Ivry Gitlis et le Nouvel Ensemble Moderne : Musique et paix
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Ivry Gitlis et le Nouvel Ensemble Moderne : Musique et paix

Le grand violoniste Ivry Gitlis est l’invité du Nouvel Ensemble Moderne qui ouvre ce vendredi sa "Saison pour la paix".

La dernière fois que l’on a vu Ivry Gitlis à Montréal, c’était en mai 2001, alors qu’il présentait un récital avec Martha Argerich; il avait joué Beethoven, Debussy et Franck. Lorsque je le rejoins par téléphone à Londres, je m’étonne un peu qu’il joue toujours, à 85 ans: "Et vous, vous respirez toujours?" lance-t-il en riant. Évidemment, quand on a touché son premier violon à 5 ans, l’instrument (un Stradivarius, dans ce cas-ci) devient sans doute une extension naturelle du corps… "Je suis à Londres pour participer au Festival de musique de chambre d’Oxford; à mon retour de Montréal, je partirai pour le Japon pour aller le diriger et jouer avec le New Japan Philharmonic, l’orchestre de Seiji Ozawa, et il y a encore d’autres concert à l’agenda."

C’est le Nouvel Ensemble Moderne qui invite Ivry Gitlis à Montréal pour son concert d’ouverture de saison. Intitulée "Saison pour la paix", la série de concerts du NEM vise à nous permettre d’entendre autre chose que les déprimants échos habituels en provenance d’Israël ou du Liban, d’Iran, etc. Ivry Gitlis a beaucoup défendu la musique contemporaine au cours de sa carrière, créant des oeuvres de Xenakis ou Maderna, entre autres, mais le NEM l’invite surtout parce que l’homme, originaire de Haïfa en Israël, est un fervent promoteur de la paix dans le conflit israélo-palestinien. "Il n’y a pas de conflit insoluble, commente-t-il; s’il y a un conflit, c’est qu’il y a une solution. La vie est un conflit en soi. J’ai toujours l’espoir que nos enfants, des deux côtés, pourront grandir ensemble."

Le NEM profitera de la présence d’Ivry Gitlis pour interpréter la musique du film d’Andrea Liberovici, From Ivry (2005), pour lequel le cinéaste et compositeur a filmé le musicien en train d’improviser. "J’ai improvisé, mais Andrea a retravaillé cette matière au montage avec une grande imagination. L’improvisation est porteuse d’espoir, puisque à ce moment-là l’interprète prend le courage de penser pour lui-même, et que si l’on cesse de penser, c’est la porte ouverte à la dictature et à la bêtise." On se souviendra peut-être d’avoir vu Ivry Gitlis dans un autre film, de Michael Lindsay-Hogg et Mick Jagger celui-là. On voyait en effet dans The Rolling Stones Rock’n’Roll Circus (1968) le violoniste entouré de John Lennon, Eric Clapton, Mitch Mitchell, Keith Richards et Yoko Ono! S’agissait-il pour lui d’une tentative de mettre en place un processus de paix entre les musiques classique et populaire? "C’est Brian Jones, des Rolling Stones, qui voulait étudier le violon avec moi, et qui m’a invité à participer à ce film. J’ai accepté avec plaisir, parce que j’adore découvrir de nouvelles musiques et échanger avec d’autres musiciens."

Le NEM, qui terminait l’été aux Rencontres de Musique Nouvelle du Domaine Forget, en a ramené des oeuvres de Nicolas Gilbert et Christopher Trapani, et l’on verra aussi le film de Jean Vigo À propos de Nice, pour lequel l’ensemble interprétera sous la direction de Lorraine Vaillancourt la musique de François Paris.

Le 5 octobre, 20h (précédé à 18h30 du lancement de saison du NEM)
À la Salle Claude-Champagne
Info: 514 343-5636
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