Claude Lamothe : Le cru des hauts
Musique

Claude Lamothe : Le cru des hauts

Depuis la sortie de Cru, son deuxième album qui fait suite à Nu, paru en 1996, le violoncelliste Claude Lamothe n’a pas chômé une seconde. Constat plus qu’évident lors de ma visite au studio où il a établi ses quartiers: en regardant toutes les feuilles de repérages-temps de l’émission Bouscotte, scotchées derrière sa chaise de travail, on réalise que l’homme de scène exubérant peut se muer en un rat de laboratoire introspectif et discipliné. Ses indicatifs et thèmes pour la télévision, «l’argent du beurre», comme il dit, sont plus en demande que jamais. On l’a surtout connu grâce au film Eldorado, de Charles Binamé, mais Claude Lamothe était déjà (et est toujours) un musicien rompu aux traditions classiques, aux ensembles modernes; bref, l’exploration de Lamothe, même lorsqu’elle n’est pas électrique, est aussi présente sous d’autres adresses. C’est bien simple, son archet ne dérougit plus.

«Tu sais, tourner en province, ce n’est pas évident. Tu compétitionnes avec quatorze humoristes, sept chanteurs… pis Les Grands Explorateurs, observe Lamothe, dans un fou rire. Mais les gens ont aimé ça partout. Alors, ça devrait bien aller.» Lamothe, vous avez compris, prépare sa rentrée: «C’est un show plus difficile à transporter à cause des éclairages, entre autres. Ça va coûter encore plus cher!»

«Avant, mes amis me disaient: "Claude, tu bouges trop sur scène." Alors, je me suis mis à m’exercer devant le miroir pour observer mes mouvements, mais à un moment donné, ou bien c’était le violoncelle qui prenait le bord de la fenêtre, ou bien c’était le miroir! Moi, c’est la musique qui m’intéresse. J’écoute le son, je travaille avec le son. Le violoncelle, c’est une voix. Si ça a l’air flyé, moi, y a rien à faire, je joue de même. C’est drôle, mais ça m’a pris du temps en maudit avant d’être à l’aise sur une scène. À l’école, lors des examens, je perdais tous mes moyens. C’est une question de concentration, pis un coup que tu l’as, tu reprends confiance en toi-même. Mais lors de la première, je vais être nerveux, c’est sûr.»
Il a pris bien soin de souligner l’inestimable contribution de Jacques Roy, son bassiste-arrangeur, celui qui, avec le batteur Marc Bonneau, complète le power trio: «Il est plus qu’un bassiste, toutes les commandes que j’ai, on les réalise ensemble. Moi, ça ne me tente plus d’accompagner tout un chacun, je veux faire mes propres affaires, même si, récemment, j’ai accepté de collaborer avec Diane Dufresne et David Usher (Moist).»

«En fait, Cru est un contrepoids au premier disque; mais, en spectacle, c’est moitié-moitié. J’avais besoin de mettre ces pièces-là sur disque puis de passer à autre chose. Si ça a pris trois ans, c’est que Nu a suscité plein de commandes, et ma production personnelle a pris le bord. Peut-être que la balance penche plus du côté power, c’est vrai. Mais il y a aussi (les superbes) Ode à la lune et Roméo et Juliette, pis des pièces pour orchestre de violoncelles. En concert, on va ajouter des échantillonnages pour augmenter l’impact des trois violoncelles (Lamothe, Guy Trudeau et Sheila Hannigan). Quand on enregistre des overdubs de violoncelles en studio, je remplis les pistes. Au Studio Victor, l’ingénieur n’avait jamais vu ça!»

«C’est sûr qu’Eldorado m’a donné un break parce qu’avant, j’étais surtout un interprète classique spécialisé en musique du vingtième siècle. C’était contemporain pis trash en même temps. Mais l’intérêt avait commencé avant: le Polliwog, la musique de la pièce de théâtre Albertine, en cinq temps, une tournée en Europe, etc. Mais, confiait-il songeur, tout peut tomber.» Pas sûr du tout.

Les 27 et 28 octobre
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