Trans Am : Bloc moteur
Musique

Trans Am : Bloc moteur

Il n’y a pas si longtemps, on aurait cru impossible que la musique de Trans Am – un mélange incongru de new wave, d’électro et de hard rock, presque toujours dénué de paroles – puisse trouver preneur en dehors des grands centres. Aujourd’hui, c’est une tout autre histoire: "Les groupes indépendants se limitaient au circuit des villes universitaires, car leur musique était surtout diffusée sur les ondes des college radios; mais avec Internet, on assiste à une véritable dissémination sur l’ensemble du territoire, explique Nathan Means, bassiste du groupe de  Washington.

Au bout du fil, Nathan Means, bassiste et claviériste du groupe Trans Am, a l’air épuisé. Il y a de quoi: il vient tout juste de terminer sa balance de son après un interminable voyage qui l’a mené à travers les mornes paysages du Dakota du Nord et du Minnesota. "On a joué à Fargo, et je ne te dirai pas qu’on a battu des records d’assistance, mais c’était tout de même un très bon show", lance-t-il. Il n’y a pas si longtemps, on aurait cru impossible que la musique de Trans Am – un mélange incongru de new wave, d’électro et de hard rock, presque toujours dénué de paroles – puisse trouver preneur en dehors des grands centres. Aujourd’hui, c’est une tout autre histoire: "Les groupes indépendants se limitaient au circuit des villes universitaires, car leur musique était surtout diffusée sur les ondes des college radios; mais avec Internet, on assiste à une dissémination sur l’ensemble du territoire, explique Nathan. Honnêtement, toutefois, je me vois mal refaisant ce genre de tournée: je n’ai pas le courage nécessaire pour me taper la route entre Regina et Billings, au Montana!" Malgré nos préjugés, il n’y a pas de raison pour que les gens du Midwest ou d’ailleurs ne trouvent pas leur compte lors d’un concert de Trans Am. Car bien qu’on les ait frauduleusement associés à la scène post-rock (du seul fait qu’ils enregistrent pour l’étiquette Thrill Jockey, de Chicago) et qu’ils affichent des liens évidents avec la musique de Kraftwerk, par exemple, les trois membres de Trans Am, avant d’être des intellectuels, sont des amateurs de classic rock. D’ailleurs, ils ne se gênent pas pour affirmer que leur plus récent disque, l’ambitieux Red Line (une vingtaine de chansons en plus de 70 minutes) est inspiré des grands albums-concepts des seventies.

"On n’avait pas de plan précis ou de références en tête; mais je me souviens d’avoir parlé aux autres gars de l’album blanc des Beatles. Je voulais ce même équilibre entre la fracture et la continuité, cette même folie imprévisible", lance Nathan en toute modestie.
Contrairement à The Surveillance, qui abordait la perte de vie privée à l’ère de la surveillance électronique, ou Futureworld, sorte de vision morose d’un avenir digne de 1984 et de Blade Runner, Red Line ne possède pas de trame narrative évidente au premier abord. "Le concept de Red Line n’est pas le genre de truc qui s’articule facilement en mots. En fait, il est volontairement non conceptuel: il s’agit plutôt d’une continuité dans les techniques de production. Jette une oreille à des disques comme Rumours, de Fleetwood Mac; Eliminator, de ZZ Top; ou même, plus près de nous, Joshua Tree, de U2. Ce qui les distingue, ce sont des détails qui ne sont peut-être pas apparents au commun des mortels; mais qui font toute la différence. C’est ce qu’on voulait faire"

Ce qui frappe le plus dans cette fresque épique qu’est Red Line, c’est l’utilisation de plus en plus abondante de la voix, que l’on commence à distinguer à travers les vibrations du vocoder. "Même si l’on faisait surtout de la musique instrumentale, on n’a jamais été fermés à la voix. La musique vocale, c’est comme une immense bibliothèque vierge dans laquelle on pourra piger à l’avenir. Et puis ça nous fait plaisir d’emmerder les critiques; c’était devenu trop facile pour eux de nous caser dans la catégorie rock instrumental. Maintenant, il va falloir qu’ils se creusent un peu la tête."

Le 30 septembre, à 23 h
Au Cabaret
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