Richard Raymond et les 50 ans de la Fac : Que la fête commence
Musique

Richard Raymond et les 50 ans de la Fac : Que la fête commence

La Faculté de musique de l’Université de Montréal fête ses 50 ans en grand. Des activités, ainsi que des concerts s’étaleront sur toute l’année. C’est avec le pianiste Richard Raymond, et son excellente interprétation d’une oeuvre de John Rea, que s’est ouvert le bal.

Pour donner le coup d’envoi aux célébrations entourant le 50e anniversaire de la Faculté de musique de l’Université de Montréal, on a eu la bonne idée d’inviter Richard Raymond, originaire du Nouveau-Brunswick, à lancer la série Récitals de piano, le 28 septembre dernier. L’ancien élève de l’établissement a choisi un programme tout Schumann ou presque: le presque étant Las Meninas, oeuvre inspirée à John Rea par le tableau de Vélasquez et par un rêve dans lequel les Scènes d’enfants de Schumann, qu’il venait d’écouter dans l’interprétation de Wladimir Horowitz, étaient déconstruites.

Les 21 variations que comprend la pièce sont autant d’"hommages" à des compositeurs, musicologues et interprètes, le plus souvent sous forme de pastiches. On entend donc Schumann à la manière, entre autres, de Vivier, Satie, Chopin, Stravinski, et on se prend au jeu d’y reconnaître peut-être Shiraz, les Gymnopédies, la Marche funèbre de la deuxième sonate, Le Sacre du printemps.

Il faut dire qu’avec un interprète de la trempe de Raymond, l’oeuvre sonne et résonne comme un pur plaisir. Je ne suis pas sûr qu’avec un jeu moins inspiré, elle demeure aussi intéressante… L’Allegro op. 8, les Chants de l’aube op. 133 et la Sonate op. 14, qui constituaient le reste du programme, sont toutes des pièces qui méritent mieux que l’oubli relatif dans lequel les cantonnent beaucoup de pianistes. Richard Raymond a donc le double mérite d’être un programmateur autant qu’un interprète inspiré. Il a d’ailleurs tout joué de mémoire, sauf, étrangement, la Rêverie ("La vraie, celle de Schumann", a-t-il annoncé, la fausse étant celle transformée par Rea) donnée en rappel avec la partition.

Dans toutes les pièces, la clarté de son jeu, la netteté de son articulation se sont traduites par une palette de couleurs nous donnant des tableaux nuancés et contrastés. Dommage que le très beau piano Fazioli de la salle Claude-Champagne semble encore trop neuf, quelques fausses notes s’en étant échappées au désarroi visible du pianiste. Il faudra reprendre ces passages pour le disque enregistré sur le vif. On a par ailleurs annoncé que les récitals de Stéphan Sylvestre (23 novembre) et de Sylviane Deferne (1er mars 2001) feront aussi l’objet d’un CD. Signalons également que la série se conclura par un concert-bénéfice d’Alfred Brendel (31 mars 2001) au profit de la Faculté.

Programmes de gala
Quant au reste de la cinquantaine d’événements présentés pour fêter les 50 ans de la Fac, ce seront des occasions de faire ou de refaire connaissance avec des diplômés ou de futurs diplômés en interprétation, en composition et en musicologie, et leurs maîtres, ainsi qu’avec des invités de marque. Parmi les concerts proposés, on retiendra: le cycle complet des Quatuors à cordes de Beethoven avec le Quatuor Alcan (déjà entamé à la salle Pollack, le cycle s’y poursuivra les 14 octobre et 7 novembre, ainsi que les 3 février, 7 mars et 21 avril 2001); le récital de mélodies (22 octobre) donné par le baryton-basse José Van Dam, à qui sera remis un doctorat honoris causa le 21 octobre; la série de musique contemporaine Croire en l’inconnu, avec notamment les Percussions de Strasbourg (création d’une oeuvre de Michel Longtin avec le Nouvel Ensemble Moderne le 8 novembre); les soirées d’opéra Juste pour rire (du 15 au 18 novembre) où l’Atelier d’opéra nous offrira Les Mamelles de Tirésias de Poulenc, et L’Italie à Montréal avec Puccini (du 21 au 24 février 2001) où l’Atelier nous conviera cette fois à nous amuser avec Gianni Schicchi dans une mise en scène de Benoît Brière; la série Musique de chambre, avec entre autres une soirée tout Saint-Saëns (8 mars 2001), où l’on pourra entendre la Sonate Liszt, oeuvre datant de 1914 et découverte par la musicologue Sabina Teller Ratner, et une soirée russe (14 mars 2001), où sera joué le magnifique Trio op. 67 de Chostakovitch; le concert gratuit Promesses d’avenir (7 avril 2001) où Jimmy Brière, lauréat du Concours de l’OUM 2000, s’attaquera au colossal Concerto pour piano no 2 de Prokofiev avec l’Orchestre de l’Université de Montréal sous la direction de Jean-François Rivest. Comme on peut le constater, 50 ans, ça se fête! (Pour connaître la programmation détaillée, visitez le site www.umontreal.ca et jouez de la souris.)

Voir calendrier Classique

14e Concours national des jeunes compositeurs de Radio-Canada
À condition d’être né après le 3 novembre 1970, si vous êtes compositeur ou apprenti compositeur, vous avez jusqu’au 3 novembre prochain pour vous inscrire dans trois catégories en présentant au plus trois oeuvres, à raison d’une oeuvre par catégorie: composition pour orchestre, mais pour une formation bien définie, tant de bois, tant de cuivres, tant de percussions, tant de cordes; composition électro-acoustique ou pièce mixte avec un instrument acoustique; composition de musique de chambre pour deux à douze instruments ou voix ("à l’exclusion du chef d’orchestre", précise-t-on dans le règlement du concours). De nombreux prix totalisant 43 000 $, y compris un Grand Prix du Conseil des Arts du Canada de 10 000 $, et une commande de 3 000 $ des Jeunesses Musicales du Canada, pourraient être attribués. Pourquoi "pourraient"? Parce que, à la suite de la diffusion en ondes des concerts publics tenus à Vancouver en mars 2001 au cours desquels seront interprétées les oeuvres retenues, le jury se réserve le droit de recommander à Radio-Canada de ne pas accorder de prix dans l’une ou l’autre des catégories… Pour obtenir le règlement du concours et le formulaire d’inscription, adressez-vous à la Chaîne culturelle de Radio-Canada.

Ensemble Organum: totale déception
Malgré tout le respect que l’on peut avoir pour la démarche de Marcel Pérès, force est de constater que son travail de compositeur fait naître bien des réserves. La suite de psalmodies (le mot litanies dans son sens familier serait sans doute plus juste!) qu’il a créée en s’inspirant de l’Apocalypse de saint Jean devient vite lassante par son caractère lancinant et répétitif. Comme tel, ce Mysteria Apocalypsis donné à l’église Très-Saint-Nom-de-Jésus lors du Festival Orgue et couleurs, et enregistré par Radio-Canada, ne me semble pas mériter de passer à la postérité. Où sont passés les couleurs, les chatoiements, l’ardeur qui se déploient dans les enregistrements de l’ensemble? Peut-être qu’il aurait été plus sage de nous offrir un éventail des différentes liturgies explorées au cours des dix-huit années d’existence du groupe… Finalement, la très honnête prestation de La Nef en première partie, dans des extraits du Jardin des délices, est tout ce qui valait le déplacement.

Ensemble Vocal Mirror Image: totale satisfaction
Pour clore Évolutions 2000 – les nouvelles voix, la soirée du samedi 7 octobre
nous donnait la chance d’entendre Mirror Image, le choeur de chambre de Waterloo qui se voue à la musique contemporaine. Au programme, en première partie, deux oeuvres a cappella: d’abord, Aquapella de Henry Kucharzyk pour trois voix, trois bols d’eau et quelques cailloux petits et gros, cérémonial d’une quinzaine de minutes auquel on assiste de bonne grâce en se laissant bercer par la beauté du chant; ensuite, on cédera de la même façon au jeu plein de charme et d’humour des sept chanteurs-comédiens dans Love Songs de Claude Vivier, théâtre musical qui n’a pas trop mal vieilli et qu’on peut considérer comme un condensé de grandes histoires d’amour en style bandes dessinées. En deuxième partie, Tim Brady dirigeait sa pièce As It Happened, pour cinq voix, deux percussions et bande. L’écoute de cette cantate, dont le texte repose sur une entrevue radiophonique avec Linda MacDonald, ne peut laisser personne indifférent, non seulement parce qu’il s’agit d’une oeuvre à contenu politique, mais parce que l’auteur est parvenu à nous en communiquer l’universalité. La pièce aurait cependant eu plus d’impact si le jeu des musiciens et de la bande n’avait pas été bridé. Il est regrettable que le Théâtre La Chapelle soit un vaisseau trop petit pour les forces déployées et tout aussi regrettable que le public n’ait pas été plus nombreux….