Patrick Watson et l'OSQ : Aventure avec votre propre orchestre
Classique

Patrick Watson et l’OSQ : Aventure avec votre propre orchestre

Il n’y a peut-être pas de meilleure façon de découvrir l’univers de Patrick Watson qu’avec un orchestre symphonique. Le meilleur des deux mondes.

Après avoir embauché durant une tournée européenne des musiciens qui étaient membres de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam, Patrick Watson et son groupe ont été invités à donner un concert en 2011 avec le vénérable ensemble. Pas une petite affaire! Watson explique: «Les arrangements sont de Jules Buckley, un Anglais qui est juste un peu plus vieux que moi, 35-36 ans, et qui est très flyé! Il a une grande écoute et beaucoup de talent, alors c’est facile de lui demander que ça sonne comme ceci ou comme cela et je me trouve vraiment gâté d’être en équipe avec quelqu’un d’aussi généreux.» Ces concerts ne sont pas simplement ceux d’un artiste pop accompagné par un orchestre symphonique; il y a une respiration entre le grand orchestre et le petit (le groupe de Watson), et les deux mènent la danse chacun leur tour. Le musicien commente: «Techniquement, c’est très difficile. La façon de compter les temps du chef est assez obscure…» Il éclate de rire. «L’orchestre réagit après le compte. Notre première répétition a été un désastre total! J’avais envie de vomir tellement j’étais confus. Quand on joue entre nous, on peut faire ce qu’on veut et on se suit sans problème, mais là, on ne peut rien changer.»

L’orchestre interprétait aussi de courtes œuvres du répertoire entre les séquences avec le groupe: «J’ai demandé au chef de choisir des pièces de compositeurs qui m’inspirent. Je voulais au moins un Debussy et, en général, plutôt de la musique contemporaine que du Mozart ou du Beethoven… La musique que je préfère est celle du début du 20e siècle, jusqu’à 1930, 1940… J’aime aussi Steve ReichArvo Pärt et Henryk Górecki, mais ce que j’aime surtout, c’est la fin de la période romantique, le début de l’impressionnisme; après, ça devient trop conceptuel.»

En juillet dernier, Watson et son groupe ont recommencé l’aventure avec l’Orchestre national d’Île-de-France et un programme renouvelé: «Ah oui, ça s’est très bien passé et il y aura encore quelques petits changements pour le concert avec l’OSQ. On se demande un peu s’il y aura de nouvelles pièces… Parce qu’on est actuellement en train de retravailler le son du groupe, le prochain disque va être assez différent, alors actuellement on est un peu pris entre notre set-up pour jouer les “vielles” pièces et celui des prochaines…» Est-ce qu’il y aura un orchestre symphonique sur le prochain disque? La réponse est hésitante: «Euh… on n’est pas rendu là. En fait, on est vraiment au début encore, mais on essaie de sortir de notre style habituel. Aussi, ça coûte très cher d’enregistrer un orchestre… C’est pourquoi on est très chanceux de pouvoir jouer avec de tels musiciens, c’est vraiment un honneur pour nous.»

Il y a sans doute pas mal de gens qui découvriront la musique orchestrale grâce à Patrick Watson. Il commente: «Je trouve ça incroyable que les gens ne sortent pas plus souvent pour aller à l’orchestre parce que c’est quand même un son vraiment imbattable. En même temps, il y a cette image conservatrice autour de tout ça qui rebute beaucoup les gens. Les compositeurs que jouent les orchestres n’étaient pas des gens straights… On voudrait nous faire faire des photos en tuxedo pour ces concerts, mais non, ce n’est pas ça! Ça n’a rien à voir avec la musique…»

L’inspiration de Watson sera certainement colorée par ces aventures symphoniques: «C’est sûr que de chanter Beijing avec un orchestre symphonique, c’est l’un des plus forts moments de ma vie musicale. C’est un rêve, et on découvre finalement comment ces pièces devaient être entendues!» Et ça, vraiment, ça vaut le détour!

Patrick Watson avec l’OSQ (sous la direction de Stephane Laforest)

Les 7 et 8 novembre à 20h

Au Grand Théâtre de Québec