Montréal Live : DaranEminem
Musique

Montréal Live : DaranEminem

Daran
Le 20 avril au Cabaret
On espérait assister à un bon concert. On ne croyait jamais avoir droit à une célébration. Le plus étonnant est que cette reconquête a d’abord opéré à partir des chansons d’Augustin et Anita, un album, on vous l’a déjà dit, très solide, mais en vente depuis fort peu de temps. À l’image du compact, Daran a donc amorcé le bal avec Quelque chose en moi, suivie de Boxeur, pour ensuite poursuivre avec une version plus légère et funky d’Olivia, tirée de Huit barré. Trois chansons, et déjà les sourires se multipliaient. On savait dès lors que les heures qui suivraient seraient touchées par la grâce. L’intro ratée de Violence zéro et la trop grande réverbération de la voix sur L’Eau ont eu beau nous chatouiller un tantinet, on ne perdait rien pour attendre.
De ce concert, on retiendra que Daran est venu nous chambouler de tous les côtés. D’abord intimement avec des versions vulnérables et émouvantes d’Oublie tout et de J’aime (une à la suite de l’autre); puis violemment via le tandem Déménagé et Augustin et Anita. Ce dernier doublé, servi sans un seul souffle de répit, n’était pas sans nous rappeler l’énergie qui nous avait ensorcelés lors de la première apparition de Daran aux Foufounes électriques, il y a plusieurs années déjà.
On vous passe le reste. Sachez simplement qu’on cause ici d’un sans-faute, que la foule, même après quatre pièces en rappel, en a redemandé, laissant Daran à court de ressources chansonnières… À la toute fin, pendant Trente-cinq Ans à Moscou, l’artiste a fait le serment de revenir cet été; gageons qu’intérieurement, les cinq cents personnes présentes ont fait de même. Immense.

Eminem
Le 21 avril au CEPSUM
Trois mille cinq cents fanatiques de hip-hop s’étaient rassemblés pour la première vraie apparition du rappeur Eminem (Slim Shady pour les intimes) à Montréal. Apparemment pas vraiment convaincant lors de son passage avec la tournée punk Warped Tour, l’anticipation était à son combl alors que le blondinet M.C. du Michigan apparut finalement sur scène et se mit à déverser son fiel en compagnie de son partenaire Proof et de DJ Head. En défilant le matériel de son album multi-platine The Slim Shady LP et des extraits de Dr. Dre: 2001, Slim arpentait de long en large la longue scène; grimpant souvent sur les colonnes, gardant son gigantesque garde du corps en mouvement, à dix pieds derrière lui, épiant le moindre de ses gestes. Il a évoqué sans détour et à l’aide d’un mannequin gonflable les faveurs qu’il aimerait obtenir de Christina Aguillera, au grand plaisir des spectateurs. En l’observant, on se rendait vite à la conclusion que le bonhomme transcende le mode hip-hop et que son imagination délirante, qui emprunte à la fois à la BD et au roman noir, devrait l’amener encore plus loin. En lever de rideau, le collectif montréalais Obscure Disorder a bien fait, accompagné du renommé A-Trak, étonnamment coi derrière ses tables tournantes jusqu’à la dernière pièce de leur prestation. Les vétérans Shades of Culture ont réussi, malgré le poids des années, à surprendre par leur énergie et leur professionnalisme avec ce qui semblait être du nouveau matériel; puis Muzion prit d’assaut l’assemblée, qui réagit joyeusement en fin de segment à La Vie ti-nèg: prestation impeccable, bien montée, matériel solide. Respect, Muzion. Finalement, on eut droit à une prestation correcte quoiqu’un peu trop conventionnelle du duo The High & Mighty, en remplacement de Pharoahe Monch qu’on espère toujours voir interpréter la meurtrière Simon Says à Montréal cet été, possiblement en compagnie de Common et De La Soul…