Andy Stochansky : La vie qui bat
Musique

Andy Stochansky : La vie qui bat

Andy Stochansky, qui a passé sept ans de sa vie comme batteur de la grande prêtresse folk-punk Ani DiFranco, est aussi un multi-instrumentiste de talent, doublé d’un auteur-compositeur-interprète singulier, et son plus récent disque, Radio Fusebox, est un vrai bijou.

En deux mots, voici la petite histoire: Andy Stochansky a passé sept ans de sa vie comme batteur de la grande prêtresse folk-punk Ani DiFranco, et les fans de la dame vous diront à quel point sa présence sur scène était extraordinaire. Durant sa carrière aux côtés de la chanteuse, Andy a traversé les continents; il a découvert les joies de produire de la musique de manière indépendante; il a été invité à jouer avec les Indigo Girls et Jonathan Richman; et il a même acquis le statut de Lesbian Avenger honoraire (c’est une longue histoire).

Voilà. Maintenant, vous pouvez oublier ce qui précède pour vous concentrer sur l’essentiel: Andy Stochansky est aussi un multi-instrumentiste de talent, doublé d’un auteur-compositeur-interprète singulier, et son plus récent disque, Radio Fusebox, est un vrai bijou. L’homme possède une voix tellement naturelle, personnelle et essentielle, serait-on tenté d’ajouter, qu’on se demande comment il a pu rester si longtemps dans l’ombre de quelqu’un d’autre. Pas que son organe soit époustouflant (bien qu’on l’ait souvent, et exagérément, comparé à Jeff Buckley), mais parce que son approche musicale est aux antipodes du bruit ambiant. «J’en avais assez de la musique qui m’entourait, de la scène en général, et je me suis dit que plutôt que d’attendre de trouver la musique qui m’intéressait, j’allais la faire moi-même. Je sais, je me demande pourquoi j’ai mis si longtemps à le réaliser. Peut-être que j’étais un peu flemmard, ou que j’avais peur. Je n’en sais rien, mais je suis content que ça m’arrive maintenant», explique Andy.

Depuis sa parution en septembre dernier, Radio Fusebox a reçu d’innombrables accolades de la part de la critique, tombée sous le charme de cet assemblage subtil de rythmes (naturels, virtuels ou trafiqués) et de poésie décalée, étoffé par quelques touches aussi hétéroclites qu’originales (orgue, tablas, saxos, choeurs d’enfants). «En fait, c’est toujours la mélodie qui arrive en premier. J’ai beau être batteur de métier, mon premier instrument, c’est le piano, raconte Andy. Et puis il y a la voix; pour moi, c’est un instrument exceptionnel: je me laisse aller, je m’abandonne au son, et je m’occupe des paroles après.»

Malgré tout, les percussions demeurent au centre de son oeuvre: au début de Fly, le premier morceau de l’album, on croirait entendre une troupe de percussionnistes de Bahia. Ailleurs, les percussions évoquent tantôt les tambours amérindiens, tantôt les tam-tams africains. «En fait, c’est tout simplement moi qui tape sur un baril en acier et quatre ou cinq vieux lavabos.» Malheureusement pour nous, c’est le genre d’instruments qui se transportent plutôt mal. «J’ai toujours le baril avec moi, mais pour le reste, on essaie de compenser. Peut-être que si je deviens vraiment très populaire, je traînerai mes lavabos avec moi; en attendant, je trouverais un peu exagéré d’avoir auprès des salles de spectacles où je me produis des exigences du genre: >Je voudrais une bouteille de Jack Daniel’s et cinq vieux éviers.<»

Avec ou sans éviers, Andy poursuit son chemin, joyeusement installé dans la marge. La seule chose qui le motive, c’est la quête de l’inédit. «J’adore découvrir des nouveaux trucs. Lorsque j’avais dix-sept ou dix-huit ans, je passais mes nuits éveillé à écouter Brave New Waves. Je pense que cette émission de radio est ce qui est arrivé de mieux dans ce pays ces dix dernières années.»

Être dichotomique s’il en est, Andy se plaît à citer ses influences par paires, évoquant du même souffle Stravinski et Duke Ellington, le Rollins Band et les Nouvelles polyphonies corses («l’un de mes cinq disques préférés au monde», affirme Andy).

«Je suis comme ça: je peux aussi bien triper sur Randy Newman que sur le dernier Autechre. Je ne comprends pas les gens du milieu folk qui crachent sur l’électronica, pas plus que le contraire, d’ailleurs. Il y a tellement de choses à retenir de tous les courants musicaux. J’ai l’impression que je vais passer le reste de ma vie à apprendre, et c’est ce qui me garde en vie.»

Le 4 février
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