Erik Truffaz : Le choix des armes
Musique

Erik Truffaz : Le choix des armes

Même s’il n’utilise aucune artillerie électronique, le quartette du trompettiste français Erik Truffaz possède néanmoins une sensibilité évidente pour le groove et les structures que l’on retrouve habituellement dans les musiques d’origine numérique. Nous avons assisté en avant-première à ce qui risque d’être l’une des plus belles découvertes que les festivaliers du FIJM feront lorsqu’ils déambuleront devant la scène située rue Jeanne-Mance, les 29 et 30 juin prochains.

Le 18 juin dernier, le quartette du trompettiste français Erik Truffaz, accompagné du rapper Nya, offrait une performance au Festival de jazz de La Défense, en banlieue de Paris. Comme nous étions de passage dans la Ville lumière pour couvrir la portion parisienne du Montréal Électronique Groove (voir Scène locale), on ne s’est pas fait prier pour assister, en avant-première, à ce qui risque d’être l’une des plus belles découvertes que les festivaliers du FIJM feront lorsqu’ils déambuleront devant la scène située rue Jeanne-Mance, les 29 et 30 juin prochains.
Pour Truffaz, ce concert à La Défense n’était qu’un juste retour d’ascenseur envers ce concours de formations jazz qui l’avait couronné d’un Prix spécial du jury en 1993. Cette fois, c’est lui qui allait jouer en attendant que le jury délibère (pour ceux que ça intéresse, c’est le groupe Le Sacre du Tympan qui l’a emporté). Première observation: parmi la foule bigarrée qui s’était déplacée sur l’esplanade, on pouvait remarquer quelques têtes que l’on aurait normalement aperçues en club ou dans les raves. Normal, puisque l’homme, même s’il n’utilise aucune artillerie électronique, possède néanmoins une sensibilité évidente pour le groove et les structures que l’on retrouve habituellement dans les musiques d’origine numérique. Par exemple, sur son plus récent album, Bending New Corners (sur étiquette Blue Note), au moins deux morceaux (More et Less) s’apparentent à une forme de drum’n’bass acoustique pas piquée des vers.
Si les motifs et structures du jazz peuvent préparer l’esprit à comprendre un set de techno et vice-versa, un concert de Truffaz peut donc plaire autant aux fanas de jazz que d’électronica, pour peu que l’esprit de l’auditeur possède un minimum d’ouverture. Et même les âmes hip-hop pourront y trouver leur compte, puisque Nya, qui partage ses allées et venues entre les États-Unis et la Suisse, pratique une forme de spoken word (le dub poetry) qui amène la riche mixture jazz du quartette (trompette, basse, batterie et claviers) dans des envolées "ganjaesques". Et si la majorité des compositions sont assez calmes (culminant parfois dans des montées intenses mais jamais cacophoniques), il reste que le concert donné à Paris s’est terminé dans la fête la plus totale, la foule entonnant en choeur une mélodie groovy, le sourire accroché au visage. Et il y a fort à parier que le scénario se répétera à Montréal…

Les 29 et 30 juin
Scène Bleue Dry, 22 h
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