Rentrée culturelle musique : Nos choix
Musique

Rentrée culturelle musique : Nos choix

Jean Leloup, Björk, Moby, Madonna, Radiohead, Mano Solo, PJ Harvey, Underworld, Coldcut, Vanessa Paradis, Urbain Desbois,  etc.

Jean Leloup

Avant même d’écrire ces lignes, tous les concerts que donnera Jean Leloup cet automne au Spectrum (les 27, 28, 29 et 30 septembre, ainsi que les 16, 17, 18 et 19 novembre) affichaient déjà complet. L’engouement pour les prestations scéniques de John the Wolf n’a rien d’extraordinaire, mais le programme de ces huit soirées risque de l’être beaucoup plus. D’abord, mentionnons que Leloup a complètement abandonné ses musiciens habituels, au profit d’un seul guitariste (Jean-Noël Bodo, ex-Lard Bedaine et Johnny X-Mas) et d’un batteur (Stéphen Gaudreault, Noir Silence), qui joueront un set exclusivement acoustique, avec décor (ou absence de…) à l’avenant. Quant au répertoire, il devrait inclure plusieurs pièces du Monde de Machin, la fameuse série télé scénarisée et réalisée par Leloup, et qui est toujours en quête d’un diffuseur. (Nicolas Tittley)

Radiohead
Le 3 octobre, Radiohead lancera finalement son quatrième album, Kid A, qui s’annonce comme l’événement musical de l’automne. Pourtant, la marche est haute pour le groupe d’Oxford, après le colossal OK Computer qui a ravi tout le monde à l’été 1997. Et les premiers échos de Kid A parlent d’un disque qui déconstruit les clichés de la musique rock, qui flirte autant avec Boards of Canada qu’Aphex Twin. Si OK Computer montrait un groupe qui n’avait pas peur de se remettre en question et d’imposer son univers, Kid A devrait aller encore plus loin dans l’expérimentation. Pas de promotion, pas de vidéo-clips (seulement des "vidéo-blips", des petits extraits d’une durée de 10 à 40 secondes qui joueront sur Internet), aucun extrait de cet album, Radiohead joue à contre-courant de l’industrie du disque. Thom Yorke et sa bande font à leur tête, et on aime ça. Si les rumeurs se concrétisent, on peut s’attendre à un grand moment de musique. (Frédéric Boudreault)

Björk
Les prises de bec entre la chanteuse islandaise, sacrée meilleure actrice à Cannes, et le réalisateur danois Lars Von Trier sont désormais de notoriété publique. De l’aveu même de Björk, le tournage de Dancer in the Dark (que l’on devrait voir sur nos écrans au début d’octobre) l’a découragée de refaire du cinéma… Elle devait être bien contente de retrouver l’intimité du studio pour y concocter les quelques chansons qui se retrouveront sur Selma Songs, la bande originale de la comédie musicale. Si toute l’attention sera portée sur le magnifique duo avec Thom Yorke, de Radiohead (qui se montre vocalement plus vulnérable qu’il ne l’a jamais été), il reste que les six autres pièces nous présentent une Björk en grande forme, valsant entre bruitisme électronique ludique et arrangements symphoniques romantiques. De quoi nous faire patienter jusqu’au prochain "vrai" disque du petit lutin au caractère explosif. En magasin le 19 septembre. (Eric Parazelli)

Moby
Vrai qu’on a beaucoup entendu les chansons tirées du jubilatoire Play, album de la consécration pour Moby. Vrai que le frêle homme chauve a un peu exagéré sur les droits vendus aux publicités, au risque de se faire taxer d’opportunisme commercial et de frôler l’overexposure. Et même si la sortie récente de la compilation Songs (résumant la période pré-Play) nous a surtout convaincus que le chemin tortueux qu’il a emprunté n’a pas toujours été des plus reluisants, il reste qu’un spectacle de Moby est toujours quelque chose d’événementiel. Lors de sa présence au Stade olympique (dans le cadre de Cream 1999), il avait fait preuve d’une intensité sans égale et d’une efficacité étonnante. Et comme l’homme sait s’adapter au contexte dans lequel il se produit, il y a fort à parier que son concert du 17 octobre au Métropolis ne donnera pas dans la redite. Et même si c’était le cas, ce serait tout de même plus jouissif que bien d’autres spectacles… (Eric Parazelli)

Mano Solo
D’après la réaction extrêmement chaleureuse et inconditionnelle qu’a réservée le public montréalais à Mano Solo lors de son récent passage aux FrancoFolies, il semble évident que son prochain disque, intitulé Dehors, trouvera preneur très rapidement, dès qu’il atterrira sur les tablettes des magasins de disques au mois d’octobre. Cependant, les fans de la première heure pourraient être surpris d’entendre à quel point Mano Solo veut se sortir des introspections sombres et désespérées qui caractérisaient ses albums précédents. Exit le nombrilisme misérabiliste et les musiques dramatiques; cette fois, Mano regarde autour de lui et dessine une galerie de portraits sur des musiques variées et festives (on nous promet du reggae, de la salsa, du jazz, du rock…). Mais n’ayez crainte, Dehors (que son auteur qualifie lui-même de "disque de voyage") recèlera certainement une bonne part de mélancolie et de tristesse… (Eric Parazelli)

Madonna
Depuis un mois, impossible d’éviter la nouvelle chanson de Madonna, Music, qui joue à répétition à la radio. Après le virage techno de Ray of Light, Miss M revient avec son huitième disque qui pousse beaucoup plus loin cette tangente. Pour Music, qui sort le 19 septembre, elle est toujours secondée par William Orbit, mais elle s’est également offert les services du D.J. français Mirwais. Peut-être moins touchant que son prédécesseur, Music surprend par les effets déployés pour réinventer, encore une fois, le son de la chanteuse. Et Mirwais s’en est donné à coeur joie: il a trafiqué la voix de Madonna et s’est amusé avec les sonorités et les ambiances. On passe alors de l’atmosphérique Paradise à Impressive Instant, surprenante pièce électronique, à des années-lumière du pop bonbon de Like a Virgin. Avec son sens inouï de la métamorphose, Madonna prouve que, malgré ses 20 ans de carrière, elle peut toujours faire la barbe aux plus jeunes… (Frédéric Boudreault)

Underworld
Curieux comme le Métropolis paraissait vide lors de la dernière visite de la formation techno progressive anglaise Underworld, en novembre 98. Bien sûr, le superbe Beaucoup Fish n’était pas encore sorti à l’époque, mais les chanceux qui s’étaient déplacés avaient eu droit à plusieurs chansons en avant-première, et à un spectacle d’une incroyable énergie. Déçus? Jaloux? Réjouissez-vous car le 12 septembre paraîtra Everything, Everything, un album live réunissant les meilleurs moments de cette tournée de deux ans qui passa entre autres par Glastonbury, en Angleterre et par le Fuji Festival, au Japon. Au programme: des morceaux choisis et allongés de leurs précédents albums (onze en tout) et, bien sûr, une version "vivante" de Born Slippy (Nuxx), la pièce tirée du film Trainspotting, qui a fait connaître Underworld à un plus large public. Avec le départ récent du D.J. Darren Emerson, Everything, Everything marquera certainement la fin d’une époque pour le groupe. (Eric Parazelli)

Coldcut
Si vous vous demandez à quoi ressemblera l’avenir des performances live électroniques, il y a de fortes chances que vous ayez, du m0ins en partie, une réponse à cette question lors du concert que donnera le duo britannique Coldcut, au Média Lounge du Festival nouveau cinéma et nouveaux médias, le 13 octobre. Le dernier spectacle qu’avait donné Coldcut au Medley, en 1997, en avait mis plusieurs sur le cul avec ses projections vidéo en totale symbiose avec la musique; et comme leur prochaine apparition sur une scène montréalaise marquera la célébration rétrospective des dix ans de leur label Ninja Tune (avec la présence possible d’Hexstatic, les principaux responsables de l’imagerie multimédia de l’étiquette), on peut s’attendre à une expérience audiovisuelle de haut calibre. Aussi à surveiller, une compilation de l’étiquette Ninja Tune intitulée Xen Ninja Cuts, réunissant sur trois CD les artistes de la maison, incluant notre Kid Koala et une nouvelle pièce de Coldcut. En magasin le 19 septembre. (Eric Parazelli)

PJ Harvey
Certes, Polly Jean Harvey vient à peine d’avoir trente ans, mais avec cinq albums majeurs derrière elle, la chanteuse de Yeovil fait déjà figure de monument. Le 24 octobre, elle lancera son sixième, Stories from the City, Stories from the Sea, un album dont le titre fait tout simplement référence aux deux pôles géographiques où il a été enregistré: New York pour le côté ville, et le Dorset, en Angleterre, pour le côté mer. Si l’on accueille chacune des parutions de la dame avec une certaine excitation, on est vraiment curieux de découvrir cette nouvelle galette, réalisée, composée et interprétée par PJ en compagnie de son batteur de longue date, Rob Ellis, ainsi qu’avec le guitariste des Bad Seeds (et grand interprète de Gainsbourg) Mick Harvey. Thom Yorke, qui est décidément partout cet automne, collabore à la pièce This Mess We’re in. Parmi les titres frappants de ce nouvel album, mentionnons The Whores Hustle and the Hustlers Whore, et This Is Love. Une réponse à Is this Desire? (Nicolas Tittley)

Vanessa Paradis
C’est par l’entremise de Mathieu "M" Chédid que l’on a d’abord entendu parler de ce fameux disque de Vanessa Paradis, son premier en français (malgré son titre, Bliss) depuis Variations sur le même t’aime, il y a dix ans. On peut dire qu’elle a du front, la petite, puisque après avoir chanté les textes de Gainsbourg, elle a décidé de mettre elle-même la main à la plume. Pour ce qui est des musiques, la lolita française a choisi, outre M, qui assure aussi la réalisation, des collaborateurs pour le moins éclectiques. Parmi eux, mentionnons Frank Langolff, Alain Bashung, Frank Monet et… Johnny Depp! Monsieur Paradis a-t-il collaboré à la chanson en hommage à sa fille (La Ballade de Lily Rose)? On vous réserve la surprise, et l’on se contente de vous dire que l’album sera composé de pièces plutôt calmes, parfois latines, mais que quelques morceaux, dont le très guitaristique premier extrait Commando, pourraient brasser la cage. (Nicolas Tittley)

Marcio Faraco
Avec son humour, sa candeur et ses références musicales impeccables (Caetano Veloso, Chico Buarque), le sympathique Brésilien d’adoption française s’est fait bien des amis lors de son passage au dernier FIJM. On vous avait dit alors de Marcio Faraco qu’il pourrait bien se tailler ici une place équivalente à celle qu’occupent les Giorgio Conte ou Gianmaria Testa, et on pourra en juger plus aisément, puisqu’il nous revient pour deux soirs (les 17 et 18 novembre) de chansons intimistes. On attend encore la confirmation de la salle où il s’exécutera, mais gageons que peu importe où il traînera sa guitare, on pourra ressentir "la douleur à l’échelle de Richter" (A dor na escala Richter, comme il le chante si bien). L’occasion idéale pour (re)découvrir son unique album, le charmant Ciranda. (Nicolas Tittley)

Urbain Desbois
Après avoir triomphé en France, à Pougnes-Hérisson (!), au festival Sacré Nombril (!!) devant un public de vaches (!!!), notre ami Urbain Desbois nous revient sur disque avec le joliment nommé États d’âne. Contrairement à Ma maison travaille plus que moi, qui, en sa qualité de premier disque, rassemblait quelques fonds de tiroirs, États d’âne ne contient que des nouvelles compositions, toutes écrites cette année. Le seul changement remarquable au sein du groupe est l’absence de la claviériste Priscille Gendron, remplacée par Jonathan Audet, qu’on a pu apercevoir avec Urbain sur la scène du Cabaret et aux Francos. Attendez-vous à trouver une quinzaine de ses petites chansons poético-naïves sur le disque, et peut-être plus lors des concerts qu’il donnera en tournée avec Thomas Fersen. Lancement du disque et rentrée montréalaise le 18 septembre, à l’Olympia. (Nicolas Tittley)