Richard Desjardins : Le bon gars
Musique

Richard Desjardins : Le bon gars

Richard Desjardins lance L’existoire, son premier album studio depuis 2003, dans une langue toujours entre le poétique et le joualisant, entre classicisme et rébellion.

C’est un Richard Desjardins ponctuel et poli qui nous téléphone pour causer de son dernier-né, un album de chansons qui rejoindra ses fervents mais laissera sans doute de glace les autres. Il faut dire qu’en vingt ans, l’artiste dérange beaucoup moins qu’à ses débuts. Transformé en mythe vivant, en passe de remplacer Gilles Vigneault comme chansonnier officiel du Québec, il est loin le temps des moqueries envers Michel Rivard ou Daniel Bélanger. Désormais, l’auteur réserve sa verve sarcastique aux classes politiques, aux pollueurs. Est-ce qu’il y a encore des gens qui osent critiquer le chanteur? "Je m’arrange pour ne pas être au courant. Je fais ma job et je rentre chez nous", répond-il simplement.

La chanson, selon Desjardins, a changé de vocation depuis les années 60 et 70: "À cette époque, c’était une religion, alors qu’aujourd’hui, tu as de la musique partout. C’est devenu plus une distraction qu’un véhicule. Ça n’a plus l’urgence ni le côté rassembleur que ça avait." Chose certaine, l’artiste Desjardins, lui, rassemble les générations avec ses notes et ses documentaires (un nouveau est en préparation pour l’automne).

Ses colères s’allument lorsqu’on lui parle politique ou environnement. "Je crois toujours à l’indépendance du Québec, mais pas avec cette gang-là! Que ce soit le PQ ou un libéral, c’est la même affaire. Ils donnent tout à la business, et eux autres, ils scrapent tout!"

Pour calmer le jeu, on lui parle de son nouveau réalisateur pour L’existoire. Après Yves Desrosiers pour Kanasuta, voici Claude Fradette.

Le chanteur ne tarit pas d’éloges à son sujet: "J’ai travaillé longtemps avec lui comme musicien. On a fait environ 150 shows. Il est très éclectique, c’est une encyclopédie. C’est lui qui a fait la trame sonore de Gaz bar blues qui a gagné un Jutra."

Par ailleurs, Desjardins a aussi décidé d’inclure une reprise de Mario Peluso sur le CD, le morceau Sur son épaule pour lequel il a craqué. Il reprend également le traditionnel Tous les gens de plaisir, qui le hantait depuis longtemps. Mais la plus grosse surprise, c’est de retrouver ici Moi, Elsie que chantaient déjà Elisapie Isaac et Pierre Lapointe sur leurs albums respectifs, sur une musique de Lapointe. Desjardins, auteur du texte, a préféré offrir une version de son cru, sur sa propre mélodie: "Elisapie m’avait demandé ce texte, mais je n’avais pas eu le temps de faire la musique. Comme elle devait l’enregistrer tout de suite, Pierre Lapointe lui a composé une musique. Mais comme son projet a été reporté, entre-temps, j’avais fait la mienne. J’ai voulu proposer quelque chose de différent."

Dans l’immédiat, il lui reste quelques spectacles symphoniques à présenter. Ensuite, en 2012, il commencera sa tournée pour L’existoire, un titre qui demeure mystérieux, même pour le bon gars.

Richard Desjardins
L’existoire
(Foukinic)
En vente maintenant

À écouter si vous aimez /
Gilles Vigneault, Michel Rivard, les forêts