy, on croise du ragga jamaïcain (Jump N’ Shout), des guitares flamencos (Rendez-Vu), des échantillonnages ska (Same Old Show), du techno-funk à la Daft Punk (Yo-Yo, Red Alert), qui sont d’ailleurs de grands fans du duo, des influences latines (Bingo Bango), et j’en passe! Une joyeuse entreprise d’entrechocs et de télescopages qui éveille les sens et agit comme un remède efficace contre la grisaille, d’où son titre tout à fait opportun.

«C’est effectivement un remède musical qu’on propose aux gens, raconte Simon de sa maison de Brixton, dans le South London. Pendant l’enregistrement, Felix et moi, on se posait beaucoup de questions, et on était très inquiets à propos de ce que nous réservait la vie en général. On en est venus à la conclusion qu’il valait mieux ne pas trop s’en faire et simplement laisser aller les choses. Et je crois que ça s’est reflété dans des pièces comme Red Alert ou Don’t Give Up. Les gens ont tendance à trop analyser leur vie et ce qu’ils sont. Et la façon dont les médias et la publicité fonctionnent nous encourage à nous auto-analyser pour correspondre à l’image qu’ils véhiculent; et le danger, c’est de s’enliser dans un gouffre de considérations sans trouver la sortie… Parfois, c’est bien de ne pas trop penser et de simplement vivre. Et dans la club culture, il y a beaucoup de gens qui, malgré les apparences, ont des tendances dépressives. Ceux-là devraient commencer par arrêter de prendre de la drogue…»

Cette attitude lucide et positive pourrait d’ailleurs leur éviter bien des pièges au cours de la prochaine année, qui s’annonce extrêmement prometteuse si l’on se fie à la réaction unanime des médias qui ont déjà consacré Remedy «album dance de l’année», mais aussi plutôt déconcertante pour deux gars de studio plus habitués à tenir de petits partys au club du coin qu’à se retrouver sous les projecteurs aveuglants de la célébrité: «Au tout début, on était vraiment très excités par les critiques positives que récoltait l’album; on avait tellement travaillé pour en arriver là… Puis, les choses se sont emballées, et les gens autour de nous trouvaient que ça commençait à être un peu exagéré. Parce que lorsqu’un band est trop "hypé", il y a toujours le danger que ça se retourne contre lui… Et je comprends cette réaction; moi-même je ne fais pas confiance aux médias lorsqu’ils poussent trop fort, je préfère juger personnellement. Mais bon, même si ça nous a embarrassés jusqu’à un certain point, on ne peut rien y faire. Et si, à cause du buzz médiatique généralisé, des gens croient que Basement Jaxx, c’est de la merde, tant pis. L’important, pour moi et Félix, c’est de ne pas trop croire tous ces compliments, car si on tombe dans ce piège, le jour où l’on aura droit à des critiques très dures, on ne pourra pas le supporter.»

Mais il n’y a pas qu’à la médecine des médias que goûte Basement Jaxx depuis la sortie de l’album célébré; celle de l’industrie musicale aussi laisse Simon pantois: «Tu connais Spinal Tap, ce film qui est une parodie de l’industrie musicale? Eh bien, depuis un an qu’on se promène à travers le monde et qu’on rencontre tous ces gens qui travaillent dans la business, je peux te dire que ce film n’est même pas exagéré! Certains sont cool, mais les autres… Ils aiment beaucoup les superlatifs lorsqu’ils décrivent notre musique: "It’s incredible! It’s amazing!" Mais, en général, ce n’est que de la bullshit! Mais bon, on fait aussi partie de cette business, et il faut garder son sens de l’humour pour passer à travers ce cirque…»

Malgré la publicité ambiguë sur la venue de Basement Jaxx à Montréal, il s’agit bel et bien d’un set de D.J. (sans aucun doute très éclectique) auquel les deux compères nous convient, le 19 septembre, au Stéréo. Pour la version live de l’album, il faudra patienter au moins jusqu’en février. Mais avec le nombre de hits potentiels que contient Remedy, on aura de quoi prendre son mal en patience…

Le 19 septembre
Au Stéréo
Voir calendrier D.J.