Régis Rousseau : Les bons tuyaux
Musique

Régis Rousseau : Les bons tuyaux

Le Festival Orgue et Couleurs sera inauguré le 1er octobre, jour de la Fête internationale de la musique. Son maître d’ouvre, RÉGIS ROUSSEAU, raconte comment l’idée lui est venue de lancer un événement autour de cet instrument méconnu, dans Hochelaga-Maisonneuve.

Pour sa première édition, le Festival Orgue et Couleurs frappe un grand coup. Sa programmation, axée autour de l’orgue de l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, présente quelques-uns des meilleurs musiciens et des ensembles québécois les plus prestigieux. Difficile de croire que l’événement n’a été mis sur pied qu’au mois de juillet dernier…

Régis Rousseau, initiateur et coordonnateur du Festival, titulaire du magnifique orgue Casavant qui pare le quartier de ses «couleurs» destinées à l’esthétique symphonique française, avoue sans fausse pudeur que le projet était ambitieux. Depuis quelques années, le musicien organise des séries de concerts estivaux afin de mieux faire connaître cet instrument. C’est donc ce grand Casavant, construit au début du siècle et considéré à l’époque comme le chef-d’ouvre de la maison de Saint-Hyacinthe _ ainsi que comme le sixième au monde en importance _, qui a donné à Régis Rousseau l’idée du Festival. «Il y a cinq ans, quand je suis arrivé à Très-Saint-Nom-de-Jésus, aucun organiste ne voulait du poste, parce qu’il est dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Mais quand on a inauguré la restauration de l’instrument, au printemps dernier, tout le milieu montréalais de l’orgue a convenu que c’était un véritable bijou.»

Cordes sensibles
Le milieu de l’orgue, admet Régis Rousseau, est plutôt à part dans le monde musical. Spécialistes et grands musiciens s’y côtoient, mais les mélomanes, eux, ne courent pas les récitals et les tribunes d’orgue sont souvent le refuge d’interprètes dont l’art n’est pas connu du grand public. Le coordonnateur du Festival Orgue et Couleurs souhaite remédier à cette situation. «J’essayais déjà, depuis un moment, de démystifier l’instrument par des concerts et des ateliers où les gens viennent à la tribune. Quand on voit jouer un organiste, c’est toujours impressionnant. Ce qu’on veut, cette fois, c’est intégrer l’orgue dans un festival de musique, le marier avec d’autres instruments.»

Les musiciens sollicités, bien que surpris par l’ampleur de l’entreprise et cette idée d’une rencontre avec le plus gros des instruments, ont réagi positivement à l’invitation du Festival. «Notre directeur, Pierre Larivière, est très convaincant», souligne Régis Rousseau avec admiration. Parmi ceux qui ont répondu à l’appel, mentionnons les organistes Philippe Lefebvre, titulaire de l’orgue de Notre-Dame de Paris, l’organiste québécois bien connu Bernard Lagacé, l’Orchestre Métropolitain, le Quatuor Molinari, I Musici de Montréal, l’ensemble Pentaèdre, le tromboniste Alain Trudel, le Trio Bari-Hammer-Moisan, les ondistes Jean Laurendeau et Geneviève Grenier, le Studio de musique ancienne de Montréal, La Nef, les ensembles Anonymus, Strada et Claude-Gervaise, etc. Étonnant, non?

«Pour bâtir nos soirées, indique le coordonnateur de l’événement, nous avons fait appel à plusieurs musiciens implantés dans le quartier, comme La Nef et le Quatuor Molinari, parce que ça nous semble important de revivifier Hochelaga-Maisonneuve, un peu laissé pour compte dans les activités culturelles à Montréal. Par ailleurs, nous avons profité de la Tournée dans l’île de l’Orchestre Métropolitain, qui joue la Neuvième Symphonie de Beethoven. Avec un tel concert, on est certain que l’église sera pleine. Nous avons également voulu créer des rencontres inusitées, comme celle de Bernard Lagacé avec la chorégraphe Dominique Porte.» Une autre de ces surprenantes rencontres sera celle des ondes Martenot et de l’orgue, puisque le «Non-festival d’ondes Martenot 1999» – surnommé ainsi par dépit de n’avoir pu obtenir de subventions pour la valorisation de cet instrument au timbre si particulier – s’est lui aussi associé à cette fête musicale d’automne.

Le Festival est constitué de plusieurs séries, dont certaines sont gratuites. Les concerts payants sont quant à eux accessibles au modeste coût de 10 $, ce qui est presque un cadeau dans la conjoncture actuelle. Les «Concerts du soir», donnés à 20 h – à l’exception de la soirée médiévale du 3 octobre, qui débutera à 19 h 15 -, auront tous lieu sur la scène principale de l’événement, à l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus. Des «Rencontres-conférences» gratuites précéderont certains de ces concerts (19 h). La série «Les Matins qui chantent» porte bien son nom puisqu’elle aura lieu le matin et qu’on y entendra chanter, les 1er et 7 octobre à 10 h 30, à Très-Saint-Nom-de-Jésus. Les «Midis à la carte», quant à eux, agrémenteront l’heure du lunch ces mêmes jours et au même endroit. Quelques «Après-midi musicaux», dont certains pour toute la famille, seront présentés gratuitement au Château Dufresne et à l’église Saint-Clément, à 14 h, les 2, 3, 9 et 10. Et finalement, puisqu’on n’a négligé aucune partie de la journée, «Les Soirées au Château» accueilleront les couche-tard au Château Dufresne, à 22 h 30, les 8, 9 et 10 octobre. Les billets sont en vente à l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, 4215, rue Adam, près du métro Pie-IX, du lundi au vendredi, de 9 h à 17 h.

Du 1er au 11 octobre
Renseignements et réservations: (514) 899-0644
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