Diane Dufresne : En plein coeur
Musique

Diane Dufresne : En plein coeur

Diane Dufresne se dévoile un peu plus avec le spectacle Effusions, qui fait la part belle à ses dernières chansons: magnétiques, puissantes, intérieures.

C’est Pierre Lapointe qui en parle le mieux, débordant d’enthousiasme: Diane Dufresne, son idole, son icône. On le devine, surtout celle des années 1970, avec Opéra cirque, la folie et la démesure rock, épaulée par Luc Plamondon première époque. Lapointe et Dufresne, deux artistes qui devraient se rencontrer tôt ou tard pour écrire ensemble. Imaginez un peu: "Ce sont des familles, raconte Dufresne au bout du fil. Pierre Lapointe est créatif, il aime la peinture, Robert Lepage. Moi aussi. Mon école, c’est Robert Lepage, Jean Lemire, Hubert Reeves. Je trouve Lapointe très intéressant."

Elle est longue, la carrière de Diane. Elle court sur quatre décennies. Avec Effusions (2007), elle atteint des sommets de… sobriété. La voix s’est calmée, le piano classique prend une part prépondérante dans l’orchestration. Elle rend hommage à André Mathieu. L’univers classique baigne ces chansons. Dufresne est devenue une diva intérieure, plus posée.

Lorsqu’on lui parle de sa trajectoire artistique tout en courbes, elle louvoie: "Je ne me retourne pas vers l’arrière, j’essaie d’avancer. Je suis en train d’écrire un livre, mais ce n’est pas vraiment ma biographie. Mon éditeur français m’a simplement dit: écrivez! Sans souci d’un genre, avec une grande liberté." confie-t-elle. À propos de sa vie de chanteuse, elle dit: "J’ai toujours voulu faire du neuf, un peu casse-gueule. Mais le public a toujours suivi, il a du talent. Il sait déceler celui de l’artiste."

Et du changement, Diane Dufresne n’hésite pas à en introduire sur scène: "Cette fois-ci, c’est plutôt un tour de chant qu’un spectacle. La peinture est intégrée. Dans le programme de la soirée, il y a une page blanche afin que les spectateurs puissent créer quelque chose. Ça peut être des dessins, de la poésie. C’est extraordinaire ce que je reçois, bouleversant. Ça fait quelques shows que je fais, j’en ai des milliers, j’essaie de les intégrer dans les projections sur scène. Je vais monter une exposition avec ça en 2010 pour en faire une oeuvre collective. Ce qu’on ne sait pas, c’est que le public a beaucoup de créativité. On a toujours vu le public comme une grosse masse noire, mais ce n’est pas vrai."

Il existe des torrents qu’on laisse couler. Diane Dufresne s’exprime dans un flot de paroles quasi continu. Allumée. Parfois avec un humour discret. On lui demande quel serait son rêve ultime pour un spectacle, son désir le plus fou. Moqueuse, elle répond: "Un événement fermé aux journalistes, qu’il n’y ait aucun jugement. Qu’il y ait un contact avec le public, que ce soit inspiré par lui, qu’il s’exprime. Aller chercher le talent des gens. Simplifier. J’y arrive petit à petit. Dans les années 70, j’ai essayé de faire un spectacle pour enfants, sans parents. Mais on me trouvait trop capotée, on m’a dit non. C’est sûr que quand tu fais Opéra cirque, que tu dis au monde que tu vas mourir, avec La Main de Dieu sur la masturbation et le gars tout nu sur la scène, on ne t’envoie pas ses enfants… Mais ça aurait été joli. Je suis sûre qu’Opéra cirque aurait plu aux enfants car ils n’ont pas peur de la créativité."

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