Georges Nicholson : Le king du Ring
Musique

Georges Nicholson : Le king du Ring

Les secrets du Ring de Robert Lepage seront exposés lors d’une série de conférences. L’érudit Georges Nicholson lancera l’exercice avec une allocution éclairante sur l’oeuvre de Richard Wagner.

S’attaquer au Ring de Richard Wagner est une entreprise audacieuse. Non seulement la tétralogie est considérée comme un monstre sacré dans le milieu de l’opéra, mais l’oeuvre regorge de défis, tant pour le chef d’orchestre que les interprètes. Au total, le compositeur a écrit trois opéras (Die Walküre, Siegfried et Götterdämmerung) et un préambule (de plus de trois heures) intitulé Das Rheingold. Une création gigantesque que Robert Lepage a mise en scène pour le Metropolitan Opera et dont le dernier chapitre sera créé le 27 janvier à New York.

Faire la synthèse de ce scénario, dont les personnages sont légendaires, est fastidieux, et saisir les clés dont regorge la partition est un véritable casse-tête. Georges Nicholson, journaliste spécialisé en musique classique, s’est retrouvé dans l’équipe d’Ex Machina lorsque la boîte a décidé d’accepter ce défi proposé par le Met. À titre de consultant, il a accompagné Robert Lepage et ses partenaires (dont le scénographe Carl Fillion, concepteur de la fameuse structure composée de 24 pales amovibles) afin de les éclairer dans ce labyrinthe musical. "Je me suis retrouvé dans cette équipe, entouré de Robert, des scénographes, des concepteurs vidéo et des éclairagistes, se rappelle Nicholson. Je m’attendais à ce qu’on soit trois ou quatre autour d’une table pour discuter. Mais non, tout le monde était là. Lors de la première réunion, je crois qu’il y avait 30 personnes autour de la table! C’est la dynamique d’Ex Machina et c’est vivant!"

"Robert ressuscite la vieille histoire, précise-t-il. Il fait un film, du théâtre et de la magie. Il a créé avec ses partenaires un monde d’illusions. Nous ne sommes plus au théâtre, nous ne sommes pas à l’opéra, nous sommes dans la tête de Richard Wagner et on voit tous ces tableaux qu’il a imaginés à mesure que la musique se fait entendre. Si on prend en considération le soin et la précision de cette mise en scène qui sert avant tout le texte, c’est exceptionnel!"

Le journaliste nous présentera un exposé sur le Ring et partagera son expérience au sein d’Ex Machina avec nous lors d’une conférence intitulée Le Ring pour les nuls. Un premier chapitre sur quatre au total (Le Ring au XXIe siècle, Les visions du Ring et Le New York des artistes) qui auront lieu au Musée de l’Amérique française du mois de janvier au mois de mars. Pour Nicholson, la motivation principale de cette conférence est de faire comprendre au public qu’on ne peut assister à un opéra du Ring (au Met ou au cinéma) sans avoir fait au préalable ses devoirs. C’est impératif, il faut saisir l’histoire et se familiariser avec les procédés de composition de Wagner, qui sont représentés par des leitmotive. "Le Ring est une oeuvre monumentale, et le concept est révolutionnaire, souligne-t-il. Tout créateur de génie est aux prises avec le complexe de Dieu: créer à partir de rien. C’est tabula rasa! Vous prenez un verre de cristal, vous le frappez et vous écoutez… L’or du Rhin débute avec un mi bémol, et à partir de cette note le compositeur expose un procédé harmonique qui devient le thème principal. Tous les leitmotive s’enchaînent à partir de cette idée. C’est un schéma composé de 190 à 200 thèmes qui vont se répondre, s’emboîter et se succéder. C’est monstrueux!"