Burning Spear : Le feu sacré
Musique

Burning Spear : Le feu sacré

"Les Jamaïcains ne veulent plus rien savoir du mouvement culturel roots; par contre, il a pris une ampleur incroyable en Asie, en Europe, et particulièrement… aux États-Unis", affirme sans équivoque Winston Rodney, mieux connu sous le pseudonyme Burning Spear, emprunté à l’ancien président du Kenya, Jomo Kenyatta. Est-ce là la raison qui l’a poussé à s’établir à Long Island, et, plus récemment, à Queens,  N.Y.?

C’est tout de même ironique: alors que Bob Marley, au sommet de sa gloire en Jamaïque, propageait sa musique roots et son message rasta à travers le globe, un seul pays semblait résister à l’invasion, au grand dam de l’artiste: les États-Unis, et particulièrement sa population noire. De nos jours, on ne compte plus les séries de spectacles à saveur nostalgique sur l’île antillaise; il n’y a qu’à penser à Heineken Startime ou à Stars on Parade, qui présentent les héros des périodes ska et rocksteady. Mais le roots dans tout ça? "Les Jamaïcains ne veulent plus rien savoir du mouvement culturel roots; par contre, il a pris une ampleur incroyable en Asie, en Europe, et particulièrement… aux États-Unis", affirme sans équivoque Winston Rodney, mieux connu sous le pseudonyme Burning Spear, emprunté à l’ancien président du Kenya, Jomo Kenyatta. Est-ce là la raison qui l’a poussé à s’établir à Long Island, et, plus récemment, à Queens, N.Y.? "Évidemment, il y a une raison pratique à ça, puisque je vis en tournée dix mois sur douze, en grande partie sur le territoire américain. Mais j’ai toujours ma maison à St. Anns, où je vais régulièrement me ressourcer", ajoute le patriarche du reggae à qui on a finalement décerné cette année, après une huitième nomination, le Grammy du meilleur album reggae de l’année pour Calling Rastafari, son trente-quatrième album en trente ans de carrière! C’est d’ailleurs dans son comté natal, aux Grove Music Studios d’Ocho Rios, l’un des seuls studios à se spécialiser encore dans la production musicale analogique, qu’il enregistre tous ses disques depuis sa construction. En parlant musique et religion avec ce vétéran de cinquante-quatre ans, un point commun transparaît toujours: Spear ne s’associe jamais à ce qu’il ne peut totalement contrôler: "J’ai une mission à accomplir et il arrive souvent que les autres, même involontairement, m’éloignent de ma vision première… C’est la même chose avec les sectes rastas: je respecte au maximum l’Organisation des Douze Tribus d’Israël – je suis moi-même un Benjie (tribu de Benjamin) -, les Bobo Dreads (secte controversée, près de la doctrine de la Nation de l’islam) ou l’Ordre des Nyabinghis, mais ma démarche est personnelle." Presque à lui seul, Burning Spear détient maintenant la responsabilité d’une culture musicale qui a tellement voyagé qu’elle n’est même plus la bienvenue chez elle… mais qui se porte admirablement bien en exil.

Le 25 juillet
Au Medley
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Également en prestation acoustique au HMV, le lundi 24 juillet à 16 h