Marcio Faraco : Le chemin des écoliers
Musique

Marcio Faraco : Le chemin des écoliers

Le Brésil de Marcio Faraco est très divers: noir africain, indien et européen; on retrouve donc plusieurs tendances, plusieurs couleurs qui se mélangent comme de l’aquarelle sur sa palette. À cause du rythme langoureux de certaines musiques du Nord-Est, dans lesquelles a baigné son enfance, pour la douceur et l’élégance de ses chansons ciselées, beaucoup veulent d’ailleurs voir en lui un parfait émule de Caetano Veloso. Mais Faraco s’en défend bien…

On prononce bien "Mâârcio", en traînant sur le "a". C’est le prénom de mon interlocuteur brésilien, que je joins au téléphone, à Paris. Pas une once de stress, ni de vanité, dans la voix du musicien qui parle un français impeccable, mais teinté d’un grand sourire tropical. Flatteur, il trouve même que j’ai l’accent de Bahia! "J’ai fait le chemin le plus long", commente-t-il en rigolant, question d’expliquer son itinéraire musical et l’enregistrement de son album Ciranda, un disque longuement mûri, mais enregistré loin de chez lui et enfin paru en France, cette année, sur la grosse étiquette Universal.
C’est que, Faraco, le guitariste, a d’abord parcouru de long en large cet immense pays aux diverses facettes. "Mon père était ingénieur civil dans l’armée: il faisait des ponts. À cause de ça, on déménageait dans une nouvelle ville chaque fois qu’il y avait une inondation!" Le petit Marcio apprend donc tout par osmose, sans rien programmer. "En fait, le Brésil, c’est d’abord ma langue. Et c’est mon pays; c’est là que j’ai tout appris." Un Brésil très divers, noir africain, indien et européen, où l’on retrouve donc plusieurs tendances, plusieurs couleurs qui se mélangent comme de l’aquarelle sur la palette de Marcio. À cause du rythme langoureux de certaines musiques du Nord-Est, dans lesquelles a baigné son enfance, pour la douceur et l’élégance de ses chansons ciselées, beaucoup veulent d’ailleurs voir en lui un parfait émule de Caetano Veloso. Mais Faraco s’en défend bien: "Je l’admire pour sa musicalité, mais il écrit d’une manière différente de la mienne. C’est d’abord un extraordinaire poète, mais aussi un artiste absolu et un mélodiste magnifique. Moi, je suis plus un musicien accroché à son instrument. La musique vient d’abord, et je travaille mes textes après, de manière, disons, plus "discoursive"."
Mais puisqu’à chaque musicien il faut un modèle ou un parrain, le sien sera Chico Buarque. "C’est quelqu’un qui m’a fait réaliser que faire des chansons, c’était une profession sérieuse et de première importance. Je ne pouvais pas faire de la merde, je ne pouvais pas faire autrement, je ne pouvais même pas inventer une musique qui ne soit pas venue de là-bas."
Démonstration à Montréal, avec quintette acoustique composé de vieux compagnons de route et d’un Français, Patrice Larose, que le groupe considère comme "un Brésilien né à Caen". Au programme: des chansons pleines de tendresse et d’humour, ce qui n’exclut pas quelques sarcasmes comme dans A dor na escala Richter ("La douleur sur l’échelle de Richter"), qui parle de la banalisation de l’information. Gageons que le courant va passer le plus naturellement du monde. "Je parle beaucoup avec le public, termine Marcio. Je suis comme chez moi. Je ne suis pas une star qui danse comme Michael Jackson. Je suis juste un musicien, un compositeur dans son salon. Si tu me poses une question, je réponds." On le croit sur parole.

Le 7 juillet
Au Club Soda
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