Suicide Machines : Detroit d'esprit
Musique

Suicide Machines : Detroit d’esprit

Si leur pop-punk peut parfois rappeler celui de certains groupes californiens, les gars de Suicide Machines ne peuvent échapper à leurs origines, et l’influence de Detroit est encore perceptible sur leur plus récent disque éponyme.

C’est à son domicile de Detroit, Michigan, que nous avons rejoint Dan Lukacinsky, guitariste des Suicide Machines, qui s’apprêtait à prendre la route quelques jours plus tard. Ne serait-ce qu’à l’accent, on aurait pu deviner qu’on parlait à un natif de _Motor City, U.S.A.; en fait, on a cru un instant discuter avec Iggy Pop…
Si leur pop-punk peut parfois rappeler celui de certains groupes californiens, les gars de Suicide Machines ne peuvent échapper à leurs origines, et l’influence de la triste cité industrielle est encore perceptible sur leur plus récent disque éponyme. «Detroit est une ville de cols bleus; les gens y sont très sympathiques mais l’ambiance qu’on y retrouve est bien loin de celle de L.A.», confirme le guitariste.
En grattant un peu, on arrive à trouver des références à la ville dans leurs chansons. Sur The Fade Away, par exemple, on peut entendre: «We’re living in the shadows of this town’s old ghosts» («Nous vivons à l’ombre des vieux fantômes de cette ville»). Doit-on y voir une référence aux illustres ancêtres du punk que furent les MC5 et les Stooges? «Je ne sais ce que Jason (Navarro, chanteur) voulait dire exactement avec ce texte, mais il est clair qu’à Detroit, l’influence des MC5 et des Stooges est très palpable. Le son qu’ils ont contribué à créer est encore bien vivant; mais c’est surtout une question d’attitude: ces types-là étaient punks avant la lettre!» Dan n’était même pas né lorsque les MC5 ont enregistré le légendaire Kick Out the Jams, mais il évoque avec une certaine émotion l’incident qui avait opposé le groupe à une chaîne de magasins à cause de la présence du mot «motherfucker» sur le disque. Plus de trente ans après, on ne s’offusque plus aussi facilement, mais les Suicide Machines ont accouché d’une pièce qui pourrait aussi leur valoir d’être à leur tour bannis des Wal-Mart de leur région. Avec son refrain on ne peu plus direct («I hate everything – Fuck You!»), l’hilarante et ironique I Hate Everything ne risquepas de devenir la pièce préférée des puritains. «It’s just a silly song, really», lance Dan. Une chanson idiote, soit, mais avec son refrain rappé, il s’agit certainement de l’un des moments les plus punchés de ce nouveau disque, qui passe de la pop orchestrale des années soixante (arrangements de cordes et tout!) au ska-punk de leurs débuts (Sincerity) et se paie des détours vers le hardcore brutal (Reasons). Quant au premier extrait, I Don’t Mind, il se distingue non seulement par son riff de guitare accrocheur, mais par son texte pour le moins étonnant. De mémoire de chroniqueur, on ne se souvient pas d’avoir entendu une aussi belle déclaration d’amour à… un chien! «J’adore cette chanson, parce qu’on ne comprend pas vraiment de quoi il s’agit avant le troisième couplet et qu’elle peut avoir l’air de parler d’une fille, explique Dan. C’est tout à fait nous: on a l’habitude de mélanger le sérieux et le ridicule, la pop et les trucs hard; et c’est ce que j’adore dans ce groupe.» C’est aussi pourquoi on aime bien les Suicide Machines: parce qu’ils nous offrent un peu plus de variété que la majorité des groupes pop-punk ou ska-punk qui pullulent en ce moment. «On n’a jamais revendiqué cette étiquette ska-punk qu’on nous avait collée, et on ne l’a jamais aimée non plus. Il y a quelques années, en 96-97, c’était le gros truc à la mode et on s’est retrouvés là-dedans, comme si on avait choisi d’en faire partie. En fait, on est très satisfaits de n’appartenir à aucune scène en particulier, parce que ça nous permet de jouer avec un tas de groupes pour des gens très différents.» _

Le 7 mars
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