Trevor Dunn et John Zorn / FIMAV : L’énigmatique M. Zorn
Le bassiste Trevor Dunn nous livre quelques secrets sur l’univers créatif du compositeur John Zorn. Un labyrinthe musical.
Comment faire pour se retrouver dans le raz-de-marée de compositions que nous offre le compositeur (et saxophoniste) John Zorn? Travaillant à un rythme acharné, ce gourou new-yorkais de la musique d’avant-garde n’en finit plus de multiplier les projets depuis les années 80. En fait, on ne se pose plus vraiment la question; on se contente de regarder l’imposant catalogue discographique de l’artiste (sur étiquette Tzadik) et de piger dedans lorsqu’on est interpellé par une thématique quelconque.
Le FIMAV aura la chance d’accueillir John Zorn cette année avec deux projets encore au stade de la création. Nova Express (inspiré de l’oeuvre de William S. Burroughs) et The Concealed réuniront sur une même scène les John Medeski, Mark Feldman, Joey Baron, Kenny Wollesen, Erik Friedlander et Trevor Dunn. Tous des musiciens qui gravitent autour du compositeur depuis des lustres et qui sont familiers avec l’univers sonore éclectique qui berce ses oeuvres.
Le bassiste et contrebassiste Trevor Dunn (Masada Electric, Mr. Bungle, Fantômas, Secret Chiefs 3, Tomahawk) est formel sur le contexte de travail qui entoure ces deux créations: pas question de tricher, tout le travail se fera lors du festival, pas avant. "Nous n’avons jamais joué ou répété ces compositions, alors je ne sais pas à quoi m’attendre. Nous aurons l’occasion de nous rencontrer à Victoriaville et d’en parler avec John avant les concerts. On pourra sans doute se permettre une première lecture pour étudier la forme et le caractère des compositions. Nous baignons dans le mystère!" avoue-t-il en riant.
L’interprète souligne aussi qu’après toutes ces années, une forme de synergie a pris forme au sein du collectif. Chaque membre est un musicien chevronné et on ne compte plus le nombre de projets auxquels ils ont pu être associés. "On se connaît bien, on connaît aussi le vocabulaire de la matière musicale que l’on va interpréter. C’est une langue polyglotte, si tu veux! Cette fois-ci, avec Nova Express et The Concealed, je crois qu’on va parfois retrouver la dynamique et l’esprit de Bar Kokhba: des solos, des duos ou des quintettes."
Prenant une pause de son nouveau groupe rock MADLOVE et des autres projets de composition qui l’accaparent, ce prodige de la basse et fondateur, avec Mike Patton, de Mr. Bungle en 1986 retrouve une communauté artistique, un club sélect dont il ne pourrait se passer. L’élément catalyseur est bien sûr Zorn lui-même, et personne ne se pose de questions lorsque l’occasion se présente de retrouver le grand manitou à la direction. "C’est le plaisir de rencontrer une bonne équipe et c’est toujours une expérience intense. Avec John comme chef d’orchestre, on est sur le cran d’arrêt, toujours alertes et sur le qui-vive. Sans compter qu’on doit regarder John constamment et être prêts dès qu’une nouvelle consigne est communiquée! L’énergie qui se dégage de ces prestations est unique et instinctive, c’est live et ça sonne live! Après le concert, l’adrénaline descend et on est épuisés!"