Musique

Live à Montréal : Kid Koala

Unexpect/Ontos On
le 24 février au Café Campus

La formation black métal Ontos On lançai_t un album jeudi dernier; mais malheureusement, Sombre Chaotic Entrance n’était pas disponible pour l’occasion. Cela dit, on a tout de même eu un aperçu des morceaux que ce groupe sombre et théâtral a concoctés; et, bien que je n’aime pas beaucoup ce style musical aux voix grinçantes et aux ambiances funestes, j’admets qu’Ontos On offre des pièces solides et intéressantes, qui ont toutefois tendance à s’éterniser. D’ailleurs, leur performance gagnerait beaucoup en intensité si les membres du groupe daignaient bouger un peu sur scène. Ils pourraient prendre exemple sur Unexpect qui, s’ils semblaient avoir les pieds plantés dans le béton en début de prestation, se sont vite laissés aller au rythme de leur musique pour offrir justement un spectacle intense, vivant et passionné, à l’image des morceaux de leur premier disque intitulé Utopia. Une mention toute spéciale à Elda, qui assume son rôle de chanteuse à la voix mélodique avec de plus en plus d’aisance et d’aplomb d’un concert à l’autre. Même les difficultés techniques et autres – le son était beaucoup trop fort, on n’entendait pas assez les voix, enterrées par les guitares, et l’arrivée impromptue sur la scène d’un hurluberlu qui s’est installé tranquillement au micro, tellement qu’on avait l’impression que ça faisait partie du spectacle – ne sont pas parvenues à freiner l’entrain d’Unexpect qui n’avait pas lésiné sur l’ambiance théâtrale qu’implique leur univers onirique. Une très bonne prestation de la part d’un groupe plein de promesses. (Christine Fortier)

Kid Koala
le 25 février au Lion d’or
Lorsqu’on lui a remis le trophée du meilleur D.J. scratch, lors de la récente cérémonie des MIMI, Eric «Kid Koala» San, un peu mal à l’aise, s’est demandé pourquoi on le récompensait, puisqu’il n’était pas le meilleur. Il a tout à fait raison: à l’occasion de son lancement au Lion d’or vendredi dernie, Koala a laissé ses collègues P-Love et A-Trak nous prouver pourquoi ils furent tous les deux lauréats du DMC Mixing Championship. Lorsque les trois ont croisé le fer lors d’une séance de freestyle, Eric se contentait de mettre ses copains en valeur, tissant les trames et laissant les autres prendre les solos. Si Kid Koala impressionne, ce n’est pas parce qu’il peut scratcher avec les dents ou faire un crab avec les orteils, mais parce qu’il possède un sens musical auquel bien de ses contemporains sont étrangers. Ses beats ne sont jamais simplistes et l’étendue de ses influences musicales nous garde toujours sur le qui-vive (un type qui arrive à intégrer à son beat la déconstruction d’un disque de Genesis des années 80 mérite mon admiration).
Accompagné des membres de Bullfrog, le groupe funk au sein duquel il a vraiment développé son talent, notre marsupial préféré n’a jamais perdu le groove. Il ne s’agissait pas vraiment d’une présentation en règle des pièces de Carpal Tunnel Syndrome (certaines d’entre elles sont trop complexes pour être reproduites sur scène, à moins de disposer de douze platines et d’autant de mains), mais d’une sorte de jam amical où personne n’a perdu pied. À la veille de son départ vers l’Europe, le Kid n’a pas déçu les fans montréalais, qui ont rempli à craquer le Lion d’or. On ne peut rêver d’un meilleur ambassadeur. (Nicolas Tittley)

Raekwon
le 26 février Au Sona
Pour les fidèles du Wu Tang Clan, la visite à Montréal de l’un de ses plus prestigieux M.C. s’avère un (trop) rare plaisir, malgré la courte distance qui nous sépare. Le Chef Raekwon, visiblement tout fier d’avoir franchi les douanes, se devait donc de bien représenter le mythique collectif, ce qu’il fit admirablement, accompagné du trio American Cream Team, mais en mode «fast forward», livrant une prestation d’à peine quarante minutes, incluant l’intro de son crew. On se serait cru sur une patinoire municipale, par un beau samedi matin, lorsque Raekwon e ses amis apparurent vêtus de chandails du Canadien et des Maple Leafs. Alors que le D.J. du Cream Team se limitait à faire tourner les beats préenregistrés sur vinyle, ses deux rappers démontrèrent une bonne maîtrise du micro et de la scène ainsi qu’une coordination remarquable. Après une dizaine de minutes, le petit M.C. trapu fit une entrée remarquée avec C.R.E.A.M., hymne Wu par excellence. Puis, dédiant sa prestation à Big Pun, décédé il y a deux semaines, et à ses «niggas» de Montréal, il emprunta la trame de Still Dre pour l’un des courts mais nombreux moments forts de la session. Suivirent quelques bons extraits du nouvel album Immobilarity, comme Yae Yo et l’énergique Live From New York. Pour Ice Cream, extrait du désormais classique Only Built 4 Cuban Linx…, une vingtaine de demoiselles montèrent sur scène pour danser derrière les gilets rouges et bleus. Je ne voudrais pas paraître ingrat, messieurs les producteurs, mais pour trente dollars la tête, on aurait pu facilement rajouter au programme des représentants de l’underground du 514/450. Tiens, pourquoi pas le crew de 4 In Da Morning, que Raekwon a salué dès son entrée sur scène? (Richard Lafrance)

2 Hot 2 Handle
Le 28 Février au Café Campus
Alors, ce fameux 2 Hot? Côté ambiance, on se serait cru à un spectacle de têtes d’affiche américaines. Bondé d’adeptes et de curieux, le Café Campus nous a rendu témoins d’un rassemblement comme on n’en a rarement vu. Majoritairement constitué d’inconditionnels du hip-hop, le public a eu droit à une bonne session de rap intensif, présentant quelques-unes des meilleures formations de la scène locale. Chacun des artistes y a laissé sa marque, à commencer par S’katriçe, qui a ouvert le bal sur une note historique. Ont suivi la formation Division blindée, ainsi que Spyder, qui n’a pas hésité avant d’inoculer à la foule ses textes venimeux et provocateurs. Mentionnons également le jeune KasheemLa gente féminine a été à l’honneur, notamment avec le groupe Fléo et avec Mickey Style, qui nous ont servi des performances de qualité. Moushia, la Mary J. Blidge montréalaise, s’est toutefois démarquée du lot. Dotée d’une présence aussi puissante que sa voix, elle a réussi a envoûter jusqu’aux plus sceptiques, en solo, de même qu’en duo avec un membre de l’étonnante formation Bad News Brown.
Les formations Eaux 2 Mély, X-Horde et South Squad ont choisi, pour leur part, de casser la baraque en s’armant d’une armada presque aussi nombreuse que le Wu Tang Clan. Une soirée enivrante qui, somme toute, laissait transparaître de bonnes vibrations, sans problèmes de sons ou autres difficultés techniques. Dommage qu’elle se soit terminée de manière aussi abrupte. Avant qu’on puisse voir o1 Étranjj, L’Xtremist et Vulguerre, le SPCUM avait fait évacuer les lieux de manière plutôt… irritante. (Rose-Laure Météllus)