Gazoline : Le rock n'est pas un sot métier
Musique

Gazoline : Le rock n’est pas un sot métier

Véritable machine à citations, Gazoline donne aussi allègrement dans la fabrication de tubes pop pas piqués des vers qui carburent au rock carré. Entrevue via Skype avec le trio, en direct de son local de répétition.

En 2012, alors que Gazoline faisait paraître son premier EP, le chanteur et bassiste de la bande, Xavier Dufour-Thériault, confessait sans pudeur son amour pour l’icône du rock Prince. Deux ans plus tard, tout indique que cet amour de jeunesse n’avait rien d’un flirt: «J’en écoute toujours autant. Là où Prince m’avait accroché, c’était avec son côté très cru et ultra-choquant et subversif, mais dernièrement, il m’a fait allumer sur ce qu’il y avait de plus cheesy dans sa musique, le côté eau de rose et très romanesque. En plus de ça, il m’a guidé vers des trucs encore pires, comme Britney Spears et Boyz II Men. Reste que je suis encore dans cette quête de la parfaite musique pop.»

À l’écoute du premier album homonyme de Gazoline, qui sera dans les bacs le 25 mars prochain, cette quête vers la parfaite musique pop se traduit par une série de titres sans compromis qui risquent fort bien d’amener le groupe vers un large auditoire. «Moi, j’ai pas de papiers, de remarquer Xavier. Ma job, c’est musicien. C’est juste ça. J’ai pas le goût de me dire que je vais faire de quoi de facile ou quelque chose pour que le monde trashe ou sinon des trucs pour que le monde se saoûle en écoutant ma musique. Je veux faire de quoi de câlissement bon et je pense qu’on veut tous faire ça dans le band. On s’est engagés à faire de la musique et on ne veut pas être dans ceux-là qui font des shows pour que les gens se saoulent vraiment. On n’est pas Dance Laury Dance, genre. On veut faire des osties de bonnes tounes parce qu’on a décidé d’être des estis de bons musiciens.»

Depuis la sortie du EP Futur Baby Mama, le trio a fait bien du chemin. Le groupe a quitté son Saguenay natal pour s’installer à Montréal, et sa deuxième position aux Francouvertes en 2012 lui a valu une solide réputation dans le milieu. «Avec les Francouvertes, on a gagné pas mal d’expérience, d’expliquer le guitar hero Jean-Cimon Tellier-Dubé. Y a aussi le fait que sur la route, quand tu vas dans des coins où personne ne te connaît, tu finis par voir ce qui marche plus et ce qui est le plus le fun à présenter. Ça a aussi paru dans l’exécution du nouvel album. On est beaucoup moins dans les gros riffs de blues et les solos de guitare. Je te dirais que c’est plus robotique. Ça fait plus partie de la direction qu’on a prise. Y a un petit côté Bloc Party et super carré.»

Cette évolution dans le son, Gazoline le doit à un travail acharné, mais aussi à une équipe à faire rougir d’envie bien des musiciens. Non seulement le trio peut-il compter sur la collaboration de Ryan Battistuzzi en tant que coréalisateur, mais en plus, c’est nul autre que Xavier Caféïne qui complète la paire à la réalisation. «Caféïne, je le trouve capotant, de commenter l’autre Xavier. Tsé, c’est mon coloc. J’habite avec lui. C’est un de mes best buddys et, pour te dire, on écoute La Voix ensemble. Il m’a beaucoup appris avant que je le connaisse, et encore aujourd’hui, c’est un gars très généreux. Je comprends ce qu’il fait, et chaque fois, je me dis que j’aurais dû y penser avant. Il sait ce qu’on veut faire et on travaille juste pour faire l’album qui coïncide avec la vision qu’on avait tous ensemble. En fait, il existait déjà cet album-là, et on veut juste tous se rendre vers là.»

Sinon, notons aussi la présence dans l’entourage de Gazoline d’un artiste dont la réputation n’est plus à faire: John Londono. Ce dernier a participé à façonner la facture visuelle du groupe et son travail sera notamment mis en vedette lors de la sortie à la fin mars du clip qu’il a signé.

On pourrait maintenant croire que le groupe se prépare à grimper définitivement dans l’autobus du show-business, mais les musiciens se gardent toutefois une petite gêne en remettant les choses en perspective. «Il y a trois semaines, j’étais chez mes parents et ils ont comme une femme de ménage, de raconter Jean-Cimon. Alors la femme de ménage me demande ce que je fais à Montréal. Je lui réponds que je suis parti rester là pour faire de la musique, et là, en me regardant dans les yeux, elle me répond qu’il n’y pas de sot métier.»

Quant à Xavier, celui-ci conclut en rappelant son acte de foi envers le rock. «C’est sûr que c’est pas payant faire de la musique au Québec, mais de toute façon, pour moi, j’ai comme l’impression qu’il est trop tard. Je suis comme engagé là et, au pire, on va faire une bonne Musicographie dans quarante ans: le groupe dont tout le monde s’est tué après un flop retentissant.»

Gageons que Gazoline n’en est même pas à la deuxième pause publicitaire de sa musicographie. 

 

Gazoline

(L-Abe)

Disponible le 25 mars

gazolinerock.com