Musique

Retour de son : Laurence Jalbert et Dan Bigras

Laurence Jalbert et Dan Bigras

Le 25 février, Au Cabaret du Capitole
Laurence Jalbert et Dan Bigras achevaient leur tournée conjointe au Cabaret du Capitole. Un peu de repos et de recul à prendre de chaque côté, semble-t-il. À en juger par le chaud accueil que le public leur a réservé, les deux artistes laisseront un vide. Mais pas de vide ce soir-là, ni dans la foule ni sur la scène, que des émotions, parfois si fortes qu’on se sentait à l’étroit. La version émouvante de Encore et encore, qui aura su arracher plus d’une larme en est sans doute le meilleur exemple. Or, si l’émotion était souvent poussée à son paroxysme, les deux artistes n’évitaient pas toujours le piège de l’excès: la complicité qui nous donnait de belles versions savamment imbriquées l’une dans l’autre de Tue-moi et de Au nom de la raison se muait parfois en duels de voix plus ou moins agréables dans d’autres pièces, comme durant la reprise d’Amazing Grace; c’était alors tout juste si on pouvait encore discerner les mots qu’ils chantaient. Ceci ne suffirait toutefois pas à ternir la performance de ces deux artistes, qui, en laissant de côté tout artifice, ont su livrer l’essence même de leurs chansons.

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Daniel Boucher

Le 26 février, à l’Anglicane
C’était soir de première pour Daniel Boucher et ses complices. Bien rusé qui l’eut remarqué, car le jeune artiste, en pleine possession de ses moyens, a présenté un spectacle qui semblait rodé depuis des mois. Il enchaînait ses chansons avec un malin plaisir, développant une complicité tant avec les spectateurs, aussi nombreux que chaleureux, qu’avec ses musiciens. Boucher a livré Dix mille matins dans son ensemble, des pièces au contour rugueux qui n’avaient que plus d’impact sur scène, complétant le tout par quelques interprétations et quelques pièces qui n’avaient pas trouvé refuge sur l’album. Le Chant du patriote de Félix Leclerc s’est trouvé une nouvelle vie, à travers une reprise insirée où la voix de Boucher se faisait impressionnante, tout comme deux pièces de Charlebois, dont un segment de Fu Man Chu inclus à même Boules à mites. On pourrait bien lui reprocher ses maintes références à Charlebois, mais ce serait là remontrances inutiles: Boucher a su prouver hors de tout doute qu’il est l’un des artistes québécois les plus intéressants de l’heure, tant sur scène qu’en studio.