Éric Morin : Loin du coeur?
Musique

Éric Morin : Loin du coeur?

La musique du compositeur Éric Morin est au programme du Grand Concert annuel du NEM, avec celles de trois autres compositeurs, offertes en première canadienne. Des découvertes passionnantes!

Récipiendaire de nombreux prix de composition – Tribune internationale des compositeurs de l’Unesco (Paris, 1997), Concours des jeunes compositeurs de Radio-Canada (1997 et 1999), prix Jules-Léger du CAC (2003), etc. -, Éric Morin enseigne la composition et l’orchestration à la Faculté de musique de l’Université Laval. C’est peut-être cet "exil" volontaire à Québec depuis 2000 qui explique que l’on entende, malgré tout, si peu sa musique à Montréal… Loin des yeux, loin du coeur?

Ironiquement, c’est cet éloignement du coeur qui est à la base de la réflexion ayant mené à la composition d’une oeuvre que lui a commandée le Nouvel Ensemble Moderne pour son Grand Concert annuel (l’oeuvre a été créée à Amsterdam, en mars, durant le huitième Forum international des jeunes compositeurs du NEM). "La prémisse de la réflexion, explique Morin, c’était un questionnement sur ce que pourrait donner une musique exempte de passion, sans verser dans le minimalisme ou le répétitif. Mais je me suis rendu compte que c’est difficile de se passer de la passion, musicalement parlant…" Le compositeur a voulu remiser son coeur (d’où le titre Le Coeur serré), mais chassez le naturel… La réflexion du compositeur ne l’a pas poussé vers une écriture bêtement technique qui aurait évacué tous les signes pouvant évoquer la "passion" au profit d’une musique neutre. "Je pense que l’art, c’est beaucoup plus que la façon de faire; en musique, c’est la forme que ça prend dans le temps. Quand j’enseigne la composition, je dis souvent: "Tu peux faire n’importe quoi, mais tu ne peux pas le faire n’importe comment!""

Après que sa musique eut été jouée à Toronto (où il a été compositeur en résidence à l’OST durant deux saisons), à New York ou en Europe, il était temps qu’un ensemble d’ici commande une oeuvre à Morin. "C’est vraiment un honneur d’être invité par le NEM, d’être joué par lui à Amsterdam, d’être endisqué aussi, etc. J’ai demandé à Lorraine Vaillancourt, pour avoir des pistes avant de me lancer, ce qu’elle aimerait entendre. Elle m’a suggéré d’explorer les instruments que les compositeurs ont tendance à laisser de côté, comme, par exemple, la contrebasse. C’est une idée qui a fait son chemin."

Morin a perfectionné sa formation à Paris à la fin des années 90 auprès de Gérard Grisey, l’un des "pères" de la musique spectrale, et son oeuvre sera présentée par le NEM au même programme qu’une création mondiale commandée à cet autre grand "spectral" qu’est Tristan Murail. On pourra aussi entendre une pièce du compositeur néerlandais Robin de Raaff et le choix du jury du dernier Forum du NEM, une composition du jeune Serbe Marko Nikodijevic qui rend hommage à Claude Vivier. On pourra découvrir la musique d’Éric Morin en avant-première le 22 avril (14 h), à la Chapelle historique du Bon-Pasteur, dans le cadre des Rencontres du NEM.

Le 26 avril, 20 h
Précédé d’une table ronde avec les compositeurs à 18 h 30
À la salle Claude-Champagne
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