Moby : Moderne baleine
Musique

Moby : Moderne baleine

Depuis la parution de l’inusable Play, il y a maintenant un an et demi, Moby (Richard Melville Hall pour sa mère) est partout. Et si l’on ne peut faire autrement que d’être impressionné par le don d’ubiquité du roi de l’électro, la surexposition à sa musique nous a parfois amenés à douter de son bon jugement.

Depuis la parution de l’inusable Play, il y a maintenant un an et demi, Moby (Richard Melville Hall pour sa mère) est partout. Et si l’on ne peut faire autrement que d’être impressionné par le don d’ubiquité du roi de l’électro, la surexposition à sa musique nous a parfois amenés à douter de son bon jugement. Ainsi, pourquoi avoir offert Bodyrock en guise de générique à l’émission Victoria’s Closet? Pourquoi diluer les perles de son incroyable album dans d’innombrables pubs télé, jeux vidéo et bandes originales de films plus ou moins recommandables? Avant de lui envoyer ces quelques questions en rafale, une simple prise de contact. Ça va bien, monsieur Melville? "J’ai eu de meilleures journées", répond-il, laconique. Ouch!

Tu es en tournée depuis dix-huit mois. N’est-ce pas difficile à vivre pour un type qu’on décrit souvent comme un grand solitaire?
"Au contraire, rien ne fait plus plaisir que d’être en tournée, de découvrir le monde et d’aller à la rencontre des gens. On me demande souvent si j’ai envie d’être en vacances, de tout arrêter. Pas du tout! Je dors déjà sept heures par jour, pourquoi voudrais-je me reposer lorsque je suis éveillé? La seule chose qui me gonfle en tournée, ce sont les décalages horaires. Cet été, en l’espace de trois semaines, j’ai visité la Norvège, l’Angleterre, Singapour, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, New York, la Californie et l’Allemagne. Je pensais que mon horloge interne allait exploser."

On t’entend partout: à la télé, dans des pubs, des défilés… Ne crains-tu pas d’être surexposé? Et as-tu ton mot à dire sur la façon dont sont employées tes chansons?
"Une fois que les chansons se retrouvent sur disque, je n’ai plus grand contrôle: c’est la compagnie de disques qui s’en charge. Les seules restrictions qui sont inscrites à mon contrat sont simples: je n’accepterais pas que ma musique serve à faire la promotion de produits animaux ou de tabac. Pour le reste, mon label fait essentiellement ce qu’il veut."

Connaissant tes idéaux végétariens, écolos et autres, endosser un fabricant d’automobiles n’est-il pas contradictoire?
"Écoute, si tu savais le nombre de journalistes qui m’ont interrogé à ce sujet et qui pensent tous avoir déniché un scoop! Depuis la parution de Play, j’ai dû faire près de 2500 entrevues! Crois-moi, j’ai entendu toutes les questions et je n’ai jamais eu grand-chose à répondre à celle-là. Tout ce que j’ai à dire, c’est: la vie n’est pas si simple."

Ta popularité actuelle te fait-elle parfois peur?
"Je fais de la musique depuis que j’ai huit ans et j’ai longtemps travaillé dans l’anonymat total. Aujourd’hui, plus de gens connaissent ma musique et c’est une chose qui me réjouit. Mais comparé à Madonna ou Britney Spears, je ne suis qu’une mouche."

Ton disque est bourré de références à l’histoire de la musique populaire américaine, notamment avec tous ces vieux airs de blues que tu as échantillonnés. Est-ce important que ta musique porte en elle cette conscience culturelle?
"Je m’en contrefous! Tout ce qui m’importe, c’est de faire de la bonne musique et il se trouve que j’avais ces disques-là sous la main. Je suis heureux de vivre dans une démocratie culturelle aussi vibrante que New York, mais je n’ai rien à foutre du milieu culturel. Tant mieux si les gens découvrent le vieux blues grâce à mon disque; mais mon job, c’est de faire de jolis disques et d’espérer que quelques personnes s’y intéresseront, point à la ligne. Si tout le monde décide d’écouter du Britney Spears, ce n’est pas mon problème."

Le 17 octobre
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