Tom Walsh/N.O.M.A. : Chaise musicale
Musique

Tom Walsh/N.O.M.A. : Chaise musicale

Walsh a recruté des musiciens locaux (François Chauvette à la batterie, remplacé cette semaine par Tom Gossage, Alan Bakulis et Norman Guilbeault à la basse, Guy Kaye à la guitare, qui sont venus rejoindre les vétérans Tanguay et Wiens) afin de reformer N.O.M.A., qui remonte ces jours-ci sur les planches du théâtre La Chapelle pour jouer et improviser autour des trames jazz-funky de Walsh.

«Celui-là n’est plus là, celui-ci est parti, cet autre a été remplacé… Finalement, je ne crois pas que cette photo soit très à jour.» Attablé dans un resto du boulevard Saint-Laurent, le tromboniste Tom Walsh contemple une photo de son groupe, N.O.M.A., prise au début des années quatre-vingt-dix. Des neuf musiciens qui composaient le groupe original, seuls le batteur Pierre Tanguay et le guitariste Rainer Wiens ont résisté. En 1992, N.O.M.A. avait créé toute une impression dans les milieux canadiens du jazz, de la musique actuelle et même de la pop, et ce groupe inclassable (imaginez: deux guitaristes, trois batteurs, deux claviéristes, un bassiste et un tromboniste!) semblait promu à un brillant avenir.

«Je suis très fidèle à quiconque accepte de mettre de l’énergie dans mon projet, explique Walsh, en retraçant les origines du groupe. N.O.M.A. a commencé à Toronto avec quelques musiciens de Montréal, et lorsque je suis venu m’installer ici, il était hors de question que j’abandonne les musiciens torontois; il me fallait donc trouver des moyens pour réunir tous ces gens en répétition, ce qui était absolument infernal.» Faute de subventions adéquates, le groupe s’est presque dissous à la veille d’une importante tournée européenne (le Conseil des Arts avait alors préféré subventionner une tournée de l’Orchestre symphonique de Montréal en Chine). Lassé de la chasse perpétuelle aux subventions et des problèmes logistiques inhérents à tout groupe séparé entre deux villes, il renonce à son projet. «Vers 1993, j’ai décidé de faire la grève. No N.O.M.A.

Mais Walsh n’avait pas rangé son trombone et il est vite devenu un pilier de la scène actuelle de Montréal, jouant et enregistrant aux côtés des Derome, Lussier, Tanguay et autres. Walsh fut également l’un des pionniers de la scène acid jazz de Montréal, et a fait quelques incursions dans le monde de la pop (on peut notamment l’entendre sur l’album de Bran Van 3000 et il a aussi fondé un groupe appelé Royal Jelly). «Après un moment, j’ai commencé à me sentir mal dans le rôle de mercenaire: j’étais payé par des leaders comme Derome et Lussier, et j’avais envie de revenir à l’avant avec un projet qui soit le mien.»

Walsh a donc recruté des musiciens locaux (François Chauvette à la batterie, remplacé cette semaine par Tom Gossage, Alan Bakulis et Norman Guilbeault à la basse, Guy Kaye à la guitare, qui sont venus rejoindre les vétérans Tanguay et Wiens) afin de reformer N.O.M.A., qui remonte ces jours-ci sur les planches du théâtre La Chapelle pour jouer et improviser autour des trames jazz-funky de Walsh, dont l’univers musical a souvent été décrit comme une sorte de croisement entre Ellington et Zappa. «C’est une version un peu différente du groupe, puisque les instruments ont changé, mais ça reste fidèle à l’esprit originel. Les partitions de N.O.M.A. sont une sorte de synthèse modulaire. J’écris des mélodies ou des riffs qui sont interchangeables et jouables par tous les instruments. Sur scène, j’agis comme un mixeur, qui amène tel ou tel instrument à l’avant selon son humeur. C’est pour ça que je dis souvent qu’on a préfiguré la culture D.J.; sur scène, je mixe des instruments live.»

À voir la liste des participants, on serait tenté de classer ce spectacle dans la catégorie musique actuelle; mais Walsh se voit toujours à la tête d’un groupe pop, capable de plaire au plus grand nombre. «On n’est pas là pour se regarder le nombril, lance-t-il. Je me souviens d’une émission de télé dans laquelle Tim Robbins parlait d’un prof de théâtre qui l’avait marqué. La leçon de cet homme était simple: imagine que les gens qui sont dans la salle ont marché dix kilomètres dans une tempête de neige et qu’ils ont dépensé leurs derniers dollars pour te voir. Lorsque tu montes sur scène, il faut toujours garder ça en tête.»

Les 2, 3 et 4 mars
Au Théâtre La Chapelle
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