Natacha Atlas : Citoyenne du monde
Musique

Natacha Atlas : Citoyenne du monde

Natacha Atlas est surtout connue pour la fusion entre la tradition arabe et l’électronique qui caractérise sa musique. Elle présente à Montréal un répertoire très orienté vers les racines de la musique arabe dans un contexte acoustique.

Née en Belgique, la chanteuse Natacha Atlas se rend encore adolescente en Angleterre et découvre des acteurs importants de la scène musicale londonienne, comme le bassiste Jan Wobble. Dès le début des années 90, la formation Transglobal Underground propose un métissage très original entre plusieurs éléments du rock occidental contemporain (l’électronique, le house, le dub, le dance, le hip-hop, le funk) et la musique du monde.

Un album important, Rejoice (1998), traduit bien le désir des membres de TU de briser les barrières qui divisent les nations. Atlas se reconnaît dans leur musique et devient la chanteuse du groupe. Elle exécute aussi sur scène le raq-sharki, la danse du ventre: "Auparavant, je faisais de la pop arabe. Eux faisaient toutes sortes de mélanges avec des éléments plus modernes, plus européens. C’est avec eux que j’ai découvert l’échantillonnage".

Parallèlement, elle mène une carrière solo, mêlant les musiques arabes et l’électronique. Ses origines ancestrales prennent racine tout autant au Maroc, en Égypte qu’en Palestine. Elle valorisera ainsi d’importants créateurs de la musique arabe (Walid Rouissi, Essam Rashad) et de nombreux instruments traditionnels (la darbouka, le bendir, le ney). The Best of Natacha Atlas (2006) rend compte d’une démarche exemplaire.

Ayant des racines familiales à la fois juives et musulmanes, Natacha Atlas pourrait avoir des émotions partagées dans les conflits qui affligent le Moyen-Orient, mais ceux-ci ne lui laissent guère le choix: "Quand tu rencontres des familles au Caire ou à Alexandrie, tu réalises que presque toutes sont le fruit de mélanges ethniques. Mon arrière-grand-père était Juif, ma mère était anglo-égyptienne. Pour le moment, mon coeur penche fortement vers la Palestine".

La musique n’offre-t-elle pas souvent un bel espace de convivialité entre des artistes d’origines ethniques différentes? "Pas toujours. Mon mari, Abdullah Chhadeh, qui est syrien, un virtuose de qanun, dirige un groupe très novateur, Nara, mais il n’inclurait aucun musicien juif, aussi virtuose soit-il". Atlas n’hésite jamais à s’engager dans des luttes contre les différences, comme le racisme et la violence faite aux femmes: "Je suis très en colère présentement contre les Américains et les Britanniques. Ils veulent que le monde arabe leur soit sympathique, mais, en même temps, ils détruisent le Liban et ignorent la Palestine. C’est de la merde. Je déplore surtout leur absence de politique étrangère".

En avril 2006, Natacha Atlas fait paraître Mishmaoul (une expression égyptienne qui veut dire "Incroyable"), un album plus orienté vers les sonorités traditionnelles, mais, pour mieux saisir ce qu’elle vient présenter au public à Montréal, il faut écouter Something Dangerous (2003), qui offre des éléments de dance music, de rap, de drum’n’bass, de R&B, d’indie-pop, de musique de film, de chanson française, mais aussi de langage classique, avec la présence de l’Orchestre symphonique de Prague. Le monde arabe a toujours mélangé les styles traditionnels et la musique classique. Elle sera accompagnée par le Natacha Atlas Acoustic Ensemble (piano, accordéon, violon, alto, violoncelle, contrebasse, oud et percussions arabes), sous la direction de l’arrangeur Harvey Brough.

Le 23 septembre
Au Théâtre Outremont
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