Peaches : Douce comme une pêche
Musique

Peaches : Douce comme une pêche

Qui l’eût cru? Peaches a un côté sensible. La preuve: elle chante l’amour, pas seulement la baise, sur son plus récent album, I Feel Cream.

On pourrait espérer qu’à 40 ans, Merrill Nisker, alias Peaches, aurait étendu ses champs d’intérêt à d’autres choses que l’entretien et la promotion de sa libido. Vu que son album s’intitule I Feel Cream, les chances que la nympho electroclash s’adoucisse semblent minces. Pourtant, à l’écoute de l’album, on remarque que la Canadienne exilée à Berlin est un peu plus qu’une accro au sexe, aux sexes et aux grosses beats (ah!).

Peut-être le monde est-il devenu trop sérieux pour les hymnes transgressifs à la chair de la bombe brune? Tout le monde le sait, en période de crise, on devient tous des fans des Beatles ("I want to hold you hand", chantons-nous en choeur). On veut des câlins, pas des orgies. Ce n’est donc pas surprenant que Peaches ait mis un peu d’eau dans son cocktail hypersexuel.

En effet, pour ce quatrième compact, elle ose montrer son côté soft. "D’abord, j’ai décidé de chanter, explique-t-elle de Berlin au téléphone. On ne le sait pas, mais j’ai plutôt une belle voix. Je ne l’exploitais pas dans mes premiers albums parce que ça ne convenait pas à l’énergie forte que je voulais projeter. Le mandat que je m’étais donné n’était certainement pas de faire de la musique jolie et facilement classifiable."

Le joli: elle flirte sur Lose You, où elle chante d’une voix angélique sa dépendance affective. Une première! Bien sûr, Peaches ne s’est pas transmutée en Feist pour autant. C’est toujours l’amour hard avec un grand H qu’elle chante sur des pistes où tout y passe.

Sur I Feel Cream, la superstar trash change de style comme de bas résille. Elle saute du hip-hop au dance pop, mais n’oublie pas ses racines. "Je suis fière d’avoir été une pionnière d’un genre qui est devenu la norme." Pour faire changement, elle s’est entourée de gens bien en vue dans le cercle étroit de la musique branchouille, Digitalism, Soulwax, Samian Mobile Disco et Drums of Death, la crème, quoi! "Je ne voulais pas de guitares dans cet album. Je voulais aller au-delà de l’electroclash. J’avais envie de faire un album dance, de travailler plus sur la mélodie et même l’écriture." Elle a donc prêté ses chansons au jeu du remix en donnant à d’autres les clefs du studio. "En tant que DJ, j’ai fait pas mal de remixes. J’aime ce processus de transformation d’une chanson, de rencontre de deux visions sur le même projet. Alors, au lieu de m’entourer de rockers, j’ai décidé de travailler avec des producteurs, des DJs, des scientifiques fous."

I Feel Cream est enfin la preuve que Peaches a plus d’un tour dans son baise-en-ville. D’ailleurs, la chanteuse précise que son monde ne se limite pas qu’à ses albums et concerts. "Je travaille en ce moment sur une version solo de Jesus Superstar qui va être montée à Berlin, et dans laquelle je vais chanter tous les rôles: Jésus, Marie, Joseph, etc. Je pense même partir en tournée avec ce projet." Les pêches ne tombent jamais loin du péché.

À écouter si vous aimez /
Digitalism, Blondie, Suicide