Sèxe Illégal : Rock ma vie
Sèxe Illégal lance pendant le Zoofest 40 ans dans l’chant, une anthologie de ses meilleurs succès. Voir a rencontré les rockeurs au petit matin.
Une grosse vingtaine de minutes après 10 heures, Sèxe Illégal finit par daigner se pointer, en retard, sur la terrasse du café où le duo nous a donné rendez-vous. Leurs verres fumés peinent à camoufler les mines patibulaires – "gueuledeboisées" serait l’adjectif juste – qui les précèdent. Peu importe la réputation de rockeurs décadents à alimenter, ce sera jeûne ce matin: pas de bière ni de vodka pour les vedettes en costards. Paul Sèxe commande un jus de pomme, Tony Légal, un smoothie "à toutes les fruits". La serveuse modère pour l’instant ses transports, mais ne laissera pas les deux dégénérés repartir sans s’être fait autographier la poitrine (le quotidien du duo).
"La nuit a été difficile", avoue Légal, qui refuse de donner des détails. "Je ne comprends pas pourquoi les gens se réveillent le matin, je regrette de l’avoir fait aujourd’hui. J’ai mal, j’ai chaud, je commande des smoothies pour essayer de pallier la douleur. Je ne crois pas que ça va être efficace."
Rencontrer des journalistes aussi tôt, c’est la rançon de la gloire pour les deux musiciens qui tentent de noyauter le conformiste milieu de l’humour depuis leur participation au concours En route vers mon premier gala Juste pour rire et qui lancent, lors d’une série de concerts "full band" présentés pendant le Zoofest, une première anthologie, 40 ans dans l’chant, la substantifique moelle de leurs 13 précédents "longs-jeux". "J’étais au départ contre l’idée d’une compilation", confie Sèxe sur ce ton d’ado léthargique qu’on lui connaît. "On ne voulait pas que les gens pensent que les autres affaires sont pas bonnes. C’est The Edge qui m’a convaincu en me disant: "Tsé, le public, c’est des hosties d’épais, faut que tu leur donnes des affaires prémâchées.""
Rarement aura-t-on interviewé des artistes aussi transparents quant à leurs ambitions bassement pécuniaires. Pressés de justifier leur participation à un festival d’humour, les rock stars expliquent: "La musique, ça ne pogne pas au Québec. Regarde comment Kaïn s’habille, c’est clair que ça n’a pas une cenne, ce monde-là. Les humoristes, eux, ils font de l’argent. Gilbert Rozon a des têtes de loup en diamant aux doigts! Les spectateurs sont aussi ben impressionnables en humour, ça applaudit pour fuck all, ça se lève. On leur crie après et ils pensent que c’est un sketch, qu’on joue des personnages."
Malgré leur attitude condescendante et leurs déclarations incendiaires, les gars de Sèxe Illégal sont d’accord avec les critiques musicaux, nombreux à relever la filiation entre le duo et le trio Paul et Paul. "Eux, c’était plus country-bluegrass. Mais l’essence du rock se trouve dans le country, donc c’est difficile de renier l’influence, concède Sèxe. En plus, ils avaient des habits. Les habits, je trouve ça swell!"
Un dernier commentaire avant de retourner au pieu, messieurs? "Avec toutes les récentes arrestations, on a beaucoup de difficulté à trouver de la poudre de qualité à Montréal… Ce serait-tu possible que la police s’occupe du monde corrompu en politique au lieu d’arrêter nos dealers?"