Live à Montréal : Polliwog/ Fishbone, Watcha, Raid, We Da PeopleAC/DCFishbone, Stone Temple Pilots, Red Hot Chili Peppers
Musique

Live à Montréal : Polliwog/ Fishbone, Watcha, Raid, We Da PeopleAC/DCFishbone, Stone Temple Pilots, Red Hot Chili Peppers

Polliwog
le 18 août au parc Jeanne-Mance
Fishbone, Watcha, Raid, We Da People
le 20 août au Spectrum

Si le succès se calcule par le nombre d’individus qui se rendent à un concert, on peut considérer la cinquième édition du Polliwog extérieur comme une réussite. En effet, dix mille personnes, selon les organisateurs, s’étaient rassemblées, en soirée, vendredi, pour entendre le métal abrasif d’Anonymus et Cannibal Corpse. Et, à ma connaissance, personne n’a fait de crise d’apoplexie en entendant le death de la formation californienne! Toutefois, si le Polliwog a été un succès par le nombre, on ne peut pas en dire autant en ce qui concerne l’aspect technique de l’événement. Comme l’an passé, le Polliwog a été contraint de limiter le nombres de décibels afin de ne pas déranger les résidants du quartier. Résultat, à moins de se trouver à quelques mètres des haut-parleurs, on n’entendait pas grand-chose. Par conséquent, mon appréciation du spectacle est plus visuelle que sonore! Comme à son habitude, Anonymus a offert une performance énergique et efficace, à la hauteur de sa réputation. Pour clore leur prestation, les gars ont joué une version décapante de Fight for your Right des Beastie Boys. La transition avec le death métal de Cannibal Corpse s’est très bien déroulée. Malheureusement, même si George «Corpsegrinder» Fisher s’est époumoné au possible pour faire réagir la foule, seule la pièce Fucked with a Knife de l’album The Bleeding est réellement parvenue à sortir la foule de son apathie.

Pour terminer le festival en beauté, le Polliwog présentait dimanche un dernier spectacle mettant en vedette le super groupe international… Fishbone. Mais avant de se faire servir le funk lourd et éclaté de la formation, on a eu droit à une belle surprise: We Da People, qui rassemble les ex-membres de Guano et Ronee, le chanteur du défunt groupe torontois Race. Si le style musical du nouveau-né est une mixture de ce que faisaient Guano et Race, l’énergie que le bnd dégage sur scène est certainement prometteuse. Ceux qui ont manqué Watcha vendredi et qui ne se sont pas repris dimanche devraient s’en mordre les doigts. Non seulement le quintette n’arrête pas de bouger sur scène, mais de plus, leur métal, plus proche du côté tribal de Sepultura que de Korn, est très entraînant. Quant à Fishbone, les voir se démener sur scène m’a carrément épuisée. (Christine Fortier)

AC/DC
le 15 août au Centre Molson
Salle comble pour le retour à Montréal, après quatre ans d’absence, du quintette australien AC/DC. Deux heures de rock jubilatoire et généreusement envoyé, une exécution sans failles de riffs hachurés d’une musique juvénile et primesautière. Un défoulement sain qui m’a fait passer une saprée belle soirée, surtout que la set list était irréprochable: les vieilles comme The Jack, Shot Down in Flames, Let There Be Rock et Dirty Deeds s’intégrèrent spontanément parmi les Back in Black, Thunderstruck et For Those about to Rock (accompagnée d’une salve d’artillerie de six canons). Rien de cérébral. Pas d’états d’âme à balancer au monde entier. Pas de frasques. AC/DC divertit pacifiquement au lieu de dénoncer: comparé aux Rage Against the Machine, Cannibal Corpse ou autres Brutal Truth d’aujourd’hui, AC/DC a bien sûr l’air d’un boys band. Mais un band hyper fidèle à sa vocation: faire du rock’n’roll un élixir de jeunesse. «Angus Rules!», s’est exclamé avant le concert la blonde d’un collègue journaliste. Quand Bon Scott, le premier chanteur d’AC/DC, est mort en 1978, elle devait avoir huit ans, ou moins. Aujourd’hui, après vingt ans sous la houlette de son successeur Brian Johnson, sorte de col bleu hurlant qui ressemble à un débardeur de port, l’image et la musique du groupe n’ont guère bougé. Tout comme Angus Young, qui, malgré ses quarante-cinq ans (dont 25 à jouer les suppôts de Satan), demeure l’éternel adolescent, le rebelle aux fringues de lycéen qui sort des riffs de guitare d’une corrosion insolente. Tout bien considéré, AC/DC demure indétrônable dans le circuit du rock d’aréna. (Claude Côté)

Fishbone, Stone Temple Pilots, Red Hot Chili Peppers
Le 19 août, au Centre Molson
Si ce concert avait eu lieu il y a dix ans, on aurait trépigné d’impatience pendant une semaine à la seule idée de voir les Red Hot Chili Peppers. On serait tenté de dire qu’il était presque trop tard, mais c’est tout de même avec une certaine curiosité qu’on est allé à la rencontre du groupe californien. Comme les attentes n’étaient pas trop élevées, on n’a pas été déçu. En première partie, Fishbone s’est fort bien tiré d’affaire. Angelo Moore était peut-être plus calme qu’à son habitude (on se souvient de son escalade du balcon du Cabaret), mais son ska-funk-punk métallique, relevé de cuivres et de salves de Theremin, a contribué à réchauffer l’atmosphère. Après un set énergique et assez communicatif (ces gars-là sont-ils capables d’autre chose?), on a eu droit à la grande surprise de la soirée, j’ai nommé les grands survivants de l’ère grunge: les Stone Temple Pilots. En fait, ce concert nous a permis de remettre les pendules à l’heure: Scott Weiland, en très grande forme, et sa bande de soudards n’ont rien de grunge, ils sont plutôt l’incarnation parfaite du arena rock. Ce qui tombe bien, puisque nous étions dans l’enceinte glaciale du Centre Molson, et que STP a réussi à nous le faire oublier. Tous les éléments du grand livre des commandements rock y étaient: petits boniments à la foule, hits à la pelle (Vaseline, Plush et autres), enchaînements précis, sono étonnante et incursions du chanteur au parterre. Impeccable. Les funky Red Hot Chili Peppers allaient-ils pouvoir maintenir la cadence, devant un public assoiffé de rock (du moins si l’on en juge par les ovations monstres qu’il a réservées aux STP)? Pas chiches, les piments ont sorti les gros canons et nous ont envoyé Give it Away dès le deuxième morceau. Mais les Red Hot n’ont pas maintenu le cap: trop de morceaux au tempo lent (du genre des récentes Scar Tissue, Califonication) ont fait tomber le soufflé, malgré les sautillements frénétiques d’Anthony Kiedis et du furieux bassiste Flea (quant au retour du guitariste John Frusciante, on en fera peu cas, sinon pour dire que l’homme chante comme une enclume). En fin de parcours, quelques salves hardcore nous ont rappelé l’époque du Uplift Mofo Party Plan, mais la foule a accueilli cette agressivité avec une certaine consternation. Un fort bon concert, au bout du compte, mais le fait qu’on ait eu le temps de remarquer la qualité des effets visuels (tout simplement hallucinants) n’est peut-être pas un très bon signe. (Nicolas Tittley)