Virginia Rodrigues : Vierge de Bahia
Musique

Virginia Rodrigues : Vierge de Bahia

Virginia Rodrigues est la nouvelle madone de Salvador de Bahia. Faisant suite à Sol Negro qui l’a révélée au monde entier, son tout nouveau disque, Nos, est une magnifique collection de chansons carnavalesques, classiques et populaires du Nord-Est brésilien.

Virginia Rodrigues

est la nouvelle madone de Salvador de Bahia. Lorsque je la joins par téléphone dans sa chambre d’hôtel à Rio de Janeiro (quelques centaines de kilomètres plus au sud), malgré son calme et sa voix posée, je la sens déjà rêveuse et loin de chez elle. Le débit de son timbre magnifique évoque ses débuts avec une certaine retenue; une espèce de dignité toute naturelle mais teintée de mélancolie. Il est évident que Virginia n’aime pas trop parler d’elle-même. Elle représente les gens de Salvador, incarne leur vécu, leur foi. Malgré tous les éloges qui déferlent à son sujet (on a même écrit qu’elle avait «changé le visage des musiques du monde»), cette authentique femme du Brésil n’a rien d’une diva du showbiz et se retient de verser dans le misérabilisme. «J’ai eu une enfance très pauvre et très simple. Je n’avais pas de jouets mais je m’amusais avec tous les objets que je trouvais. À douze ans, je me réveillais de bonne heure. Je travaillais comme manucure ou comme cuisinière. On n’avait pas de télé ni de chaîne stéréo. Juste une petite radio à travers laquelle j’ai cru découvrir le monde entier.»
Fille d’une vendeuse du marché Sao Joaquim (saint Joachim), Virginia a trouvé refuge vers dix-huit ans dans les églises catholiques et protestantes. Sa voix céleste s’élevait sous les voûtes saintes et la lumière descendait sur la chorale. Mais le syncrétisme étant ce qu’il est, elle vibrait aussi en chantant la macumba et les dieux nègres de la mère Afrique dont Bahia est le point d’entrée en Amérique du Sud. D’ailleurs, c’est lors d’une répétition du Théâtre Olodum que Gaetano Veloso la découvrit, stupéfait. «Tout est question de spiritualité. Il ne s’agit pas juste du candomblé, qui, en passant, n’est pas une religion exclusivement noire ou brésilienne car il compte de plus en plus d’adeptes à travers le monde; mais si tu cherches en toi, si tu laisses parler ton âme, tu peux changer, aider, te guérir toi-même.»
C’est avec six musiciens acoustiques de son terroir que Virgina Rodrigues (on prononce Ro-drri-guèch) accomplit en ce moment sa deuxième petite tournée mondiale. Faisant suite à Sol Negro qui l’a révélée au monde entier, son tout nouveau disque, Nos («Nous», parlant de nous autres, les Noirs de Bahia), est une magnifique collection de chansons
carnavalesques, classiques et populaires du Nord-Est brésilien, répertoriée par Veloso et orchestrée par Celo Fonseca. Sa première date canadienne, à Montréal, est un rendez-vous
pieux où l’on se rendra comme à la messe, afin de se purifier l’âme.

Le 6 avril
Au Centre Pierre-Péladeau
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