Ween : Mai épicé
Musique

Ween : Mai épicé

Du calypso de Bananas and Blow au hardcore de Stroker Ace, en passant par le psychédélisme d’ascenseur d’Ice Castles et le raffinement kitsch de Flutes of Chi, WEEN s’étale dans toutes les directions. Mais au-delà de son éclatement, White Pepper (synthèse du White Album et de Sergeant Pepper?) est probablement le disque le plus pop de l’histoire du groupe.

C’était en juillet dernier. Les Foufs étaient bondées de mordus venus applaudir les fils prodigues de New Hope, Pennsylvanie, mieux connus sous le nom de Ween. L’ambiance était à la fête, la bière et la sueur coulaient à flots, et le groupe s’échauffait à peine; on savait déjà que Dean et Gene Ween étaient partis pour l’un de leurs marathons musicaux. Puis, ce fut le silence… La direction du club, fidèle à une politique horaire très stricte, «tirait la plogue» sur l’un des concerts les plus divertissants de l’année.

Malgré sa bonne humeur, Mickey Melchiondo, alias Dean Ween, grince encore des dents lorsqu’on lui rappelle ce coït interrompu. «Tu sais, on est habitués à jouer trois ou quatre heures d’affilée, alors le show commençait à peine pour nous», relate-t-il, quelques heures avant le premier concert de la nouvelle tournée, quelque part dans le Maine. «Lorsque tu pars en tournée, tu atteins un moment magique où toutes les pièces du puzzle s’imbriquent parfaitement. Tous les musiciens jouent d’une seule voix et le groupe ressemble à un véritable rouleau compresseur. Lorsqu’on est arrivés à Montréal, on savait que c’était le bon soir…»

Aussitôt cette tournée achevée, Dean et Gene sont entrés en studio avec leurs musiciens de scène (il s’agit du même groupe depuis quatre ans, un record dans l’histoire de Ween), sans même prendre le temps de respirer. Les nouvelles pièces ayant été rodées sur scène, le groupe est passé à l’enregistrement de son nouvel album en sachant clairement où il s’en allait. Réalisée avec des moyens extraordinaires (selon les standards du groupe, s’entend), leur plus récente galette a de quoi surprendre, même de la part d’une formation qui nous a habitués à l’inattendu (du punk rock primaire au country, peu de styles leur ont échappé au fil des ans). Encore une fois, le dynamique duo oscille avec humour entre les styles: du calypso de Bananas and Blow au hardcore de Stroker Ace, en passant par le psychédélisme d’ascenseur d’Ice Castles et le raffinement kitsch de Flutes of Chi, Ween s’étale dans toutes les directions. Mais, au-delà de son éclatement, White Pepper (synthèse du White Album et de Sergeant Pepper?) est probablement le disque le plus pop de l’histoire du groupe. «Je suis content que ça paraisse, puisque c’était le concept, explique Dean. En fait, au-delà de la pop, l’important, c’est le soin qu’on a mis à réaliser ce disque. On a travaillé sur la finition, en prenant le temps de peaufiner, d’ajouter des détails; si on voulait du Mellotron, de la flûte ou du E-Bow, on en ajoutait. Rien n’était impossible.»

À enveloppe plus propre, contenu plus sage: dans leur fiche biographique, on annonce fièrement qu’il s’agit du premier album de Ween exempt du mot «fuck», ce qui n’a pas empêché le fameux autocollant «Parental Advisory» de se retrouver en couverture. «Tu sais pourquoi ils ont mis ce foutu sticker? Parce que je dis «blow» (cocaïne, en slang) dans la chanson. Putain, c’est juste une histoire; ce n’est pas comme si j’incitais les gens à sniffer!»

Que ceux qui furent frustrés par leur dernier passage se rassurent: Ween a une dette envers le public montréalais, qui devrait s’attendre à quatre heures de franche déconnade, de jokes scatos et de solos débiles. Un programme qui pourrait irriter certains néophytes, ce qui fait sourire d’avance notre ami Dean. «On a toujours eu ce petit côté antagoniste, ça fait partie de la personnalité de Ween. Même que les fans qui nous connaissent bien adorent voir les gens quitter la salle avant la fin, parce qu’ils savent que c’est là que le vrai fun commence.»

Le 7 mai
Au Club Soda

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